LE FABRICANT SUD-CORÉEN DE MÉMOIRES SE DONNE TROIS ANS POUR METTRE EN PLACE QUATRE ACTIONS VISANT À RÉDUIRE SON EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE. POUR ACTIVER L’OPÉRATION, IL FAIT APPEL AUX INVESTISSEURS, AUJOURD’HUI TRÈS FRIANDS DE CES INITIATIVES ESG.
Deuxième plus grand producteur mondial de mémoires Dram et flash Nand derrière son compatriote sud-coréen Samsung Electronics, SK Hynix mise sur les engagements éthiques pour assurer son expansion. L’entreprise a présenté en janvier dernier un vaste plan environnemental, social et gouvernemental (ESG) avec 2030 pour horizon, dont un emprunt d’un milliard de dollars sous forme d’obligations vertes, financera quatre projets à portée écologique.
En plein essor depuis 2016, les obligations vertes s’appuient sur des emprunts à revenus fixes, visant à financer des projets contribuant à la transition écologique, avec une visibilité détaillée sur les moyens mis en œuvre. Une intention louable, mais qui manque encore d’un cadre international définissant ce qui mérite vraiment SK Hynix d’être considéré comme vert, et qui demande à chaque investisseur de s’impliquer fortement dans les projets qu’il soutient. Dans le cas de l’industrie des semi-conducteurs, généralement mal vue pour son lourd impact environnemental, le champ des possibles s’avère large. SK Hynix va ainsi se pencher sur la gestion des eaux entrantes et rejetées, la performance énergétique de son parc informatique, le contrôle des polluants et la création de parcs naturels.
MOINS CONSOMMER, MOINS POLLUER
La première destination des fonds empruntés sera donc le traitement des eaux. De fait, la production de semi-conducteurs consomme cette ressource en grande quantité et engendre un rejet d’eaux usées chargées en produits toxiques. Pour le projet « contrôle durable de la qualité de l’eau », SK Hynix prévoit d’investir dans la modernisation et l’augmentation de ses installations de recyclage de l’eau et de ses stations d’épurations. Dans la foulée, et pour redorer son image localement, l’entreprise compte participer à l’approvisionnement en eau potable des populations voisines de ses sites de production et commerciaux.
Le deuxième volet de l’investissement, nommé « amélioration de l’efficacité énergétique », concerne le déploiement de solutions moins énergivores, et donc responsables de moins d’émissions de gaz à effet de serre, pour tous les équipements informatiques. À commencer par les disques SSD ayant vocation à remplacer les disques durs HDD, avec une consommation d’électricité inférieure de 94 %. Un développement logique pour le Sud-Coréen, gros fournisseur de puces flash Nand pour disques durs SSD et qui vient de racheter la branche SSD/ Nand d’Intel. SK Hynix estime qu’en remplaçant tous leurs disques durs par des modèles SSD à faible consommation, les data centers du monde entier réduiraient leurs émissions de gaz à effet de serre de plus de 40 millions de tonnes d’ici à 2030.
« Les obligations ESG liées au domaine social et à la gouvernance sont plus difficiles à quantifier que la partie environnementale. » Jae Han Park, responsable technique de la solution financière chez SK Hynix
La troisième partie du plan revient sur la question des polluants environnementaux, et notamment les oxydes d’azote. La solution envisagée par ce projet « prévention de la pollution » passe par la mise en place d’un système d’analyse visant à repérer en amont la présence de substances nocives dans les matières premières.
Pour finir, la « création d’un environnement écologique » projette l’édification de plusieurs parcs écologiques, destinés, d’une part, à accueillir et conserver des écosystèmes terrestres et aquatiques, et d’autre part à fournir des activités de loisirs aux habitants des environs. Avec une fonction bonus : abriter un réservoir de récolte et stockage d’eaux pluviales, pouvant être aménagé rapidement en un dispositif apte à réceptionner les eaux usées en cas de fuite.
Si ces obligations ont une échéance de dix ans, la société s’en donne trois pour mener à bien ces quatre grands chantiers écologiques. Ce faisant, elle travaille bien sûr sa communication, mais elle alimente aussi sa croissance organique, dans le prolongement de son implication dans la transition énergétique internationale. Car l’entreprise fait partie du groupement RE100 (elle est même la première sud-coréenne à l’avoir rejoint), dont le but est d’atteindre une électricité 100 % verte. Et les investisseurs semblent la suivre, si l’on en croit leur demande massive en début d’année de ces obligations vertes, qui a fait passer l’opération de 500 millions de dollars prévus au démarrage à 1 milliard de dollars.