Vague de froid au Texas : dégel des activités, premiers griefs et bilans

Le 07/05/2021 à 0:00 par La rédaction

LA TEMPÊTE URI QUI A FRAPPÉ LE TEXAS EN FÉVRIER DERNIER A DUREMENT TOUCHÉ LES CITOYENS ET LES INDUSTRIELS, DONT LES FABRICANTS DE PUCES SAMSUNG, NXP ET INFINEON. LA RÉOUVERTURE DE LEURS USINES LAISSE ENTREVOIR DES CONSÉQUENCES QUI, SELON CERTAINS, AURAIENT PU ÊTRE ALLÉGÉES...

Inédite, la récente vague de froid texanne a forte-ment mis à mal le réseau électrique, incitant le fournisseur local d'électricité Austin Energy à demander aux industriels de cesser leurs activités, primauté étant accordée aux services essentiels et aux citoyens. Opérations d'urgence terminées, retour à la normale et connaissance de l'impact industriel et financier se font désormais jour chez NXP, Samsung et Infineon, avec des répercussions évidentes sur la production mondiale, déjà entachée par la pénurie de semi-conducteurs.

La situation chez le triumvirat est la suivante : Samsung Electronics – d'après le média Digitimes – a avisé ses clients que la production de ses disques durs SSD à interface PCI Express était perturbée par un approvisionnement limité en puces de contrôleur (soit 75 % du volume total des contrôleurs mémoires Samsung), la production ne devant pas se rétablir avant mai, « selon des sources du marché ». Le cabinet de conseil TrendForce pointe la ligne S2 de l'usine du fondeur, offrant une capacité mensuelle représentant environ 5 % du total mondial. Même planifiée, la coupure de courant devrait grever de 1 à 2 % du potentiel mondial de fonderie de wafers de 12  pouces. Le Taiwanais ajoute que les procédés 14 et 11 nm sont majoritaires dans celle-ci, les autres procédés s'étalonnant de 65 à 28 nm. Rappelons que l'usine produit pour Qualcomm, Samsung System LSI, Tesla ou encore Renesas.

Uri a été déclarée « catastrophe majeure pour le Texas ».

Fermée depuis le 15  février, l'usine NXP a rouvert ses salles blanches le 27  février pour réparer les dommages. NXP a estimé à un mois la perte de production de ses deux sites de fabrication. « Nous progressons de manière significative dans la mise en œuvre de notre plan de redressement visant à ramener les usines de fabrication de plaquettes aux niveaux de production antérieurs à la tempête », a déclaré Kurt Sievers, son P.-D.G. L'impact financier se situerait davantage au 2 e   trimestre qu'au 1 er  trimestre, avec 100 millions de dollars estimés.

INFINEON ROMPT LE SILENCE

Enfin, silencieux jusqu'au 19 mars, Infineon a annoncé via Jochen Hanebeck, son directeur des opérations, que « sur la base de nos dernières évaluations, l'impact limitera notre capacité à répondre pleinement aux besoins de nos clients. Nous continuons de fournir des mises à jour aux clients concernés. Pour la plupart des catégories de produits d'Austin, nous prévoyons d'atteindre les niveaux de production d'avant l'arrêt en juin 2021 ». En outre, « la récupération du volume de production perdu ne sera pas possible ». Le communiqué ajoute que « l'impact majeur sur le chiffre d'affaires d'Infineon lié à cet incident est attendu au 3 e trimestre de son exercice 2021, de l'ordre d'un montant élevé à deux chiffres en millions d'euros. Compte tenu de la situation générale des affaires et de la forte demande mondiale de microélectronique, Infineon n'anticipe aucun impact négatif sur les prévisions globales de chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'exercice ».

« UNE DÉCISION DÉCEVANTE »

Ces conséquences néfastes auraient pu être atténuées, selon Ed Latson, P.-D.G. de l'Austin Regional Manufacturers Association, la voix des fabricants locaux. Dans un éditorial du 8 mars, il s'insurge contre Austin Energy, ayant aggravé cette crise : « […] alors que le réseau électrique de l'État continuait de s'épuiser, les semi-conducteurs locaux ont été complètement coupés par Austin Energy, forçant un arrêt brutal ; une décision décevante qui a entraîné des milliards de pertes économiques en raison de l'arrêt de la production, des dommages aux équipements et des problèmes d'installations. Si Austin Energy avait permis à ces entreprises de tourner au ralenti, leurs pertes auraient été minimes. Une usine de semi-conducteurs n'est pas comme nos maisons ou même d'autres usines qui peuvent simplement basculer un interrupteur pour recommencer de manière transparente ».

Dans un monde où les changements climatiques deviennent récurrents, cet avis sera-t-il de nature à faire office de jurisprudence pour les temps prochains ?

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