Un vent nouveau souff le chez Éolane

Le 08/03/2021 à 0:00 par La rédaction

PRÉSENT SUR LES PRINCIPAUX MARCHÉS, LE SOUS-TRAITANT ÉOLANE EST L'UN DES ACTEURS MAJEURS DU PAYSAGE ÉLECTRONIQUE FRANÇAIS ET MONDIAL. SON PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE, HENRI JUIN, S'EST CONFIÉ SUR L'ANNÉE ÉCOULÉE, LES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT ÉRIGÉES POUR 2021 ET LES FUTURES ANNÉES D'UNE SOCIÉTÉ PORTÉE PAR UN VENT DE TRANSFORMATION.

Eolane a certes connu des vents contraires, imposant il y a 18  mois un plan de restructuration. Comme beaucoup d'autres, la société n'a pas été épargnée par le Covid-19, auquel est venu s'ajouter une attaque informatique ainsi que la fermeture du site de Montceaux-les-Mines (Saône-et-Loire). Cependant, selon Henri Juin, l'année 2020 a été marquée par « un rebond en termes de qualité et de satisfaction client, ainsi que le retour à une rentabilité “raisonnable” ». Concernant les premiers mois de la crise sanitaire, il revient sur le fait d'avoir été contacté par le consortium Air Liquide Medial Systems pour fabriquer des respirateurs artificiels pour le gouvernement : « Éolane a été considéré comme une entreprise essentielle, et cette reconnaissance de notre métier est une fierté pour toutes les équipes ». Au climax de la crise, il y a eu pénurie de masques, mais aussi pénurie de composants ; le sous-traitant a dû jouer sur plusieurs tableaux à travers ses contacts pour trouver des composants afin qu'Air Liquide puisse produire ses respirateurs. Selon lui, Éolane a contribué à apaiser la pénurie « grâce notamment à notre technologie, l'engagement des équipes, l'agilité de notre recherche et développement pour redesigner de nouvelles cartes électroniques en un temps record ».

Henri Juin se félicite également de la solidarité ayant animé les différents sites du groupe : « En janvier 2020, notre directrice Chine nous avertit que, sans masques, les usines sont contraintes de fermer leurs portes. Les douze autres sites Éolane se sont alors mobilisés pour envoyer 10 000  masques à la Chine. En février, alors que le Coronavirus arrive en France, c'est le mouvement inverse ; la Chine nous envoie 50 000 masques en une semaine. Nos salariés ont développé à cette occasion le sentiment d'appartenance au groupe. »

Henri Juin, président du directoire Éolane

« UNE BONNE ANNÉE FINANCIÈRE »

L'autre bilan de l'année concerne le télétravail, qui a accéléré certaines transformations, abolissant les distances pour les métiers indirects, reconsidérant alors la notion d'appartenance à un seul et unique site. Prenant l'exemple de la chaîne logistique, Henri Juin a salué l'apport du télétravail en termes de productivité, « la force d'être multisites, [mais également le fait] d'être une entreprise globale capable avec sa résilience de supporter des hausses de charges et de développer des services à la hauteur du groupe ». Et d'ajouter : « Sans pour autant les sous-estimer, ces éléments nous ont fait oublier les événements passés et nous ont fait passer à une autre façon de nous voir, d'agir, d'oser, et d'imaginer notre futur. » Finalement, 2020 aura été une bonne année financière, car la société aux 2 500 salariés a réalisé un chiffre d'affaires de quelques 300 millions d'euros, avec un EBITDA 2020 (résultat opérationnel avant provisions et amortissements) de 25 % supérieur aux prévisions, soit environ 11 millions d'euros.

« Notre chiffre d'affaires est d'environ 50 millions d'euros en Chine […]. Nous avons la capacité de doubler notre chiffre d'affaires sur un marché énorme, agile, car nous assistons là-bas à un rebond depuis septembre 2020. »

LE PLAN ALIZÉS 2025

Cependant, il a été constaté que les capacités de développement n'étaient pas optimisées, avec une couverture commerciale du groupe insuffisante (1/5 e du marché français, selon Henri Juin). Le groupe va donc déployer un plan de développement, de recherche et d'investis-sement baptisé Plan Alizés 2025. L'objectif est l'exploita-tion intégrale des sites hexagonaux à travers les secteurs couverts. Henri Juin estime en effet que le « fait d'être multisectoriel suppose de spécialiser chaque site avec trois ou quatre  secteurs commerciaux pérennes, afin justement de ne plus dépendre exclusivement d'un secteur, voir les aléas que rencontrent aujourd'hui l'automobile et l'aéronautique ». Alizés 2025 nous renvoie de nouveau à l'expérience du télétravail, et de ses apports potentiels pour les clients et les fournisseurs, avec une notion de proximité tant physique que virtuelle. Elle passe par un investissement massif, afin d'uniformiser le système informatique interne : « La digitalisation rend les process plus fiables et plus rapides […]. Cela contribuera à nous positionner en tant que société de services auprès de nos clients. Ils iront vers les sociétés les plus structurées, c'est-à-dire plus certifiées, bénéficiant d'une main-d'œuvre qualifiée et locale, proches de leurs marchés, qu'ils soient français ou internationaux, car nous sommes présents sur quatre continents. »

SIGNATURES DE DEUX GROS CONTRATS INDUSTRIELS

À la question des secteurs prioritaires, de ceux présentant des potentiels de croissance particuliers, ou bien de ceux relevant de la souveraineté nationale, Henri Juin estime être déjà bien présent pour les derniers cités : défense, énergie nucléaire, transport public, etc. Il pointe néanmoins une présence moindre dans l'industriel représentant une part importante du marché hexa-gonal. Elle est amenée à se renforcer très prochainement, puisque « nous venons […] de remporter deux très gros contrats encore confidentiels dans ce secteur. Le premier de l'ordre de 30  millions d'euros, le second de l'ordre de 10 à 15  millions d'euros. » Concernant les potentiels de croissance, il précise : « Nous sommes déjà très présents dans les domaines de la santé et des énergies renouvelables, tous deux en fort développement ; nous participons à la fabrica-tion des bornes électriques de dernière génération ».

Avec ce plan Alizés 2025, Éolane ambitionne générer à terme environ 500  millions d'euros de chiffre d'affaires, par des jeux de croissance interne et d'acquisitions, chacun à hauteur de 100 millions d'euros. Parmi les acquisitions, le plan prévoit une quarantaine de millions d'euros pour la Chine : Alizés 2025 prévoit également 60  millions d'euros de chiffre d'affaires pour la France, avec une mention spéciale pour l'aéronautique, un secteur où le groupe est très peu présent : « Il s'agit d'un domaine aujourd'hui en difficulté, mais nous sommes convaincus qu'il va repartir ; nous sommes donc plutôt ouverts pour des acquisitions dans ce domaine, par essence plutôt localisées dans la région Sud-Ouest. Nous souhaiterions également nous renforcer dans le Nord et l'Est de la France, des zones fortement industrialisées où nous sommes également peu présents. »

« JE SUIS MALGRÉ TOUT ASSEZ OPTIMISTE »

Sur un plan plus général, lorsque nous lui demandons d'évoquer la sous-traitance électronique française en 2021 et son devenir, le président du directoire d'Éolane répond que « la part de la France dans la production industrielle mondiale est de 2,8 %, elle n'est que de 0,7% dans l'électronique […]. Certes, des pans de l'industrie liés aux télécoms ou à l'informatique sont peut-être à jamais tombés dans le giron asiatique, mais les donneurs d'ordres français n'exploitent pas en totalité le potentiel industriel de la sous-traitance électronique […]. La sous-traitance électronique effectue actuellement des remises en cause, afin de se moderniser, d'améliorer sa digitalisation et d'innover davantage. Ce sont les entreprises efficaces dans ces domaines-là qui feront la différence, et je pense que nous verrons l'industrie de la

sous-traitance électronique bien redémarrer en France dans les prochaines années. »

Quel est le mot de la fin, en terminant par Éolane ? « Il faut rester humble, surtout dans la position d'un sous-traitant. Je suis malgré tout assez optimiste. Je vois toujours dans une crise la naissance d'une opportunité. Nous avons, chez Éolane, plutôt été bien servis en matière de crise, mais de manière naturelle, cela crée beaucoup d'opportunités que nous saisirons. »

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