Thierry Fernandez (LEA) : « Profitez de Linux sans arrière-pensée ! »

Le 01/05/2002 à 0:00 par Fabien Hantzer

Pour une application enfouie telle que la passerelle ADSL de LEA, le choix du système d'exploitation est fonction du microprocesseur implanté au cœur du boîtier, en l'occurrence un contrôleur de réseau d'architecture Mips de Nec. Ce dernier a été sélectionné pour ses périphériques, car ils correspondent exactement à nos besoins : deux ports Ethernet, un port USB et surtout une interface Utopia ; c'est via cette interface en effet que le contrôleur se connecte au jeu de circuits ADSL inclus dans le boîtier. Le système d'exploitation doit gérer tous les pilotes de périphériques, une variété de protocoles de réseau ainsi que des fonctions de pare-feu et de traduction d'adresse Ethernet (NAT). A cet égard, force est de constater le dynamisme de la communauté Linux qui met à la disposition de tous les concepteurs un formidable réservoir de piles, pilotes et fonctions de toutes natures. Cela nous donne une grande autonomie car nous savons que nous ne serons jamais bloqués par l'absence d'une fonction. En revanche, il faut compter avec la nécessité de transformer ce code source, souvent très générique, en un code optimisé et testé pour notre cible, dans la perspective d'une production en volume ; ce qui peut représenter une contrainte pour une société de notre taille. La solution existe, sous la forme d'une collaboration avec MontaVista, société spécialiste de Linux qui se charge de la préparation et du test d'une configuration de l'OS correspondant à notre cahier des charges. Nos ingénieurs logiciels peuvent ainsi se consacrer à la partie spécifique de l'application, c'est-à-dire au code de l'interface utilisateur qui sert à configurer le boîtier.

Ainsi, nous nous concentrons sur nos produits et nos innovations, et nous confions à MontaVista, moyennant souscription, l'intégration des composants logiciels, la maintenance du package obtenu et la mise à jour de ses sous-ensembles. Cette répartition du travail semble optimale : seul un spécialiste de l'OS a les ressources nécessaires pour faire face à la découverte d'un bogue par exemple, et à la brusque montée en charge que cela suppose.

Jouer le jeu du source libre

Pour nos développements propres, nous nous astreignons à tout réécrire à partir de rien, sans reprendre aucun élément de code ni aucune bibliothèque disponible en source libre (que ce soit dans le monde Linux ou Unix). C'est un petit effort à faire afin de conserver la propriété intellectuelle de notre interface utilisateur. Nous apprécions aussi le fait de ne pas avoir de royalties sur le noyau et les piles logicielles de base. Le revers de la médaille est que les développements que nous contribuons à financer, pour le portage du noyau et des pilotes sur le composant Nec par exemple, finiront dans le domaine public… Mais cela fait partie du jeu et revient à dire, puisque nous avons été parmi les premiers utilisateurs de Linux sur ce processeur, que notre rôle est celui d'un site de bêta-test ­ ce qui est la rançon des pionniers !

Thierry Fernandez est directeur technique de LEA, start-up rennaise apparue il y a deux ans sur le créneau des filtres ADSL. La société développe aujourd'hui une technologie spécifique de réseau local sur courants porteurs, ainsi que l'une des premières passerelles résidentielles qui s'interface entre une ligne ADSL et un réseau « PowerLine ». Pour le logiciel de cette passerelle, l'équipe de LEA a été séduite par Linux qui permet de bénéficier du dynamisme d'une communauté de développeurs « open source » et du support de spécialistes de logiciels embarqués.

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