Therapixel dope la mammographie à l’intelligence artificielle

Le 28/06/2019 à 14:00 par Didier Girault

Cette jeune pousse française a mis au point un outil à base d'IA pour l'aide au dépistage du cancer du sein. Elle vient de lever 5 millions d'euros qui lui permettront de terminer la validation clinique de ce logiciel puis de le commercialiser dès 2020, d'abord aux États-Unis.

= L'équipe Therapixel. La jeune pousse vient de lever 5M de fonds, ce qui va lui permettre de terminer la validation de l'outil d'aide à la détection du cancer du sein qu'elle a conçu, et de le commercialiser en 2020, d'abord aux États-Unis.

L ecancer du sein concerne une femme sur huit dans le monde et demeure difficile à diagnostiquer. Chaque année, sur les quelque 250 millions de mammographies qui sont pratiquées, moins de 0,5% indiquent la présence de tissus cancéreux et, parmi ces dernières, 10 % sont des fausses pistes (il n'y pas de tumeur: on les nomme «faux positifs» de la même manière qu'on parle de «fausses pannes» en maintenance). Dans la pratique médicale traditionnelle, les clichés de la mammographie sont analysés en deux temps : un premier médecin se charge de la détection des anomalies ; ensuite, un autre expert confirme ou infirme le diagnostic posé. La phase de détection doit ainsi vaincre deux écueils: passer à côté d'un cancer et indiquer un problème là où il n'y en a pas (le «faux positif»). C'est dans ce contexte que la jeune pousse française Therapixel, qui a vu le jour en 2013 et s'est spécialisée en intelligence artificielle appliquée au médical, a conçu un outil d'analyse des images issues de la mammographie visant à améliorer la détection des cancers. Baptisé MammoScreen, cet outil a été récompensé, en 2017, par un premier prix au Digital Mammography Dream Challenge. Ce concours évalue des propositions d'améliorations à l'analyse des mammographies de façon à mieux détecter, c'est-à-dire à détecter le plus tôt possible, les cancers du sein. Ayant décroché le premier prix, Therapixel a peaufiné son MammoScreen. Initialement proposé dans le but d'aider la lecture de la mammographie faite par le premier expert, cet outil permettrait une détection de cancers égale ou supérieure à celle des radiologues (75 % de vrais positifs contre 70 % pour les radiologues). Il réduirait aussi le nombre de «faux positifs».

Une levée de fonds de 5 millions d'euros

Avant de se lancer dans l'aventure de l'aide à la détection du cancer du sein, Therapixel, qui a été créé par deux chercheurs en informatique de l'Inria, a été à l'origine d'une application de navigation gestuelle pour l'imagerie médicale. Baptisée Fluid, cette application permet au chirurgien de consulter des radiographies dans le bloc opératoire sans avoir à se servir de clavier ou de souris – ce qui pourrait avoir pour conséquence une contamination de ses gants –, par simple commande gestuelle. La commercialisation de cet outil lui a procuré des revenus et a favorisé une levée de fonds de 600000 euros en 2015. Au catalogue de l'entreprise figurent également des solutions évo-luées de lecture et de partage d'images médicales.

Toutefois, le premier prix attribué à l'outil d'aide à la mammographie a conforté Therapixel dans cette voie. Et, de façon à disposer des moyens financiers nécessaires à la validation de ce logiciel –qui a encore besoin de « varier son alimentation » (ses sources de données) au plan géographique comme à celui des matériels de mammographie utilisés, pour pouvoir prétendre à une exhaustivité de ses services –

ainsi qu'à sa commercialisation –qui devrait débuter aux États-Unis en début d'année prochaine–, Therapixel a levé, en mars dernier, 5M€. Cette levée de fonds a été réalisée auprès des investisseurs Omnes (fonds gérant environ 3,6 Md€ d'actifs) et M Capital Partners (capital-investisseur gérant quelque 500M€), ainsi que des investisseurs historiques que sont Région Sud Investissement, Turenne Capital et IT-Translation. Cette levée de fonds s'est effectuée sous la classification Série A, c'est-à-

dire qu'elle correspond à un projet qui a dépassé le stade du capital d'amorçage ( seed capital ). « Therapixel entre dans une nouvelle phase passionnante de son développement. Avec ce tour de financement et notre gouvernance renforcée, nous avons les capacités pour continuer d'attirer les meilleurs talents et maintenir notre avancée technologique », a déclaré Pierre Fillard, cofondateur et directeur général de Therapixel. La «gouvernance renforcée» fait référence à l'entrée de Sacha Loiseau, président et fondateur de Mauna Kea Technologies, de Maximilien Four-nier-Sourdille, chargé d'affaires chez Omnes, et de Yoann Bonnamour (M Capital Partners) au conseil d'administration de Therapixel. M. Loiseau a été nommé président de ce conseil d'administration.

Forte de 15 personnes disséminées entre Paris et Sophia Antipolis, Therapixel a réalisé, en 2018, un chiffre d'affaires de 350k€. Ce chiffre devrait croître rapidement.

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