Cette jeune pousse française a mis au point un outil à base d'IA pour l'aide au dépistage du cancer du sein. Elle vient de lever 5 millions d'euros qui lui permettront de terminer la validation clinique de ce logiciel puis de le commercialiser dès 2020, d'abord aux États-Unis.
= L'équipe Therapixel. La jeune pousse vient de lever 5M € de fonds, ce qui va lui permettre de terminer la validation de l'outil d'aide à la détection du cancer du sein qu'elle a conçu, et de le commercialiser en 2020, d'abord aux États-Unis.
L ecancer du sein concerne une femme sur huit dans le monde et demeure difficile à diagnostiquer. Chaque année, sur les quelque 250 millions de mammographies qui sont pratiquées, moins de 0,5% indiquent la présence de tissus cancéreux et, parmi ces dernières, 10 % sont des fausses pistes (il n'y pas de tumeur: on les nomme «faux positifs» de la même manière qu'on parle de «fausses pannes» en maintenance). Dans la pratique médicale traditionnelle, les clichés de la mammographie sont analysés en deux temps : un premier médecin se charge de la détection des anomalies ; ensuite, un autre expert confirme ou infirme le diagnostic posé. La phase de détection doit ainsi vaincre deux écueils: passer à côté d'un cancer et indiquer un problème là où il n'y en a pas (le «faux positif»). C'est dans ce contexte que la jeune pousse française Therapixel, qui a vu le jour en 2013 et s'est spécialisée en intelligence artificielle appliquée au médical, a conçu un outil d'analyse des images issues de la mammographie visant à améliorer la détection des cancers. Baptisé MammoScreen, cet outil a été récompensé, en 2017, par un premier prix au Digital Mammography Dream Challenge. Ce concours évalue des propositions d'améliorations à l'analyse des mammographies de façon à mieux détecter, c'est-à-dire à détecter le plus tôt possible, les cancers du sein. Ayant décroché le premier prix, Therapixel a peaufiné son MammoScreen. Initialement proposé dans le but d'aider la lecture de la mammographie faite par le premier expert, cet outil permettrait une détection de cancers égale ou supérieure à celle des radiologues (75 % de vrais positifs contre 70 % pour les radiologues). Il réduirait aussi le nombre de «faux positifs».
Une levée de fonds de 5 millions d'euros
Avant de se lancer dans l'aventure de l'aide à la détection du cancer du sein, Therapixel, qui a été créé par deux chercheurs en informatique de l'Inria, a été à l'origine d'une application de navigation gestuelle pour l'imagerie médicale. Baptisée Fluid, cette application permet au chirurgien de consulter des radiographies dans le bloc opératoire sans avoir à se servir de clavier ou de souris – ce qui pourrait avoir pour conséquence une contamination de ses gants –, par simple commande gestuelle. La commercialisation de cet outil lui a procuré des revenus et a favorisé une levée de fonds de 600000 euros en 2015. Au catalogue de l'entreprise figurent également des solutions évo-luées de lecture et de partage d'images médicales.
Toutefois, le premier prix attribué à l'outil d'aide à la mammographie a conforté Therapixel dans cette voie. Et, de façon à disposer des moyens financiers nécessaires à la validation de ce logiciel –qui a encore besoin de «
ainsi qu'à sa commercialisation –qui devrait débuter aux États-Unis en début d'année prochaine–, Therapixel a levé, en mars dernier, 5M€. Cette levée de fonds a été réalisée auprès des investisseurs Omnes (fonds gérant environ 3,6 Md€ d'actifs) et M Capital Partners (capital-investisseur gérant quelque 500M€), ainsi que des investisseurs historiques que sont Région Sud Investissement, Turenne Capital et IT-Translation. Cette levée de fonds s'est effectuée sous la classification Série A, c'est-à-
dire qu'elle correspond à un projet qui a dépassé le stade du capital d'amorçage (
Forte de 15 personnes disséminées entre Paris et Sophia Antipolis, Therapixel a réalisé, en 2018, un chiffre d'affaires de 350k€. Ce chiffre devrait croître rapidement.