Couverture ElectroniqueS n°127

En ce début d'année 2008, les acteurs du pôle grenoblois, probablement le plus important de France dans le secteur de l'électronique, se réunissaient autour d'une table après un peu plus de deux années de développement. Aujourd'hui, Minalogic tourne à son régime de croisière. En quelque deux années d'existence, les chiffres annoncent actuellement le succès de ce pôle mondial spécialisé dans les micro et nanotechnologies et le logiciel embarqué en termes de moteur d'activité. Depuis sa labellisation en juillet 2005, Minalogic a vu ses membres passer de 52 à 115 (dont 79 entreprises et 13 centres de recherche), et 73 des 113 projets reconnus par le pôle ont reçu des financements à hauteur de 315,5 M d'euros, instances nationales et locales confondues. Autrement dit, il s'agit d'une réussite qualitative pour ses entreprises et la région dont les retombés financières se feront sur le long terme. D'où un des thèmes principaux de la réunion de ses membres tenue début février, autour des remises en question des orientations choisies à l'origine.Si au terme d'une matinée de tables rondes, l'humeur était à la satisfaction globale et à la motivation plus que jamais renouvelée d'en découdre pour étendre le poids du pôle au niveau planétaire, renforcer l'activité du logiciel embarqué et développer l'implication des intégrateurs des technologies développées dans l'association, l'inquiétude concernant la faiblesse actuelle du vivier d'hommes de talent pour faire vivre l'activité était posée.Pour Eric Pilaud, président du pôle, « Minalogic n'est pas une machine à gratter de la subvention », mettant en garde contre toute situation artificielle et arguant qu'aujourd'hui son pôle devrait avoir les moyens de fonctionner sans perfusion. Si, officiellement, l'ensemble des troupes marche du même pas, difficile d'ignorer la défection passée d'un de ses membres, car le retour sur investissement du temps de réunion en termes de financement ne se justifiait pas, ou bien la remarque de Dolphin Intégration, qui n'avait jamais eu autant d'aide que depuis la création du pôle. Mais le président du pôle préfère de loin se tourner vers demain, et le développement technologique et industriel de son association, dont le positionnement est bien plus une affaire de produits à forte valeur ajoutée, sur lesquels l'effort sur les coûts doit être porté, que de production en volume.Pour les PME de la région, l'intérêt du pôle se pose aussi en quelques chiffres, rappelé par Eric Pilaud : dans le cadre du dernier appel d'offres, 41 % des financements sont revenus à des laboratoires, 33 % à des petites et moyennes entreprises, 26 % à des grands groupes. Et alors que la moyenne nationale de PME jugeant leur pôle utile est de 29 %, il se félicitait à juste titre des 86 % de satisfaits chez Minalogic.Mais tout n'est pas rose et les participants n'ont pas eu à jouer de la langue de bois pour parler des points à améliorer. Ainsi, le porte-parole de l'Institut national polytechnique de Grenoble n'a pu que regretter le nombre trop élevé de laboratoires non impliqués dans les projets du pôle. Schneider Electric a pointé du doigt le décalage entre les applications technologiques qu'il développe et l'implication de l'association. Tronics et Dolphin ont déploré que Minalogic n'aidait à développer ni la clientèle ni la vente des solutions technologiques de ses membres.Un autre point évoqué par Eric Dupont Nivet de la DGE, sur lequel ont rebondi les représentants de STMicroelectronics ou Soitec, concerne la dimension internationale du pôle et la nécessité de son développement, afin, entre autres, d'attirer davantage les implantations étrangères.Le président de Minalogic est revenu quant à lui sur le danger actuel du discours tenu par les pouvoirs publics, mettant un peu trop en avant leur intérêt pour les PME, au risque de fâcher les « champions nationaux » à qui il ne serait pas opportun de donner des arguments supplémentaires pour renforcer les tentations de délocaliser la matière grise de l'innovation.Pour finir, une préoccupation de fond, déjà mise en avant à maintes reprises depuis l'année dernière dans la profession, a été rappelée par la nécessité de susciter l'engouement de nouveaux talents pour le pôle. Là encore, le besoin de remotiver l'intérêt de la jeunesse pour les activités scientifiques et industrielles a sonné comme un cri d'alarme d'envergure nationale. Un des membres de Minalogic concluant que si l'Inde attirait aujourd'hui son intérêt, c'est moins pour les rétributions plus modestes des salariés locaux – qui ne cessent de rejoindre les niveaux de salaires européens, cela dit en passant – que parce qu'il ne trouve plus en France les compétences nécessaires.

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