Couverture ElectroniqueS n°127

Afin de tenter de rattraper le retard de la France sur ses voisins européens, les professionnels du photovoltaïque demandent notamment la poursuite du soutien des pouvoirs publics, un ajustement des tarifs de rachat d'électricité et une plus grande facilité d'accès au réseau. Aix-les-Bains. À l'occasion du colloque national « Vers un développement durable de la filière photovoltaïque en France », organisé par l'Association européenne de l'industrie photovoltaïque (EPIA)(*), le 27 juin dernier, à Aix-Les-Bains (Savoie), les professionnels du secteur ont proposé des solutions concrètes pour que le marché français du photovoltaïque, qui reste l'un des moins développés d'Europe, décolle enfin. La réussite de nos voisins européens, en particulier de l'Allemagne et de l'Espagne qui ont engagé, depuis de nombreuses années, une politique volontariste en faveur du développement des énergies renouvelables, et notamment du solaire photovoltaïque, incite en effet les industriels français à réclamer un environnement plus propice au développement de leur filière. « Nous sentons réellement que le marché français commence à décoller et nous estimons que la croissance sera désormais rapide si nos recommandations sont suivies », a déclaré Eric Laborde, directeur général de Photowatt et membre du conseil d'administration de l'EPIA, en ouverture du colloque. En 2007, le marché français du solaire photovoltaïque atteignait seulement 35 MW, ce qui est très faible par rapport à l'ensemble de l'Europe qui totalise 2 200 MW dont 50 % pour l'Allemagne uniquement. Quant à l'Espagne, elle est passée de 90 MW à 600 MW en seulement un an grâce à des mesures incitatives. Il faut faire vite, car l'Europe ne représente que 24 % de la production mondiale. La production chinoise est en pleine croissance, mais le marché chinois est encore peu significatif. Aussi, les industriels chinois se tournent-ils vers l'exportation. Leur laissera-t-on investir notre marché sans réagir, s'inquiètent les industriels. En France, même si, depuis 2006, nous nous sommes dotés de tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque plus intéressants, cela reste insuffisant, estiment les professionnels. Les mesures prises ont, en effet, essentiellement favorisé les équipements intégrés aux bâtiments et ont laissé de côté les installations plus simples (par exemple celles posées sur les bâtiments). Les temps et contraintes de connexion au réseau EDF ont également constitué un frein considérable. Au 31 mars 2008, 70 MW de systèmes photovoltaïques étaient en attente d'autorisation, tandis que seulement 2 MW avaient été autorisés au premier trimestre 2008 !Afin de permettre un développement progressif et ambitieux du marché en France, les professionnels du solaire ont demandé que les objectifs nationaux PPI (Programmation prévisionnelle des investissements) soient révisés afin d'atteindre 1 100 MW en 2012 et 7 000 MW en 2020, conformément à la feuille de route proposée au Grenelle de l'Environnement. Finalement, c'est le chiffre de 5 400 MW à l'horizon 2020 qui a été retenu. Favoriser les projets de centrales solairesConcernant les tarifs d'achat d'électricité produite par des installations photovoltaïques qui datent de juillet 2006, ils préconisent le maintien du tarif de 0,57 euro/kWh actuel pratiqué pour les systèmes intégrés au bâtiment (dont le coût d'installation est élevé), et l'introduction d'un tarif d'achat à 0,45 euro/kWh pour les systèmes non intégrés qui permettent une capacité installée plus importante à surface équivalente. Ils demandent également le réajustement du tarif de base pour les systèmes posés au sol (à hauteur de 0,38 euro/ kWh) pour permettre le développement maîtrisé de projets de centrales solaires photovoltaïques (jusqu'à 2 000 MW), la poursuite d'un système de soutien adapté en outre-mer et le maintien du crédit d'impôt pour les installations destinées aux particuliers. Les professionnels souhaitent par ailleurs la simplification des procédures administratives par la création d'un guichet unique de traitement de toutes les démarches – ce qui permettrait de réduire les délais de raccordement au réseau – ainsi que le renforcement des mesures actuelles favorables au photovoltaïque dans les codes de la construction et de l'urbanisme. Le colloque national du photovoltaïque a réuni plus de 400 professionnels, en ouverture du « Solar Event », événement grand public dont la première édition s'est déroulée du 27 au 29 juin, sur le technopôle de Savoie Technolac, au Bourget-du-Lac, près d'Aix-les-Bains. (*) L'EPIA (European Photovoltaic Industry Association) représente plus de 170 entreprises du secteur solaire photovoltaïque, soit 95 % de l'industrie photovoltaïque européenne, depuis la production de silicium, de cellules et de modules jusqu'au développement des systèmes de production.

Photovoltaïque : les industriels font des propositions pour faire décoller le marché français

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