Couverture ElectroniqueS n°127

Compte tenu des mesures incitatives accordées aux particuliers, les industriels de la filière photovoltaïque estiment que le décollage du marché français devrait bientôt avoir lieu. Mais avec la percée des pays asiatiques, ils savent aussi que la concurrence sera sévère. La filière photovoltaïque française se mobilise et tente ainsi de rattraper son retard, notamment sur son homologue allemande qui occupe la première place mondiale. Depuis quelques mois, les initiatives se multiplient dans l'Hexagone : lancement de Solar Nano Cristal, un grand projet de R&D soutenu par le programme d'Innovation stratégique industrielle d'Oseo (ISI) qui a pris la succession de l'AII, démarrage d'un site de production de silicium pour cellules solaires de dimension mondiale dans le sud de la France, création de « Solar Event », le premier événement du solaire en France dont la première édition se tiendra au Bourget-du-Lac, en Savoie, du 25 au 27 juin prochains, incitations gouvernementales à l'installation de panneaux photovoltaïques dans le bâtiment, en permettant notamment aux particuliers de revendre à EDF leur électricité d'origine photovoltaïque à des tarifs avantageux. Comme il y a dix ans elle avait alors sollicité l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) pour l'implantation de l'Ines (Institut national des énergies solaires) sur son territoire la Savoie continue plus que jamais à croire au solaire. Abritant le pôle de compétitivité Tenerrdis sur les énergies renouvelables, elle est associée à l'organisation de Solar Event, la première grande manifestation nationale dédiée au solaire, à la fois à vocation professionnelle et grand public (Intersolar, un salon allemand de dimension internationale, se tient, pour sa part, du 12 au 14 juin, à Munich). Une filière française se met en placePour ne pas laisser le marché du photovoltaïque aux mains des fabricants étrangers de cellules et modules, une filière française est en train de se mettre en place. Une unité de production de tranches de silicium pour cellules photovoltaïques, Silicium de Provence (« Silpro »), devrait démarrer sa production dans deux ans sur le site de Saint-Auban, dans les Alpes de Haute-Provence, et PV Alliance, une société conjointe de production de modules solaires associant Photowatt, EDF Energies Nouvelles et le CEA, a été créée fin 2007. Les développements de PV Alliance s'articulent autour de trois axes technologiques. Le premier vise à mettre au point des cellules solaires élaborées avec un procédé de production simplifié, de qualité photovoltaïque, baptisé Photosil. La difficulté de mise en &oelig;uvre de cette technologie réside dans la présence de certaines impuretés résiduelles dans ce silicium, ce qui peut altérer le rendement des cellules. Pour PV Alliance, il s'agira donc de trouver le meilleur compromis performance/coût, l'objectif de rendement de ce type de cellules devant être voisin de 15 %. Deuxième axe technologique dans lequel PV Alliance souhaite s'engager, l'utilisation d'outils issus des microtechnologies, afin de développer des cellules photovoltaïques à haut rendement, c'est-à-dire 20 %. Enfin, ce consortium souhaite investir sur les nanotechnologies et engager un partenariat privilégié avec le pôle de compétitivité Minatec dans le but de mettre en &oelig;uvre des cellules photovoltaïques dépassant 25 % de rendement. En terme de panneaux solaires photovoltaïques, 45 MW ont été installés en France en 2007, contre 1 100 MW en Allemagne et 250 MW en Espagne. Même si, au vu de ces chiffres, ils admettent un retard de cinq à six ans, notamment sur l'Allemagne, le Japon et la Corée, les acteurs français estiment qu'ils peuvent prendre le train en marche à condition de s'attaquer aux ruptures technologiques. Un projet de R&D ambitieux, Solar Nano Crystal, fédérateur de nombreux autres projets lancés au cours de ces dernières années, vient en effet d'être sélectionné par le programme d'Innovation stratégique industrielle d'Oseo (ISI). Participent à ce projet, Emix, Photosil, Silpro, PV Alliance, Apollon Solar ainsi que l'Ines qui fédère des équipes de chercheurs du CEA, du CNRS, de l'université de Savoie et du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment). L'objectif de ce projet, d'une durée de cinq ans, est d'aider les entreprises de la filière photovoltaïque à accroître leur compétitivité, le principal défi étant de parvenir à abaisser les coûts. Un laboratoire pilote dédié à l'élaboration de cellules solaires sera construit d'ici à 2009. Appelé « LabFab », il contribuera notamment à la validation des résultats obtenus dans les laboratoires de l'Ines. Il sera structuré en deux composantes : l'une dédiée aux cellules solaires sur silicium métallurgique (donc moins pure qu'à partir des procédés chimiques, mais qui conviendrait à la fabrication de cellules photovoltaïques), et l'autre, consacrée à des cellules de nouvelle génération basées sur des concepts issus des micro et nanotechnologies. Le budget total du projet Solar Nano Crystal est de 190 millions d'euros dont 46,5 millions d'euros d'aides publiques. L'impulsion gouvernementale est essentielle, non seulement pour soutenir la R&D, mais aussi pour insuffler une stratégie industrielle (voir encadré). En 1999, lorsque les pouvoirs publics allemands ont lancé l'opération « 100 000 toits solaires », l'industrie photovoltaïque allemande était loin d'avoir la position qu'elle occupe aujourd'hui. En 2004, elle couvrait 15 % des besoins du pays, et elle subvient désormais à 50 % de son marché intérieur. La Chine a également une politique volontariste et a annoncé, qu'en 2017, 10 % de l'énergie consommée devra provenir d'énergies renouvelables. Les raisons de croire à un décollage du marché françaisSolar Nano Cristal, un grand projet de R&D, dont l'objectif est d'aider les entreprises de la filière photovoltaïque à accroître leur compétitivité, vient d'être lancé. Une unité de production de tranches de silicium pour cellules photovoltaïques de dimension mondiale, baptisée Silpro, devrait démarrer sa production dans deux ans. Des mesures incitatives ont été prises par le gouvernement : il a fait passer le crédit d'impôt pour les dépenses liées aux énergies renouvelables de 40 % à 50 % et a décidé qu'EDF rachèterait 55 centimes d'euro le kWh d'électricité produit à partir de ces sources d'énergie. Une grande manifestation du solaire en France, « Solar Event », se tiendra au Bourget-du-Lac, en Savoie, du 25 au 27 juin. La réussite passe par une politique volontariste des pouvoirs publicsLe développement du marché solaire photovoltaïque dépend largement du cadre réglementaire et des mécanismes de soutien des pouvoirs publics. Les prévisions de croissance doivent donc prendre en compte deux scénarios possibles : un scénario pessimiste basé sur des hypothèses de développement sans mécanismes de soutien, et un autre, beaucoup plus optimiste, qui introduit ces mécanismes de soutien, notamment à travers un tarif de rachat de l'électricité photovoltaïque produite, comme le pratiquent de nombreux pays dont la France depuis juillet 2006. Dans le scénario basé sur une politique volontariste, l'EPIA (Association de l'industrie photovoltaïque européenne), prévoit un marché annuel mondial de 7 GW crête installés en 2010 et de 10,9 GW crête en 2012. Si ce scénario se réalise, le marché mondial aura quintuplé en cinq ans. Après le décollage du marché allemand en 2004, le marché espagnol a enregistré un bond significatif en 2007. Même si l'Europe et les Etats-Unis devraient encore représenter la majeure partie du marché photovoltaïque mondial au cours des prochaines années, l'Asie devient menaçante. En terme de production de cellules photovoltaïques, quatre des dix premiers producteurs mondiaux sont chinois, trois sont japonais et deux sont allemands.

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