Couverture ElectroniqueS n°127

Même si 2009 n’apparaît pas comme un grand cru, tous les feux sont au vert à court et moyen terme pour le marché de la carte à puce et des objets sécurisés “intelligents”. Le succès du salon Cartes&IDentification en a été l’éclatante confirmation. L’année 2009 n’a pas été un grand millésime pour le marché de la carte à puce, crise économique oblige. Mais le secteur a limité les dégâts, comme en témoignent les prévisions de la société Eurosmart, dévoilées à l’occasion du salon Cartes & IDentification qui s’est tenu mi-novembre à Paris. Il devrait ainsi se vendre cette année 5,14 milliards de cartes à puce toutes catégories confondues, contre 5,085 milliards d’unités en 2008. Certes, la croissance est minime. Mais si l’on retire de l’ensemble les cartes à mémoire dont les ventes en volume sont en recul depuis 2007 (740 millions commercialisées en 2009, contre 900 millions en 2008 et plus d’un milliard en 2007), c’est une progression de 5,1 %, à 4,4 milliards d’unités, que devrait afficher cette année le secteur de la carte à microprocesseur (à comparer aux + 21,5 % de 2008). Un résultat plus qu’honorable par les temps qui courent ! Et ce, d’autant que la faiblesse de l’industrie de la téléphonie mobile a impacté les ventes de cartes SIM. Selon les données Eurosmart, le marché en volume de la carte SIM devrait en effet se chiffrer à quelque 3,3 milliards d’unités en 2009, soit une progression de 3,1 % seulement par rapport à 2008. NFC : une première à Nice Ce léger coup de mou n’est toutefois que passager car, dès l’année prochaine, les ventes pourraient croître à une vitesse redoublée. De fait, Eurosmart parie pour 2010 sur une progression de près de 10 % du nombre de cartes à microprocesseur vendues, ou, plus globalement, d’objets sécurisés intelligents (Smart Secure Devices), à 4,835 milliards d’unités. Dans le même temps, le marché de la carte SIM devrait afficher une progression en volume de 9,1 % (à 3,6 milliards d’unités), grâce à la migration vers la 3G prévue en Chine, aux premiers déploiements de réseaux de radiocommunication compatibles avec la technologie 3,9G LTE, à la multiplication d’équipements sans fil connectés (via l’écosystème M2M, nouveau credo des fabricants de circuits, voir notre article page 26) et à l’émergence des services basés sur le procédé de communication en champ proche NFC. A cet égard, l’Association française du sans-contact mobile (AFSCM), fondée en avril 2008 par Orange, SFR et Bouygues Télécom, a profité du salon Cartes pour faire la promotion du projet Nice Ville Sans Contact, considéré comme le premier déploiement précommercial d’une offre NFC mobile multiservice en Europe (voir notre article page 17). Prévue pour le printemps 2010, l’initiative niçoise se distingue à plus d’un titre puisque, pour la première fois, elle regroupe les trois opérateurs français et qu’elle repose sur un échantillon important de clients testeurs (plus de 3 000 personnes contre 50 à 400, lors des précédentes expérimentations françaises). Transports : la croissance la plus marquée L’offre, par ailleurs, n’est pas focalisée sur une application unique de type billettique ou paiement dans les commerces et sera l’occasion de distribuer dans l’Hexagone les premiers téléphones mobiles NFC produits à grande échelle (avec cinq ou six références différentes d’ici à la fin 2010). Selon Eurosmart, si les cartes SIM (et les télécoms) s’accaparent toujours la part du lion sur le créneau des cartes à microprocesseurs, c’est toutefois le secteur des transports qui devrait afficher la plus belle croissance en volume sur ce marché en 2009, avec 40 millions de cartes à puce sans contact vendues (+ 33,3 % par rapport à 2008), un nombre qui devrait être porté à 50 millions en 2010. Il est suivi par le secteur gouvernemental/santé (+ 14,3 % à 160 millions d’unités en 2009, et 190 millions en 2010), le secteur bancaire et financier (+ 12,3 %, à 730 millions d’unités en 2009, et 810 millions en 2010) et le secteur de la télévision payante (100 millions d’unités en 2009 et 110 millions en 2010). L’année prochaine, les ventes de cartes à mémoire, de leur côté, devraient sans surprise continuer de reculer, à 620 millions d’unités commercialisées en 2010. Du côté du sans-contact enfin, le sourire reste de rigueur. Selon Eurosmart, il devrait se vendre 255 millions de cartes à microprocesseur et de “ smart objects ” sans contact en 2009 (dont 110 millions dans les domaines bancaire et financier), une valeur en progression de 15,9 % par rapport à l’année dernière (220 millions). Et l’année prochaine, la barre des 300 millions sera certainement dépassée pour une croissance globale en volume de plus de 82 % depuis 2007 ! L’innovation comme leitmotiv Avec de tels chiffres, on comprend sans mal que l’industrie de la carte à puce, même s’il lui a fallu quelque peu courber l’échine depuis une douzaine de mois, soit particulièrement confiante dans l’avenir. Surtout que la période a permis aux sociétés du secteur – c’est tout du moins le leitmotiv entonné par la plupart des dirigeants s’exprimant dans le cadre du World Card Summit du mardi 17 novembre – de « se concentrer sur l’innovation ». Et les innovations, il faut le reconnaître, n’ont pas manqué sur le salon, notamment sur le créneau NFC, considéré par beaucoup comme un relais de croissance, avec le M2M. IMS Research, par exemple, n’hésite pas à prédire qu’un abonné mobile sur six disposera d’un radiotéléphone NFC d’ici à 2014. En attendant, les idées foisonnent pour rendre n’importe quel téléphone mobile existant compatible avec cette technologie sans fil. On retiendra surtout, mais ce n’est pas la seule, celle du français Twinlinx dont le sticker NFC MyMax, élaboré avec le concours d’Inside Contactless et apposable au dos de n’importe quel terminal doté d’une liaison Bluetooth (voir EI n° 679), arrive aujourd’hui au stade industriel. A l’occasion du salon, Twinlinx et Sagem Orga ont ainsi présenté le “ SIMply Mobile Wallet ” qui embarque un élément sécurisé JavaCard au sein du sticker, pour, par exemple, des applications de paiement sans contact. Les fabricants de cartes SIM font également feu de tout bois pour doter leurs produits de nouvelles fonctionnalités. Oberthur Technologies et Gemalto ont ainsi présenté, chacun de leur côté, des cartes SIM équipées d’accéléromètres. La SIMSense d’Oberthur est capable de détecter des mouvements, détection pouvant être associée à différents services et applications spécifiques disponibles sur le radiotéléphone. Détentrice du Sésame 2009 “ Application mobile ”, la MasSIM de Gemalto est, quant à elle, dédiée au marché M2M. Une fois placée dans un équipement industriel comme un compteur d’électricité communiquant (une démonstration visible sur l’espace “ Internet des objets ” du salon), la MasSIM (M2M Anti-Stealing SIM) enregistre automatiquement sa localisation. Si elle est retirée et insérée dans un téléphone mobile, elle détecte alors le changement de position et envoie un SMS au fournisseur de services qui pourra éventuellement bloquer la carte. Pour sa part, Giesecke & Devrient, en collaboration avec Visa Europe et Telefonica O2, a saisi l’occasion donnée par Cartes 2009 pour dévoiler un prototype de carte SIM permettant de transférer aisément une application de paiement d’un téléphone mobile à un autre. Au cœur de cette innovation : le “ Smart Card Web Server ” (voir EI n° 699) qui facilite le stockage des informations de paiement/sécurité et de l’interface utilisateur dans un seul emplacement : la SIM SCWS. L’affluence constatée sur le salon est symptomatique d’une industrie de la carte à microprocesseur qui, selon Eurosmart, devrait progresser de 10 % en volume l’année prochaine. Quelques innovations présentées sur le salon Carte de paiement, la Smart Lumière d’Oberthur s’illumine quand elle est placée dans le champ d’un lecteur sans contact pour indiquer qu’une opération est en cours. Apposable au dos de n’importe quel radiotéléphone Bluetooth, le sticker NFC MyMax de Twinlinx arrive au stade industriel. La carte à puce a la fibre écolo. Gemalto lance des cartes à microprocesseur dégradables d’origine végétale. Production en volume prévue début 2010. Un nombre de visiteurs stable 24 ans et toujours en grande forme ! L’édition 2009 du salon Cartes & IDentification, qui s’est tenu du 17 au 19 novembre à Paris, a fait le plein de visiteurs (19 883 contre 19 752 en 2008), tandis que les dix-huit conférences proposées pendant les trois jours ont accueilli 1 228 congressistes, dont 82 % d’étrangers. Le salon a confirmé son rayonnement international avec 427 exposants, dont 78 % non français. 68 % des visiteurs (63 % en 2008) se sont déplacés de l’étranger pour arpenter les allées du salon.Le point d’orgue du Congrès a été la conférence inaugurale du “ World Card Summit ” au cours de laquelle, devant une salle comble (voir photo), les leaders de l’industrie ont analysé les grandes tendances du marché et exposé leurs visions stratégiques. En allant sur la zone M2M & Internet des Objets, les visiteurs ont pu découvrir un espace de démonstration où des experts techniques présentaient des applications automobiles, domotiques, et autres ouvrant de nouvelles perspectives pour l’industrie des “ smart technologies ”. Zoom sur deux technologies primées aux sésames Le Sésame “ Hardware ” a cette année été attribué au protocole Contactless VHDR (Very High Data Rate) élaboré dans le cadre d’un partenariat entre le CEA/Léti, Gemalto et Raisonance. Ce protocole a pour objectif de multiplier par dix les débits de transmission depuis et vers des produits sans contact, par rapport à ce qu’autorise la norme ISO actuelle (848 kbit/s maximum). Des débits de 6,8 Mbit/s (d’une carte vers un lecteur) et de 5,1 Mbit/s (dans l’autre sens) ont déjà été atteints. Applications envisagées : le transfert de fichiers de musique volumineux, de fichiers médicaux comme des radiographies à haute résolution (pour la carte Vitale), de données biométriques (pour les cartes d’identité électroniques), voire l’achat de fichiers MP3 avec transfert et paiement simultanés (pour une carte SIM NFC). Le Sésame “ Application IT Security ” a été décerné au Weneo ID Corporate Bundle du français Neowave, une application, au monde de l’entreprise, de l’objet intelligent sécurisé Weneo. Présenté pour la première fois sur le salon Cartes 2007 (voir EI n° 658) et gros comme un ticket de métro, Weneo intègre à la fois une carte à puce, un lecteur de carte à puce, une interface sans contact, une mémoire de stockage de masse, un CD-Rom virtuel et un connecteur USB. Ses applications sont multiples : porte-monnaie Moneo, accès aux transports en commun, à des bâtiments, au réseau informatique d’une société, paiement sans contact, etc. Sur Cartes 2009, Neowave a lancé le Weneo Duo, combinant deux cartes à puce (dont une au format SIM) au sein d’un seul objet.

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