« Nous travaillons avec des fabricants qualifiés que nous proposons ensuite à nos clients »

Le 05/07/2021 à 13:00 par La rédaction

CRÉÉ EN 1971, MILEXIA FRANCE FAIT PARTIE DU GROUPE MILEXIA DEPUIS 2005. PASCAL GANDOLFINI, PRÉSIDENT DU GROUPE, ET LAURE EL MHADDER, DIRECTRICE COMMERCIALE DIVISION ÉLECTRONIQUE, NOUS PRÉCISENT L'IDENTITÉ DE LA SOCIÉTÉ, MAIS SURTOUT SA MANIÈRE DE COMBINER SES EXIGENCES À CELLES DES MARCHÉS.

Pascal Gandolfini est clair : « Nous ne sommes pas uniquement un distributeur et voulons lutter contre cette appellation qui ne nous correspond que partiellement ». Milexia se considère comme « un représentant, une extension des bureaux commerciaux de nos fournisseurs dans les pays où nous sommes présents ». La société, basée à Verrières-le-Buisson, dans l'Essonne, distribue « quasi exclusivement » les produits qu'elle a implantés. Le président souligne d'autre part : « Notre travail ne se limite pas à la supply chain. Sans péjoration aucune, ce mode de fonctionnement nous distingue de la pure distribution. »

D'ailleurs, le terme « composant » semble trop restrictif aux yeux de la société, qui préfère souligner la notion de solutions électroniques se déployant dans les secteurs militaire, aéronautique, spatial, médical, énergie, télécoms, industriel, etc. Laure El Mhadder détaille : « Nous effectuons la représentation, la promotion, nous définissons en avance de phase les besoins du client en réalisant les démonstrations, les formations pour qualifier la bonne solution. Nous assurons la présence locale, le support et nous accompagnons la partie design et l'implantation, c'est-à-dire le suivi du prototypage, celui de la validation du client puis, enfin, la partie distribution. Nous assurons également le service après-vente, avec une maintenance préventive ou curative. »

Le regroupement des sociétés Elexience, MicroElit, Giza Technologies respectivement française, italienne et espagnole a donné lieu au groupe Milexia.

Ces solutions sont les plus grosses contributrices en termes de poids des activités. Viennent ensuite l'instrumentation scientifique et les services connexes qui comptent pour 10 % du chiffre d'affaires de Milexia : « Ce pôle adresse une offre complète de services (installation, maintenance, fidélisation client) auprès de nos clients », explique Pascal Gandolfini.

Le dernier pôle, Satcom (satellites et télécom), « n'est pas dominant, excepté au Royaume-Uni. Il semble dilué dans le groupe, mais influent en termes de développement (installation, intégration, ingénierie). Il représente une plus petite partie que l'instrumentation scientifique, mais […] nous allons le déployer dans tous les autres pays : pour des raisons de coût, l'instrumentation scientifique est exclusivement française et délicate à déployer dans d'autres pays pour le moment. »

45 % DE L'ACTIVITÉ POUR LE SECTEUR MILITAIRE ET AÉRONAUTIQUE

Côté tendances, en plus des solutions intégrées, la directrice commerciale note la demande croissante de produits propres. Le rachat du Français Pktronics n'est pas innocent, « puisqu'il va justement nous permettre de renforcer, d'accélérer et de développer en commun des produits répondant aux besoins techniques des clients ». Laure El Mhadder assiste également à « l'émergence de l'intelligence artificielle, de la géolocalisation, du transfert rapide de datas mais également à celle de la 5G : le secteur du spatial est en très forte croissance grâce au nouveau déploiement des nouvelles constellations. Nous renforçons nos offres dans ces domaines d'avenir. »

Parmi les secteurs couverts par Milexia, le secteur militaire/aéronautique, en plus d'être historique, demeure majoritaire, puisqu'il représente près de 45 % de l'activité. À ceci près que le militaire a progressé en période de Covid, ce qui a été l'exact contraire de l'aéronautique, comme cela a souvent pu être observé en France. Le secteur médical, quant à lui, a été en forte croissance depuis la crise sanitaire : la société a fourni à des clients fabricants des respirateurs, avec pour corollaire l'apport « de solutions sur des marchés très complémentaires et en forte croissance comme l'Internet des objets et les drones ».

Si l'on aborde les résultats, le chiffre d'affaires de Milexia approche désormais les 100 millions d'euros, contre 80 M€ avant les deux rachats. La France est majoritaire dans ce chiffre comme dans sa masse salariale, avec près de 70  personnes sur 160 au total. Pascal Gandolfini détaille : « Notre année fiscale s'achève fin mars. Sur un plan calendaire, nos résultats du 1 er trimestre sont de bon niveau en les comparant au même trimestre avant-Covid, soit 24  mois avant mars 2020 et l'arrêt brutal de l'économie. Nos prises de commandes s'établissent à + 7 %, tandis que les facturations font état de + 30 % de ce qui se passait avant le Covid, que nous prenons comme période de référence. Entre avril 2020 et mars 2021 le chiffre d'affaires du groupe était similaire à l'année précédente. La tendance ces derniers temps a vu les prises de commandes repartir à la hausse vers août 2020. »

L'EUROPE, MAIS AUSSI LA CHINE

À travers ses deux récentes acquisitions, les distributeurs et intégrateurs Globes Elektronik et Pktronics rachetés en avril, Milexia se focalise sur l'Europe. Elle s'harmonise selon Pascal  Gandolfini « à la segmentation, aux besoins de nos fournisseurs ainsi qu'à la localisation de nos gros clients, notamment ceux dans la défense ». Cette volonté obéit à une logique de cohérence, tant l'Allemagne fait office de must have dans sa stratégie euro-péenne : le rachat de Globes Elektronik y fait écho. Notons que le groupe est déjà présent en Italie, Royaume-Uni, Grèce, Portugal, Luxembourg, Belgique et Suisse. Quant à la Chine, « la techno-logie y est très présente, avec des sociétés de technologie très comparables à leurs homologues américains. Nous avons ouvert un bureau en Chine afin d'assurer le suivi projet et qualité de nos solutions qui sont élaborées en Asie. […] Nous travaillons avec des fabricants qualifiés que nous proposons ensuite à nos clients et n'avons pas d'attitude opportuniste avec des fabricants non qualifiés en amont de notre démarche. »

« L'action publique française a été exceptionnelle pour supporter l'économie. Nous n'en avons pas profité, jugeant que d'autres sociétés étaient plus nécessiteuses que nous. Nous n'avons pas vraiment sollicité d'aide. » Pascal Gandolfini, président de Milexia et Laure El Mhadder, directrice commerciale au sein de la division Électronique

L'adaptation aux marchés passe invariablement par la gestion du Covid et de la pénurie de composants. Dans le premier cas, il a stimulé la tendance à la dématérialisation. L'horizon futur demandera « sans doute un juste milieu à organiser entre dématérialisation, organisation interne, et accélération digi-tale. Nous avons ainsi identifié des axes d'évolution à adapter prochainement », explique Laure El Mhadder. Intervient également la notion de présence physique, spécialement pour les technico-commerciaux itinérants, « très importante chez nous », juge Pascal Gandolfini, malgré le grand succès rencontré par les webinaires incluant des forma-tions et des démonstrations de produits. Dans le second cas, Pascal Gandolfini affirme que la crise ne concerne pas seulement les semi-conducteurs. « Nous vendons des solutions intégrant des semi-conducteurs, mais aussi du plastique, de la mécanique, etc. La pénurie, qui touche aussi ces produits, est donc en train de s'étendre par ricochet sur les solutions plus intégrées. »

Avec ses produits souvent personnalisés, la société est rompue aux longs délais. Elle s'interdit les stocks spéculatifs puisqu'elle est à l'origine de la demande. « Nous connaissons les demandes et besoins de nos clients. En théorie, souligne Pascal Gandolfini, nous savons donc ce que nous allons vendre et souvent quand nous allons le vendre. Ce qui nous permet d'anticiper. » En définitive, « notre grande interrogation est notre capacité à connaître la date de facturation de toutes nos prises de commandes durant l'année fiscale ».

Les autres inconnues concernent « la teneur réelle des portefeuilles » liée à la véracité de la demande, même si de bonnes pratiques existent avec des commandes fermes exigées par des fabricants envers leurs clients, ceux-ci dévoilant alors leurs réelles finalités. « L'autre danger, en plus du blocage de la production, est potentiellement celui des nouveaux projets : les quantités en besoins du client seront plus difficiles à anticiper », souligne toutefois le président du groupe.

Enfin, l'automatisation constitue souvent l'accommodation logistique ultime aux marchés. Customisation des produits oblige, elle n'est pas totale chez Milexia, préférant travailler sur l'intelligence artificielle. « L'objectif est de faire communiquer nos ERP avec ceux des clients par les automates », explique Pascal Gandolfini. Parallèlement, le volume et la qualité du stockage des produits ont été optimisés par l'achat de tours Kardex, tandis que l'accroissement du volume de marchandises sera prochainement amorti par l'achat de scans automatiques.

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