Couverture ElectroniqueS n°127

Le rachat de la branche semiconducteurs de Philips par des fonds d'investissement lui a ouvert la porte aux acquisitions. Pour Frans van Houten, président et CEO de NXP Semiconductors, il s'agit là d'un avantage stratégique pour atteindre la taille critique. Votre stratégie a-t-elle été modifiée suite à votre rachat par des fonds d'investissement ? Si oui, de quelle manière ?Frans Van Houten : La stratégie mise en place en 2005, avant le rachat de cette activité par les fonds d'investissement, se focalisait déjà sur quelques points clés comme la taille critique de l'entreprise ou le fait que des positions de leader permettent une meilleure rentabilité et un plus grand intérêt de la part des clients. Pour autant, notre existence au sein du groupe Philips rendait très difficile toute opération de croissance externe. Ce handicap fut, entre autres, à l'origine de ce rachat. Celui-ci étant réalisé, le seul changement notable que vous pouvez constater aujourd'hui porte sur l'accélération de cette stratégie. La possibilité qui nous est offerte d'agir rapidement est l'un des avantages de ce changement capitalistique. Nous avons procédé à trois acquisitions depuis cette opération. Or, au cours des sept ou huit dernières années, nous n'en avions réalisé aucune. Les actionnaires sont aujourd'hui plus impliqués. Leur présence est d'ailleurs déterminante lorsqu'il s'agit de procéder à des opérations de croissance externe.Quelles sont vos priorités de développement ?Frans Van Houten : Je rappelle que nous développons cinq pôles d'activité : Communications mobiles, Electronique grand public, Identification, Automobile et Semiconducteurs multimarchés. Atteindre la taille critique constitue l'une de nos priorités absolues, et ceci s'applique en particulier à la branche Communications mobiles. Dans ce secteur, nous avons procédé au mois de mars dernier au rachat de Silabs, une acquisition très importante, puisqu'elle nous donne accès à des technologies RF Cmos, permettant la conception de systèmes sur puce pour téléphone mobile. Le pôle Electronique grand public nécessitait lui aussi des efforts particuliers. Nous nous sommes efforcés de simplifier son fonctionnement, tout en recrutant de nouveaux talents.Avez-vous accru votre budget de R&D, comme vous l'aviez annoncé en septembre 2006 ?Frans Van Houten : Oui. Cette année, nos investissements en R&D s'élèvent à près de 1 milliard d'euros, soit environ 20 % de notre chiffre d'affaires. Cela représente beaucoup d'argent. Dans beaucoup de secteurs, nous cherchons à faire des économies, mais ce n'est pas le cas ici. En matière de R&D, les mots d'ordre seraient plutôt : davantage d'innovations, commercialisation plus rapide et des produits compétitifs encore plus nombreux ! Notre engagement en faveur de la R&D signifie aussi simplement que l'entreprise lui doit la vie.Où en êtes-vous de votre objectif de sous-traiter jusqu'à 50 % de votre production de semiconducteurs ?Frans Van Houten : Notre objectif se situe plutôt entre 30 et 40 % et ce, à la fin de la décennie. Aujourd'hui, nous sous-traitons entre 10 et 15 % de notre production. C'est à la fois notre politique de gestion de nos actifs et la croissance de l'entreprise qui nous obligent à recourir davantage à la sous-traitance. En fait, nous n'augmentons plus nos capacités internes de production, nous préférons utiliser les services de fondeurs. Cette option est financièrement plus intéressante pour nous.Il y a deux ans, vous affirmiez qu'il était possible de produire des semiconducteurs de manière compétitive en Europe. Est-ce toujours votre sentiment ?Frans Van Houten : Environ 70 % à 80 % de nos semiconducteurs sont encore fabriqués en Europe aujourd'hui. Donc, oui, par définition, produire en Europe est encore possible. Dans le même temps, vous devez prendre en compte l'appréciation de l'euro face au dollar. Cela ne rend pas les choses faciles et le taux de change euro/dollar reste un sujet préoccupant pour l'industrie européenne. Cette tendance a donc une incidence sur notre propension à externaliser, notamment dans des zones où l'on facture en dollars. Aujourd'hui, nous sommes pénalisés par cette situation, car une grande partie de nos coûts est facturée en euros. La sous-traitance permet de compenser une partie des risques liés aux fluctuations de change.Quelle est votre stratégie de développement en Europe, et en France ?Frans Van Houten : L'essentiel de nos ressources en R&D est localisé en Europe. En fait, 80 % des 7 000 ingénieurs et chercheurs que nous employons travaillent en Europe. Et l'Europe continuera à assurer notre R&D. Dans l'Hexagone, les effectifs s'élèvent à quelque 2 000 personnes, qui travaillent pour la plupart en R&D. Mais sur les cinq pôles d'activité de NXP, la division Communications mobiles est de loin la plus importante, et celle sur laquelle se concentrent nos efforts de R&D.

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