LE NOM DE SEPROLEC APPARAÎT EN 1986 ALORS QUE LA SOCIÉTÉ SE TROUVE DANS D'ANCIENS LOCAUX THOMSON (EN 1973), PUIS ALCATEL (EN 1982) À GER (MANCHE). UN AUTRE POINT DE DÉPART A LIEU EN 2008 AVEC SA REPRISE PAR SON ACTUEL P.-D.G., PATRICK SOGHOMONIAN, ATTACHÉ À UNE CROISSANCE PÉRENNE MAIS NON DÉPOURVU D'AMBITION.
La 3 e ligne CMS a vu le jour en 2015. Une 4 e ligne CMS devrait être installée fin 2021-début 2022
Les locaux de Ger ne suffisant plus pour accompagner les futurs enjeux, Seprolec s'est installé à Vire (Calvados), dans un site industriel d'environ 5 000 m 2 , passé depuis à 9 200 m 2 . Une croissance en filigrane du chiffre d'affaires, qui a presque grimpé à 32 millions d'euros en 2018, alors que les années-crises 2009-2010 l'avaient fait tomber à 11 M€ en 2008 et 8,8 M€ en 2009, la dernière année déficitaire chez Seprolec. Le bilan est différent en 2020, avec des fonds propres représentant environ 12 M€ pour l'exercice en cours, soit 50 % du bilan et une « capacité de résistance en cas de coup dur considérable ». D'autre part, la dette est pratiquement nulle, le chiffre d'affaires est en hausse (4 %) et la rentabilité « très significative », avec une année sans arrêt de travail pour les 130 salariés. Depuis 2010, Seprolec a en moyenne investi 1 M€ par an, dont 600 000 euros en équipements car « son histoire est […] surtout une question de rentabilité, synomyme de cash-flow, afin de pouvoir investir dans les moyens d'équipements et humains et assurer l'avenir de la société […]. Ces investissements ont été construits de manière mesurée, mais surtout sans mettre en péril l'endettement de l'entreprise […]. Pour 2020/2021, nous avons un plan d'investissement de 1,2 M€ sans aides. Nous en avons fait la demande auprès de la puissance publique, sans toutefois attendre sa réponse pour engager nos investissements. »
Ces derniers ont consisté à adapter les moyens de production aux différents types de produits demandés : deux lignes MyData (une 4 e ligne CMS devrait être installée fin 2021-2022) à déplacer, des fours de refusion dernier cri, dont une machine traitant de plus gros volumes pour notamment Devialet, un robot de vernissage dans sa pièce dédiée avec système d'absorption des solvants, des moyens de test auxiliaires, une vague sélective, etc. Multi-secteurs, Seprolec a, en deux ans et demi, travaillé leur redéploiement, aboutissant à une homogénéité dans leur ventilation pour le multimedia, les satellites, l'aéronautique et la défense, les réseaux de communication, etc. Dans ce portefeuille, la société s'est vue certifiée ISO 13485 pour le domaine médical en 2020.
ARIA D'ABORD, L'ALLEMAGNE ENSUITE
Comment se présente l'avenir chez Seprolec ? L'Allemagne a déjà été évoquée dans le passé, mais là encore, « solide » semble être le maître-mot du P.-D.G. : « Il faut d'abord être très fort sur son marché domestique, avant de songer à l'être à l'étranger ». C'est ainsi qu'il préfère s'occuper d'Aria (30 salariés), une société rachetée en difficulté en 2018, basée dans l'Ariège et experte dans le domaine de la défense. Restructurée depuis, « elle sera à l'équilibre, et peut-être même plus, avec une situation assainie fin 2021 ». Les visions vers le Rhin se fixeront d'ici « deux-trois ans, avec une idée déjà précise de l'opération ». Outre l'idée de souveraineté européenne, la raison est évidente : « L'Allemagne est la première nation industrielle européenne, il s'agit de notre premier fournisseur et client. Pourquoi irions-nous chercher ailleurs ? [D'autant] qu'il y a un véritable projet industriel pour une industrie franco-allemande, que l'on observe déjà à haut niveau avec Nexter, Airbus, Thales. »
atrick Soghomonian, .-D.G. de Seprolec
« Tous nos résultats depuis dix ans ont été réinvestis sous forme de reports, à nouveau dans les fonds propres. Le fait de ne pas verser de dividendes aux actionnaires, de reverser tous les fruits de l'activité dans l'entreprise est une réelle vertu. »
Clôturant le volet étranger, Patrick Soghomonian affirme : « Je ne mettrai jamais d'argent dans un pays à bas coût, et il n'en a jamais été question ». L'avenir électronique en France passe par la création de valeur industrielle avec des produits au juste coût, « par l'investissement massif afin de se prémunir des réactions en chaîne et éviter d'aller à l'étranger », un non-sens pour lui : « La technologie est de plus en plus automatisée, avec des coûts de main-d'œuvre en baisse régulière, sauf dans les très grandes séries ». À propos de la pénurie de composants chez Seprolec, le dirigeant explique : « Nous sommes touchés par des délais plus longs, mais nous avons anticipé auprès de nos fabricants et distributeurs de composants des commandes fermes sur un an, voire deux. Sans généraliser, d'autres sociétés comme la nôtre, elles-mêmes touchées, gèrent, je pense, cette pénurie au mieux de leurs intérêts. Le problème de cette pénurie est donc différent selon les secteurs et selon les types de fabrication de chacun. »
« TERREAU FORMIDABLE »
À la question des avantages ou des contraintes propres à la Normandie, le P.-D.G. estime la ville de Vire bien située – « Même si les voies de communication alentours pourraient être encore améliorées ». Pour les autres aspects, « nous avons un président de région plutôt dynamique dans l'ensemble, avec une puissance publique aussi suffisamment présente lorsque nous en avons besoin ». Seprolec est également l'un des 160 adhérents à Normandie AeroEspace, « cluster réunissant beaucoup d'acteurs de la filière dans le domaine de l'aéronautique, de la défense, du spatial ; cela crée un lien supplémentaire ». Dossier brûlant s'il en est, l'emploi électronique s'anticipe via « un centre de formation dans la maintenance, avec un BTS de qualité, mis en place à Vire avec un co-financement ». Globalement, « lorsque les actions sont développées, l'environnement est ouvert, stable et volontaire ».
Le bassin de l'emploi révèle « des agences d'intérim assez dynamiques établissant le lien avec Pôle Emploi ». Comme souvent, les postes d'opérateurs regorgent de profils variés, formés par Seprolec ou le lycée technique alentour, « un terreau formidable pour recruter des personnes en intérim puis en CDD pouvant être, à terme, titularisées ».
L'embauche est plus longue et délicate (obligeant parfois le recours aux chasseurs de têtes) pour les techniciens supérieurs, les Bac +5, ou les commerciaux. Ces derniers sont « de véritables ingénieurs devant être polyvalents, sachant réaliser des analyses financières avancées qui seront utilisées dans le choix de nos prospects ». Patrick Soghomonian évoque enfin des salaires « tout à fait honorables », et la proximité de Caen et de Rennes « plutôt favorable, mais également celle de Nantes ou de la Mayenne, où les recrutements sont en progrès ».