Les longues mémoires se démocratisent en milieu de gamme

Le 01/05/2002 à 0:00 par Philippe Schwartz

Figurant parmi les oscilloscopes de bandes passantes 350 et 500 MHz les moins chers du marché, les 54641A/D et 54642A/D d'Agilent sont les premiers de leur catégorie à offrir une capacité mémoire de plusieurs méga-octets.

Après avoir décliné sa technologie MegaZoom en entrée de gamme sur les 5462x de bandes passantes 60 et 100 MHz puis, tout récemment, en haut de gamme sur la plate-forme Infiniium à 600 MHz et 1 GHz (Electronique n° 121, p. 32), Agilent Technologies vient de l'implanter sur des modèles économiques à deux voies de 350 et 500 MHz. Ce qui permet à la société de proposer à nouveau des produits compétitifs, les 54 641 et 54 642, dans un secteur de l'oscilloscopie où son offre n'était plus concurrentielle depuis quelques années, en comparaison notamment des TDS3000 et autres Waverunner de Tektronix et LeCroy.

Une fois de plus la technologie MegaZoom, qui permet de concilier la gestion de grandes capacités mémoire et une réactivité élevée aux changements de réglage de l'opérateur, n'induit pas de surcoût significatif. Résultat, les 54 641 et 54 642 sont les seuls dans leur catégorie de prix à bénéficier d'une mémoire de 4 Mo sur chacune de leurs deux voies, comme notre tableau en fait foi : aucun autre ne possède en standard plus de 500 ko.

Parmi les points faibles de la nouvelle série 5464x, on relève un fonctionnement uniquement par échantillonnage en temps réel (comme les TDS3000), ce qui limite la résolution temporelle accessible sur signaux répétitifs. Plus gênant, ce mode opératoire à une cadence maximale de 1 Géch./s en bicanal ne permet pas de profiter de la totalité de la bande passante de 500 MHz : certes, le repliement est évité, mais deux points n'ont jamais suffi pour reconstituer fidèlement un signal (sauf s'il est parfaitement sinusoïdal, mais qui étudie de tels signaux ?). On regrettera aussi la non-disponibilité, au moins optionnelle, d'un écran couleur ­tous les produits concurrents en ont un­ et surtout l'absence d'un modèle à quatre voies, comme le 54624A à 100 MHz.

16 voies d'analyse logique en prime

Les 54 641 de bande passante 350 MHz et les 54 642 à 500 MHz existent en deux versions. Les modèles A sont de classiques oscilloscopes, dont la capacité mémoire de 4 Mo et la cadence de conversion de 1 Géch./s sur chacune des deux voies sont doublées lorsqu'une seule est active. De coûts supérieurs d'environ 2 500 euros à leurs homologues, les versions D sont ce qu'Agilent appelle des oscilloscopes pour signaux mixtes (ou MSO pour mixed signal oscilloscopes), un intitulé qui signifie qu'ils sont capables d'acquérir des signaux analogiques et numériques. De fait, ils se différencient des modèles A par l'ajout de 16 voies d'analyse logique temporelle : celles-ci travaillent jusqu'à 1 GHz et leur profondeur mémoire est de 4 Mbits. Avec ces MSO, l'utilisateur peut afficher simultanément les deux types de signaux sur une même échelle temporelle. A notre connaissance, Yokogawa est le seul constructeur à proposer également 16 voies temporelles sous forme d'option sur ses DL7 x 00, qui sont des oscilloscopes 4 voies -500 MHz.

Ce concept de MSO a été introduit par le numéro un mondial de l'instrumentation en 1996 avec le 54645D, par ailleurs premier oscilloscope à mettre en œuvre la technologie MegaZoom avec une vitesse d'affichage atteignant 3 Mpoints/s. Ce procédé a, bien sûr, été amélioré puisque, sur ses 5462x comme sur ses derniers nés, Agilent fait état de 25 M vecteurs/s. Mais plus que ce chiffre témoignant d'un taux de rafraîchissement très élevé, ce qui importe est que l'architecture à la base de MegaZoom permet de conserver une grande vitesse de capture, même quand de longues mémoires sont utilisées. Ainsi, l'appareil répond instantanément à une modification de réglage, par exemple un changement de base de temps pour détailler une zone de signal intéressante. Selon Agilent, dans de telles circonstances, la réaction des oscilloscopes concurrents est plus lente, au point qu'elle atteint parfois plusieurs secondes, la conséquence en étant que les utilisateurs renoncent souvent à se servir des longues mémoires.

Rien de tel donc avec MegaZoom, à tel point que la fonction « autos-cale » s'efforce toujours de fournir une résolution temporelle optimale, autrement dit de garder une vitesse d'échantillonnage la plus haute possible : elle sera de ce fait maximale tant que la fenêtre d'acquisition ne dépassera pas les 4 ms autorisées par la capacité mémoire, et diminuera seulement pour des valeurs de base de temps plus lentes que 400 µs/division. Habituellement, sur un oscilloscope l'autoset se contente d'obtenir quelques périodes et n'utilise que peu de mémoire ; si le signal n'est pas rapide, la cadence d'échantillonnage sera faible et la résolution temporelle médiocre : pour l'accroître, l'opérateur devra modifier la base de temps ou augmenter la mémoire d'enregistrement.

Les 54 641 et 54 642 font appel à la même plate-forme matérielle que les 5462x avec, donc, le même écran monochrome, qui présente toutefois l'avantage d'une résolution élevée : 1 000 points en horizontal pour un affichage d'une portion de mémoire double qu'il est de tradition, et 32 niveaux de gris (ou plutôt de vert) pour une émulation encore plus réaliste du comportement d'un phosphore analogique. La totalité de la mémoire est toujours restituée sur l'écran, ce qui implique un affichage en trois dimensions, même sur une acquisition unique : sur un enregistrement de 1 Mo, par exemple, à chaque valeur d'abscisse seront associées 1 000 données en mémoire, et les points correspondant aux valeurs d'amplitudes les plus fréquentes du signal seront les plus lumineux.

Copy link
Powered by Social Snap