En dépit d'un marché morose, les éditeurs de logiciels de CAO de cartes se doivent d'enrichir leur offre : la conception des cartes rapides impose d'utiliser des modules d'analyse du signal et d'intégrer ces contraintes dans le routeur. Une meilleure intégration du flot de conception oblige les éditeurs à s'intéresser aux bases de données, au travail en équipe et à la réutilisation des conceptions.
On pourrait presque parler de paradoxe à propos du secteur de la CAO électronique de circuits imprimés. En effet, ce marché, estimé niveau mondial à environ millions de dollars en 2001 comparer aux 4 milliards de dollars pour l'ensemble du domaine de la CAO électronique), est en faible progression d'une année sur l'autre il s'agit essentiellement d'un marché de renouvellement et ne semble pas bénéficier d'un dynamisme exceptionnel. Pourtant, les problèmes posés par les nouvelles générations de cartes, aux fréquences d'horloge élevées et intégrant de nombreux composants à très haute densité, réclament des outils de schématique et de placement - routage de plus en plus sophistiqués. D'ailleurs, ces dernières années, les grands acteurs du domaine de la CAO ne se sont pas désintéressés de la question, loin de là. Une vague de rachats successifs (Orcad par Cadence, Veribest puis Innoveda, qui lui-même avait acquis Pads, par Mentor, Protel, devenu le groupe Altium, qui a intégré P-Cad) leur a permis d'étoffer leur offre avec des solutions performantes, d'entrée ou de moyenne gamme, sur PC. Ces solutions bénéficient de la puissance accrue des PC, associée aux facilités d'ergonomie offertes par Windows, et sont capables de répondre à la plupart des besoins des concepteurs. Cette situation fait qu'à l'heure actuelle plus de 90 % des logiciels de CAO de cartes du marché sont basés sur PC, ceux sous Unix étant désormais cantonnés aux gros projets menés en équipes.
En terme de marché, les logiciels de CAO électronique peuvent se classer en trois grandes catégories. La première couvre les logiciels d'entrée de gamme capables de traiter un grand nombre de cartes électroniques, mais limités techniquement dès qu'il y a intégration d'un nombre important de boîtiers de haute densité, ou bien lorsque les problèmes d'intégrité de signal se posent avec acuité. Citons par exemple Eagle de la société allemande CadSoft, Circuit Maker d'Altium ou encore Windraft/Winboard d'Ivex. Leurs prix de licence varient ente 1 000 et 3 000 euros. Dans la seconde catégorie, on trouve des logiciels de moyenne gamme capables de traiter des circuits complexes. Ces solutions monopostes peuvent être utilisées soit ponctuellement (un projet tous les deux ou trois mois), soit de manière intensive, par exemple par des sociétés de sous-traitance en électronique. C'est le cœur du marché. On y trouve notamment les logiciels P-Cad 2002 d'Altium, Orcad de Cadence, Pads et Expedition de Mentor ou Cadstar de Zuken. Leurs prix de licence varient de 4 000 à 10 000 euros. Au-delà, on trouve des solutions haut de gamme destinées aux gros projets avec travail collaboratif, gestion avancée des bases de données et conception d'un nombre élevé de cartes complexes. Il en existe trois sur le marché : PCB Design Studio de Cadence (qui regroupe les produits Capture, Allegro et SpectraQuest), Board Station de Mentor et enfin Board Integrity Solution CR 5000 de Zuken. Les prix de licence peuvent aller pour ces solutions jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Côté organisation, tout ce qui a trait à la gestion du process de conception d'une carte prend désormais une très grande importance. Pour les grosses entreprises, la maîtrise de leur bibliothèque de composants et la rationalisation du flot de conception, jusqu'aux étapes de fabrication, devient une priorité. Surtout si plusieurs équipes travaillent en parallèle sur un même projet, ce qui est de plus en plus fréquent pour les projets d'envergure. Il s'agit pour ces sociétés de mieux intégrer la CAO électronique dans l'informatique de l'entreprise, avec notamment une meilleure administration des bases de données composants, souvent disséminées, redondantes et non facilement accessibles par les concepteurs.
Parmi les fonctions importantes apportées par cette approche, citons la possibilité de réutiliser des conceptions ou des morceaux de conceptions déjà réalisées, la gestion de la traçabilité des modifications de l'étude, la remontée d'informations pour les sous-traitants (exemple : des problèmes sur les pastilles de test à répercuter auprès du bureau d'étude), ou encore la gestion de la durée de vie et de l'obsolescence des composants utilisés sur la carte. Cet ensemble de fonctionnalités, non directement liées à la technologie proprement dite des logiciels de CAO, est pourtant au cœur de l'offre des solutions haut de gamme, et commence à devenir important dans les projets plus modestes.
Aujourd'hui, les informations issues des modules d'analyse de signaux sont reliées à la shématique et au routeur, afin de réaliser un placement-routage sous contraintes à partir d'une base de données unique. La simulation est utilisée pour des projets complexes. L'analyse CEM, peu exploitée pendant la phase de placement-routage, est généralement conduite une fois que la carte est routée.