Couverture ElectroniqueS n°127

Si le marché des passifs montre au premier trimestre 2004 une progression même timide, l'année sera marquée par des restockages et peut-être des pénuries, estime Shawn Wood, Senior Analyst pour les composants passifs et les accumulateurs d'iSuppli, qui n'est toutefois pas convaincu. Du point de vue du marché, comment s'est déroulée l'année 2003 pour les composants passifs ? Difficile de tirer dès à présent le bilan de l'année. Les deux premiers trimestres 2003 ont été marqués pour pratiquement tous les passifs par des baisses conséquentes des prix de vente moyens. Beaucoup plus robuste en termes d'activités, le troisième trimestre a montré un ralentissement de la chute des prix, et le quatrième trimestre devait être encore meilleur de ce point de vue, retrouvant une hausse saisonnière classique de fin d'année. Pour le marché mondial des condensateurs, alors qu'en 2002 les ventes en valeur avaient baissé de 5 %, elles devraient remonter d'autant en 2003. En volume, par contre, pour l'ensemble des résistances et condensateurs, la progression serait de 20 %, le prix moyen étant passé de 0,0113 $ au premier trimestre à 0,0098 $ aujourd'hui.Comment voyez-vous évoluer les ventes de composants passifs à court et moyen termes?A court terme, il semble que les prix de vente moyens doivent se stabiliser, même s'il y a toujours une pression sur les condensateurs céramiques et tantale et que la Chine reste agressive dans ce domaine. Pour 2004, deux scénarios sont probables. Si le premier trimestre témoigne du ralentissement saisonnier typique d'un début d'année, alors le marché des composants passifs devrait connaître en 2004 une croissance assez raisonnable de 8 % en valeur et 11 % en volume. En revanche, si au premier trimestre 2004 il y a une croissance séquentielle, de simplement 2 %, au lieu du ralentissement habituel, alors la progression pourrait être très forte et bien au-delà des 8 %. La croissance qui sera au-dessus de cette valeur de 8 % correspondra à une alimentation des stocks, alourdissant les chaînes d'approvisionnement, et au final les fabricants de composants ayant réduit la voilure pendant 2 ans pour baisser leurs coûts pourra éventuellement aboutir à des situations de pénurie. Mais je suis plutôt enclin à penser que c'est la première hypothèse qui va se réaliser, car les industriels sont devenus beaucoup plus attentifs à tous les niveaux de la chaîne d'approvisionnement, que ce soit l'ODM, l'OEM, l'EMS ou le fabricant de modules.A plus long terme, existe-t-il des applications qui vont permettre de tirer le marché des passifs vers le haut ? Nous avons identifié une bonne dizaine d'applications qui vont consommer plus de 10 millions de dollars de passifs en 2004 et qui sont en pleine croissance. La plus prometteuse est l'enregistreur vidéo DVD, qui devrait bientôt inonder le marché, mais il y a aussi le haut débit avec les modems xDSL, les points d'accès WLAN, les télévisions numériques. Tout un monde électronique grand public est en train de basculer vers le numérique et intrinsèquement va consommer beaucoup de composants passifs. Tous les produits dits de convergence, c'est-à-dire ceux qui intègrent des fonctions jusqu'à maintenant vendues séparément, sont également très consommateurs de passifs. Par contre, si l'automobile grignote actuellement des parts de marché en passifs, elle devrait bientôt replonger, quand les fabrications d'équipements automobiles seront sous-traitées en Chine. Enfin, s'il y a une “ killer application ” à choisir, pourquoi pas la robotique personnelle ? Ce sont de vraies mines d'or pour l'électronique : une ribambelle de capteurs, des processeurs, une bonne douzaine de moteurs avec leurs contrôleurs, des caméras, des liaisons sans fil.Aujourd'hui, encore plus qu'il y a quelques années, les semiconducteurs semblent truster les innovations technologiques. Les composants passifs ont-ils encore un avenir ? Certes, beaucoup d'appareils électroniques récents sont construits principalement autour d'améliorations en semiconducteurs, notamment en circuits intégrés de traitement numérique de l'information, mais ces circuits nécessitent également toujours plus de condensateurs, résistances, inductances, dont les performances sont poussées à leurs limites. Prenons l'exemple des appareils photo numériques, un marché en véritable explosion, surtout en Europe. Si les performances sont aujourd'hui à la hauteur de ce que demandent les utilisateurs, c'est essentiellement dû au capteur images et au circuit de traitement. Mais c'est également grâce à un petit composant passif, le supercondensateur, qui permet d'améliorer l'autonomie de 300 %. De même, en matière de condensateurs, les dernières innovations ne sont pas si négligeables. Il y a par exemple les modèles au niobium, qui commencent véritablement leur vie sur le marché. Ce sont de bons compléments des versions tantale, tout comme les condensateurs aluminium polymère, qui regroupent maintenant un certain nombre d'acteurs. Derniers arrivés, les modèles en silicium présentés par Vishay, sans parler des progrès des modèles céramiques. La miniaturisation submillimétrique reste un challenge pour les composants; cependant, le format pavé CMS 0201 pour les condensateurs, résistances et inductances a déjà réussi sa percée avec près de 10 % du marché. Enfin, maintenant que les coûts de placement des discrets surpassent bien souvent celui des composants, l'intégration passive, restée longtemps plutôt expérimentale, a plus que jamais un rôle à jouer et un marché à conquérir.

« Le premier trimestre 2004 sera décisif pour les passifs »

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