Publier et partager des données sur le Web, assurer une commande à distance des appareils de mesure et, en final, arriver à une exécution distribuée des applications entre plusieurs postes distants : toutes ces possibilités, autorisées par l'environnement LabView de NI, ont vu leur mise en œuvre notablement simplifiée avec la plus récente version de ce logiciel.
De même que les évolutions rapides des technologies de la micro-informatique ont considérablement transformé la façon d'automatiser les mesures, l'explosion du réseau est en train de révolutionner l'architecture même des solutions de mesure sur PC. Certains n'hésitent pas à affirmer que le développement des technologies réseau inaugurait l'ère de « l'après PC ». En réalité, le réseau induit une profonde mutation de la plate-forme PC… sans pour autant l'envoyer au musée. Les entrées/sorties, les processeurs, la mémoire et l'affichage restent les composantes de base d'un micro-ordinateur. Ceci dit, il n'est plus nécessaire de réunir ces composantes dans une unité autonome : grâce aux technologies réseau, elles peuvent être placées à des endroits distincts, appropriés à l'application. La plate-forme est fondamentalement la même, mais ses possibilités de déploiement sont bien plus riches. En utilisant le réseau dans vos solutions de mesure, vous pouvez notamment distribuer des E/S dans une unité de production, accroître la puissance processeur au niveau d'un centre de contrôle pour des opérations d'analyse sophistiquée, enregistrer des résultats de traitement dans une base de données partagée et afficher des informations clefs n'importe où sur la planète, à partir d'un simple navigateur Web. La réalisation de tout cela repose sur un outil essentiel : le logiciel.
Assez vite, National Instruments a intégré dans son logiciel de programmation graphique LabView des fonctionnalités permettant de tirer profit des technologies réseau dans le cadre des applications de test et de mesure. C'est en août 2000 que cet environnement de développement a adopté une coloration franchement « réseau » avec la version 6.0, baptisée 6i (i comme Internet, bien sûr). Si LabView 6i embarquait toutes les technologies réseau du moment, NI vient d'enfoncer le clou avec la version 6.1 : plus complète que la précédente, notamment avec le support de XML, elle tend surtout à faciliter l'usage de ces nouvelles technologies pour rendre le développement des applications aussi rapide que possible (voir encadré).
C'est ainsi qu'aujourd'hui toute application LabView peut être transformée en une application déportée, accessible par le Web, sans augmentation du temps de développement. Des fonctions de haut niveau ont été intégrées dans l'environnement pour permettre à l'utilisateur de générer des rapports Web à l'aide de Microsoft Excel ou Word, sans qu'il ait besoin de concevoir ni de développer des interfaces de bas niveau. Il est aussi possible d'activer le partage de données instantanées pour certains éléments de l'interface utilisateur, simplement en sélectionnant l'option correspondante dans la fenêtre de propriétés. Ces possibilités ne permettent pas seulement de gagner du temps de développement, elles servent aussi à exploiter les avantages inhérents au Web.
Pour partager des informations et des données sur le Web, de nombreuses technologies sont disponibles. Par souci de clarté, nous avons divisé les modes d'exploitation d'Internet en quatre types principaux : la publication de données, le partage de données, la commande à distance et l'exécution distribuée.
- La publication de données génère sur le Web un rapport de résultats de test totalement statique. En fait, il s'agit là d'une version électronique du traditionnel rapport imprimé, avec l'avantage de la facilité d'accès et de consultation à partir de n'importe quel navigateur Web.
- Le partage de données va plus loin que la publication en incluant la transmission des données instantanées. Ces données peuvent ainsi faire l'objet de traitements sur des postes spécialisés distants. Certaines applications sont à même d'exiger un transfert des données instantanées à des fins d'analyse supplémentaire, de stockage ou encore de surveillance des mesures en cours.
- La commande à distance étend le concept de partage des données à la possibilité pour un calculateur distant de se connecter à un poste d'expérimentation et d'en prendre le contrôle. Cette faculté intéresse en premier lieu les applications en environnements difficiles ou devant tourner toute la nuit ; elle permet d'éviter une présence humaine sur place en continu.
- L'exécution distribuée combine plusieurs des précédents concepts dans une architecture système, qui autorise un partage des parties acquisition et analyse d'une application de test entre différents ordinateurs. Les systèmes du futur seront probablement composés de ce que l'on appelle des nœuds de mesure, capables de transférer des données entre calculateurs, de façon à ce que différentes parties du test s'exécutent à divers endroits, les données pouvant rester corrélées et utilisées pour commander d'autres matériels.
Enfin, vous pouvez profiter du réseau pour répartir l'exécution d'une application, en consacrant certaines machines à l'acquisition ou au contrôle, et en confiant l'analyse et la présentation à d'autres calculateurs. Chaque poste étant optimisé pour remplir des fonctions particulières sur les données partagées, le réseau ainsi constitué fonctionne comme un système à part entière.
Pour certaines applications de test et de contrôle, vous pouvez avoir besoin d'une solution embarquée fiable. Dans de tels cas, le module LabView Real-Time est téléchargeable dans un contrôleur PXI ou un système d'E/S distribuées FieldPoint. L'application tourne alors sous l'OS temps réel de ces contrôleurs, mais continue à être accessible sur un ordinateur hôte via Ethernet. Depuis cet ordinateur, vous pouvez utiliser la fonctionnalité des faces avant déportées, propre à l'environnement de développement graphique, pour contrôler l'application, ou alors utiliser la technologie DataSocket pour transférer les données directement de la cible temps réel. Le calculateur hôte est à même de faire office de serveur afin de répartir ces données vers d'autres postes. A noter que le code correspondant aux portions d'application destinées à un fonctionnement sous OS temps réel est créé et testé sous Windows, avant d'être téléchargé vers les nœuds de mesure.
Annoncée en février dernier, la version 6.1 de l'environnement de développement graphique LabView de National Instruments présente de multiples améliorations. Celles-ci concernent la vitesse d'exécution des algorithmes FFT, l'apparition d'une structure événementielle pour la gestion des interfaces utilisateurs, l'optimisation de fonctions d'analyse pour les données acquises point par point (objet d'un brevet en cours), l'interaction avec des outils de révision de code comme Perforce et Visual Source Safe, la possibilité de générer des fichiers installeurs MSI, le support des GIF animés, la faculté de communiquer avec des matériels sans fil via un port IrDA… Mais LabView 6.1 se distingue surtout par ses capacités à simplifier la création d'applications utilisant les technologies réseau. Le nouvel environnement s'appuie en cela sur les fonctionnalités Internet de la version précédente, LabView 6i, introduite à l'été 2000 (Electronique n°109, p. 32), en les intégrant sous forme de fonctions de haut niveau. Résultat : deux clics de souris suffisent pour embarquer instantanément la face avant d'une application dans un navigateur Web, alors qu'il faut généralement beaucoup de temps pour développer n'importe quelle application distante. A cette ressource, appelée « faces avant déportées », s'ajoutent le support du format XML et la compatibilité avec Windows XP. La version 6.1 fonctionne, en effet, de façon transparente sous le récent système d'exploitation de Microsoft, qui apporte diverses améliorations ayant trait à l'utilisation en réseau et garantit aux ingénieurs une plus grande stabilité.