Couverture ElectroniqueS n°127

La connectivité IP s'est répandue presque partout… sauf dans les applications M2M. Wavecom lance une solution élégante pour mettre un terme à cet état de fait. Baptisée RIPlink, sa technologie est ouverte à toute société tierce. Alors que les technologies IP (Internet Protocol) se sont propagées un peu partout dans le monde des réseaux, les déploiements d'applications M2M (communication de machine à machine) sont encore, en grande majorité, basés sur des technologies et des équipements non compatibles IP. Les raisons en sont multiples, mais liées essentiellement à des problèmes de consommation d'énergie, de ressources systèmes et de coût. Plusieurs initiatives d'envergure tentent toutefois de mettre un terme à cet état de fait, en particulier au sein d'instances de normalisation telles que l'IETF, organisme à l'origine des projets 6LoWPAN(1) et Roll (voir EI n° 675). De leur côté, les industriels n'hésitent pas à proposer de nouvelles idées, à l'instar du californien Arch Rock qui, avec le protocole CAP, tente de mixer astucieusement le protocole IP aux profils ZigBee* (voir EI n° 678). C'est aujourd'hui au tour de Wavecom, fournisseur majeur de modules M2M, d'avancer ses pions. Baptisée RIPlink (Remote IP Link), la technologie élaborée par le Français a vocation à simplifier la connexion aux réseaux IP d'applications M2M tournant sur des équipements non-IP. Et Wavecom se veut prosélyte ! Afin que la communauté M2M puisse bénéficier de sa technologie, la firme française en a rendu les spécifications publiques. Elles sont accessibles sur le site www.riplink.org. Un déploiement peu onéreux et non contraignantSelon Wavecom, l'un des avantages de RIPlink réside dans son déploiement rapide, peu onéreux et non contraignant, puisque son implantation concrète n'engendrerait aucun impact sur les piles protocolaires du réseau non-IP et ne nécessiterait que peu de ressources mémoires au niveau de l'équipement hébergeant l'application M2M (compteur d'énergie, matériel de télématique automobile, équipement immotique ou domotique, système de télésurveillance, appareil de suivi médical, etc.). Le code à intégrer ne pèse en pratique qu'un peu plus de 10 Ko (contre plusieurs centaines de kilooctets pour une pile TCP/UDP/IP classique), n'exige que quelques centaines d'octets de mémoire Ram pour son exécution et aurait un impact minimal sur les performances du microprocesseur (ou du microcontrôleur) utilisé. La technologie repose en fait sur l'existence d'une passerelle (RIPlink Gateway) connectée, d'une part, au réseau IP et, de l'autre, à un ou plusieurs réseaux non-IP (ZigBee, CPL*, CAN*, etc.). C'est en réalité cette passerelle qui accueille les protocoles TCP/UDP/IP, aucune pile logicielle IP n'étant requise au niveau de l'équipement M2M (voir schéma). Par ailleurs, le réseau non-IP sous-jacent auquel ce dernier est connecté reste inchangé. L'équipement M2M/RIPlink doit simplement intégrer un petit logiciel qui lui permet, d'une part, de communiquer avec la passerelle via un protocole léger de type RPC(2) du nom de RSP (Remote Socket Protocol), et, d'autre part, d'héberger des applications IP (serveur ou cliente). Ces dernières sont alors vues par le réseau IP comme des applications IP traditionnelles qui s'exécuteraient sur la passerelle. A noter que cette dernière peut gérer simultanément plusieurs équipements RIPlink au travers d'un ou de plusieurs réseaux non-IP distincts. « A long terme, il est évident que l'intérêt de connecter directement et d'intégrer pleinement les équipements à des réseaux IPv6* prévaudra, grâce aux initiatives 6LoWPAN et Roll, note Wavecom. Mais il sera nécessaire pendant un bon moment de placer des passerelles entre les infrastructures IP et 6LoWPAN, car les réseaux IP traditionnels ne vont pas supporter immédiatement le protocole 6LoWPAN… d'autant que certains ne sont même pas encore compatibles IPv6 ». Un constat qui conforterait l'intérêt à court et moyen terme de l'approche développée par le Français. La technologie RIPlink a d'ailleurs déjà été portée et démontrée avec succès sur plusieurs réseaux de communication non-IP, radio (ZigBee) et filaire (CPL). Spécialisée dans les solutions sans fil de télémétrie intelligente, la société italienne AP Systems a notamment conçu un concentrateur qui utilise le procédé RIPlink pour collecter des données de consommation électrique par CPL et de gaz par ZigBee. Egalement utilisé pour d'autres applications telles que le contrôle de l'éclairage de la voie publique par CPL, ce dispositif réalise des calculs à des fins de facturation et envoie ces informations au système central de gestion par une liaison GPRS. (1) Ce standard autorise des communications IPv6 sur des liens radio compatibles avec la norme IEEE 802.15.4, grâce, notamment, à une méthode de compression des en-têtes IPv6.(2) Remote Procedure Call.*cf lexique page 46

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