Couverture ElectroniqueS n°127

Le FAI lance une offre combinant téléphonie, accès à Internet et télévision à partir du 1er décembre. Quinze jours avant France Télécom et TPS, un mois avant Canal+ et LDCom. Mais seuls les résidents des zones “ dégroupées ” pourront en bénéficier. Le trublion français de l'accès à Internet a encore frappé. Michaël Boukobza, le directeur général adjoint de Free, lance à partir du 1er décembre une offre de télévision sur ADSL qui complète les deux services qu'il proposait déjà : l'accès à Internet d'une part, et la téléphonie sur ADSL d'autre part. Ce lancement est spectaculaire à plus d'un titre. Son timing, tout d'abord. Il intervient précisément quinze jours avant la mise en orbite, dans l'agglomération lyonnaise, de TPSL, une offre similaire (bien qu'uniquement vidéo) concoctée par France Télécom et TPS (contrôlé à 66 % par TF1 et à 34 % par M6). L'effet de surprise est d'autant plus grand que, le mois dernier, Michaël Boukobza affirmait encore à notre confrère Satellifax que ce lancement n'interviendrait pas avant 2004. Le patron de Free ne se contente pas de coiffer au poteau ces deux poids lourds de la communication, il grille également la politesse à Canal+ et LDCom. Hasard du calendrier ? Conséquence de l'attrait de plus en plus évident de ce marché ? Canal+ a en effet annoncé en fin de semaine dernière qu'il avait signé un accord avec l'opérateur LDCom en vue de commercialiser une offre de même nature en janvier prochain.Fausses notesFree estime que son offre sera un jour accessible à 30 millions de personnes, celles qui, précisément, résident dans des zones de dégroupage dites “ à option 1 ”, soit plus d'une vingtaine de grandes agglomérations dont Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Lille ou Strasbourg. Pour l'heure, Free espère atteindre le million d'abonnés en décembre 2005. La simplicité de l'offre, sa lisibilité, l'avantage d'une facturation unique regroupant trois services spécifiques constituent autant d'atouts précieux pour les abonnés de Free, et leur FAI, qui espère de cette manière convertir au moins 50 % d'entre eux à son offre TV. En fait, les deux seules fausses notes, dans cette initiative, proviennent des contenus : d'une part, la VOD (pour video on demand) ne figure pas du moins pour l'instant dans l'offre Free, contrairement à ce qui est prévu chez TPSL (il faut dire qu'elle demande d'énormes ressources en bande passante). D'autre part, le bouquet TV ne mentionne aucune des chaînes des opérateurs de télévision payante TPS et Canal Satellite, ainsi que leurs actionnaires, TF1, M6 et Canal+. TF1, qui a refusé de communiquer à Free les conditions contractuelles et tarifaires qui lui auraient permis de compléter son offre, vient d'ailleurs de se voir assigner par le FAI devant le Conseil de la concurrence pour abus de position dominante. Or, ce nouveau marché échappe pour l'instant à toute réglementation. « Si la TV sur ADSL n'était pas une innovation, la question de l'homologation tarifaire se poserait clairement. Mais comme cela en est une, il convient d'attendre et de laisser sa chance à ce service », déclarait récemment Paul Champsaur, président de l'ART, lors des journées internationales de l'Idate, à Montpellier. Quant au modèle économique de Free, il repose pour l'essentiel sur la vente d'accès au Net. Aucun abonnement n'est demandé pour l'offre TV, les chaînes ne reversent rien au FAI pour leur diffusion et les revenus générés par les chaînes payantes sont partagés avec les éditeurs de contenus. En fait, Free, qui possède son propre réseau de télécommunications, estime qu'il est déjà rentable en vendant un simple abonnement ADSL à 29,99 euros : « Nous continuons sur notre idée, qui est d'enrichir nos services sans changer le prix. L'abonnement à 29,99 euros par mois nous permet de vivre », explique Michaël Boukobza. Free devance aujourd'hui France Télécom et TF1. Cet avantage paraît pourtant bien fragile en regard des capacités logistiques de ces deux acteurs. Certes, l'offre TPSL n'intéresse dans un premier temps que l'agglomération lyonnaise et son déploiement ne se poursuivra qu'au printemps 2004 avec Paris, puis ensuite dans les autres grandes villes de France. Pour autant, l'opérateur historique dispose d'un réseau libre de toute contrainte liée au dégroupage et peut, du jour au lendemain, mobiliser équipes marketing et forces de vente, en s'appuyant sur son parc d'abonnés Wanadoo. Quoi qu'il en soit, le marché de la télévision sur ADSL est devenu une réalité commerciale tout en rendant encore un peu plus incertain l'avenir du câble et de la télévision numérique terrestre.

Free donne le coup d’envoi de la télévision sur ADSL

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