Couverture ElectroniqueS n°127

En donnant le coup d’envoi des Etats Généraux de l’Industrie, le ministre a lui-même dévoilé un certain nombre de propositions visant à donner un nouvel élan à l’industrie française. Cela faisait plusieurs décennies que les industriels n’avaient pas été témoins d’un tel engagement et d’un tel soutien de la part d’un ministre. Face à un auditoire qu’il savait par avance conquis, Christian Estrosi a donné, le 15 octobre dernier, à Bercy, le coup d’envoi des Etats Généraux de l’Industrie, et s’est engagé, dans un discours fleuve de près d’une heure et demi, à « mettre de nouveau l’industrie au cœur de notre politique économique ». Au cours des mois qui viennent, dans le cadre de groupes de travail, au niveau national et régional, ainsi que par le biais d’une consultation à travers un site Internet dédié (*), toutes les bonnes volontés seront mises à contribution afin de définir une « nouvelle politique industrielle pour la France » qui sera mise en place à partir de février 2010 (voir illustration ci-contre). Le ministre a justifié l’urgence de cette mobilisation par un certain nombre de constats. « En un an, la production industrielle française a reculé de près de 15 %, notre poids dans les exportations européennes a chuté de 25 % en moins de dix ans et les PME restent encore sous-capitalisées », a-t-il souligné. « Pour renverser la tendance, nous devons développer une stratégie basée sur l’innovation », affirme-t-il. « C’est la raison pour laquelle l’Etat a voulu aider fortement les constructeurs automobiles, mais aussi l’ensemble de la filière. C’est aussi pour soutenir l’innovation que nous avons décidé d’affecter 1,5 milliard d’euros sur trois ans aux pôles de compétitivité », a-t-il rappelé. Relocalisation, écotechnologies, actionnariat salarié, innovation Christian Estrosi a ensuite levé le voile sur quelques propositions qu’il compte lui-même supporter pour préparer le futur de notre industrie. Première mesure : « Etudier les moyens financiers et fiscaux incitant à la relocalisation de la production et de la R&D dans notre pays. » Cela pourrait prendre la forme, par exemple, de primes à la relocalisation financées par l’Etat, primes variables en fonction des montants des investissements et du volume d’emplois recréés. Deuxième mesure : « Inciter les PME/PMI de moins de cent salariés à développer le modèle de l’entreprise du futur dans lequel les salariés détiendraient une majorité du capital. » Troisième mesure : « Aider les entreprises et la recherche à être plus performantes sur le “ D ” de la R&D. Les centres de R&D doivent rester ici. Les meilleurs doivent venir et rester chez nous ! C’est la raison pour laquelle, je veux aussi que l’on réfléchisse à la mise en place d’un “ crédit d’impôt innovation ”, qui viendrait compléter l’actuel Crédit d’impôt recherche. » Ce nouveau dispositif aurait l’avantage de couvrir des dépenses que les entreprises, notamment les PME, considèrent souvent comme des dépenses de R&D, mais qui ne sont pas prises en compte par le CIR. Quatrième mesure : « Développer les écotechnologies qui représentent un potentiel de 50 milliards d’euros d’activités à horizon 2020 et 280 000 nouveaux emplois, en particulier à travers l’utilisation des technologies du numérique. » Christian Estrosi n’a par ailleurs pas hésité à remettre en question les pratiques industrielles telles que nous les connaissons aujourd’hui. « Je souhaite que nous passions d’une “ politique de branche ” à une “ politique de filière ”. Il est urgent de favoriser le décloisonnement entre branches, de dépasser le chacun pour soi », a-t-il expliqué. Il s’est ensuite attaqué à l’un des maux de notre industrie. « Les grands groupes ont tendance à se concentrer essentiellement sur la conception et la commercialisation et à externaliser de plus en plus la production. Trop souvent, sous la pression des acheteurs, les sous-traitants français se saignent à blanc, avant, eux-mêmes, de se voir contraints de délocaliser. Les donneurs d’ordre ne mesurent pas toujours combien cette “ politique ” les met en réalité eux-mêmes en danger. C’est une politique de traders. Ce n’est pas une politique industrielle », a déclaré le ministre. (*) www.etatsgeneraux.industrie.gouv.fr Trois canaux de propositions sont prévus dans le cadre des états Généraux de l’Industrie : national, régional et via un site Internet dédié. Les principaux thèmes de réflexion des Etats Généraux de l’Industrie Innovation et entrepreneuriat : Comment promouvoir une R&D d’innovation de rupture ? Comment mieux diffuser l’innovation ? Comment améliorer la création et de la transmission d’entreprise ? Comment favoriser la transformation des PME en ETI (entreprises de taille intermédiaire) ? Politique de filière, décloisonnement et partenariats : Comment refonder les relations donneurs d’ordre/sous-traitants ? Quel écosystème pour améliorer le développement international ? Emploi et formation : Comment assurer la pérennité et développement de l’emploi industriel ? Quels enjeux pour la formation et l’accompagnement social ? Compétitivité et croissance verte : Comment actionner tous les leviers de la compétitivité que ce soit en termes de processus ou de modernisation de l’outil de production ? Comment améliorer la productivité en respectant l’environnement ? Accès au financement : Quels besoins en termes de capital-risque ? Quelles mesures complémentaires sur les fonds propres ? Quelles simplifications des structures d’aides actuelles ?

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