Couverture ElectroniqueS n°127

La famille des objets communicants(1) s'agrandit avec l'arrivée du premier appareil dédié à l'écoute de fichiers musicaux, capable de télécharger des contenus à travers les réseaux mobiles, sans passer par un PC. Le développement des réseaux mobiles (de télécommunication GSM, GPRS et bientôt UMTS , mais aussi les réseaux locaux LAN ou les réseaux personnels PAN), associé à l'enrichissement permanent des offres de l'Internet, va progressivement ouvrir la voie à des appareils capables d'échanger et de recevoir des données, non plus seulement dans le but d'établir une communication ou de se connecter à l'Internet (comme dans le cas des téléphones mobiles actuels), mais pour des applications dédiées, dont la plupart restent encore à inventer (on pense notamment au livre électronique connecté permettant de lire des périodiques). Le premier d'entre eux est sans doute ce combiné dédié à l'écoute de fichiers musicaux, commercialisé à 100 £ (148 euros) par l'opérateur de téléphonie mobile mmO2 au Royaume-Uni, en Irlande et bientôt en Allemagne. Le Digital Music Player, ou DMP, fabriqué par Siemens, offre la possibilité à l'utilisateur de rechercher des titres musicaux (par genre ou nom d'artiste) et de les télécharger, sans passer par un PC, en le connectant à un téléphone mobile GPRS (par câble ou port infrarouge). L'utilisateur peut écouter gratuitement jusqu'à 30 secondes de chaque titre avant de se décider à l'acheter. Le téléchargement prend en moyenne de 3 à 5 minutes par titre, l'écoute pouvant se faire pendant le téléchargement (en streaming ). Une fois téléchargés, les fichiers sont stockés dans une carte flash amovible (une SD Card de 64 Mo est fournie avec l'appareil). Chaque titre est facturé entre 1 et 1,5 livre sterling (1,5 à 2,2 euros), le montant total des téléchargements mensuels pouvant être inclus dans la facture de mmO2, ou réglé séparément pour les usagers des autres réseaux de téléphonie mobile.Le lancement d'un tel service n'aurait pu être possible sans le déploiement des réseaux GPRS (qui atteignent un débit théorique de 115 kbit/s), associé à des méthodes efficaces de compression de données(2). En dehors de ces aspects purement techniques, la généralisation de services de vente de contenus sur des appareils nomades ne peut être économiquement viable sans la mise en place de solutions de protection des droits d'auteur fiables et reconnues par les grands éditeurs de contenus. En se basant sur la solution de gestion des droits d'auteur ou DRM (pour Digital Rights Management) de la société suisse SDC (Secure Digital Container), mmO2 peut ainsi proposer un catalogue de près de 500 000 titres. Chaque morceau ne pouvant être décrypté en dehors du Digital Music Player, qui intègre les clés de décryptage. L'inconvénient majeur du système est de ne pas permettre le téléchargement sur d'autres serveurs que ceux de mmO2.La protection des droits d'auteur, garant du modèle économiqueDe fait, le véritable essor des services de vente de contenus vers des appareils nomades ne pourra véritablement démarrer qu'avec l'arrivée de standards de DRM interopérables, ce qui permettra à n'importe quel terminal mobile d'accéder à des contenus protégés achetés chez n'importe quel éditeur. A cet égard, l'initiative lancée en début d'année par Intel, Nokia, Samsung, Toshiba et Matsushita, initialement baptisée Project Hudson, devrait se concrétiser avant la fin de l'année par la mise en place d'un système ouvert de protection des contenus pour les terminaux mobiles. Cette architecture exploitera les spécifications OMA DRM 2.0 récemment publiées par le consortium Open Mobile Alliance (qui regroupe 350 constructeurs, éditeurs de logiciels, fournisseurs de contenus et opérateurs de réseaux). La gestion des licences et des clés de cryptage-décryptage sera prise en charge par une entité indépendante appelée CMLA (Content Management License Administrator), créée par Intel, mmO2, Nokia, Panasonic, RealNetworks, Samsung et la Warner. Le kit incluant la licence d'utilisation et les clés devrait être disponible avant la fin de l'année.(1) Objet communicant : tout objet tangible pouvant communiquer directement ou non avec l'infosphère (ou cyberespace). Depuis les objets dotés d'une puce RFID, aux ordinateurs en passant par les vêtementscommunicants et bien sûr les “ smartphones ”.(2) Le service de mmO2 exploite le codage MPEG-4 AAC associé à la technologie SBR (Spectral Band Replication), qui garantissent un son stéréo de qualité FM pour un débit d'environ 24 kbit/s. Le comité MPEG a finalisé l'année dernière, sous l'appellation MPEG-4 High Efficiency AAC, l'association du codage MPEG-4 AAC et de la technologie SBR.

Et voici le premier objet communicant dédié à une application !

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