Electronique française : constats et propositions

Le 01/09/2003 à 0:00 par Marie -Line Zani-Demange

La crise de l'électronique française a une composante structurelle qui a été particulièrement mise en relief par la dépression conjoncturelle subie depuis trois ans. Des petites phrases prononcées par des membres actifs de l'électronique lors des assises de l'électronique, le 11 juillet dernier, donnent le ton (voir aussi page 8).

« L'électronique représente la moitié des dépenses d'investissements en France […]. Il y a désormais autant de semiconducteurs dans une voiture que dans un PC. »
Jean Philippe Dauvin, Chief Economist de STMicroelectronics.

« Si nous n'avions plus d'industrie de composants [stratégiques], les Etats-Unis seraient très contents. Ils ne demandent qu'à contrôler toutes les exportations de composants [stratégiques]. »
Michel Roger, Senior VP Group Executive Communication de Thales.

« L'Europe a à nouveau besoin de grands programmes nationaux ou européens, à sélectionner dans les domaines de la vidéo, de la sécurité financière, de la sécurité routière, de la protection de l'environnement par exemple. »
Jean-Lucien Lamy, p-dg de FCI.

« Une dizaine de milliards d'euros a dû être investie pour mettre 50% de la Corée au haut débit. Il en faudra autant pour la faire passer en totalité au très haut débit [VDSL]. » [Sous-entendu, les ordres de grandeur devraient être les mêmes pour la France et le plus tôt sera le mieux.]
Olivier Baujard, Senior VP Corporate Strategy d'Alcatel.

« On veut trop transformer les consommateurs en ingénieurs. Les appareils sur le marché sont trop compliqués. Nous devons entrer dans une ère où il faut faire dans le simple. »
Didier Lombard, directeur exécutif Technologies de France Télécom.

« Les délocalisations, ce n'est pas toujours une affaire de prix de revient; c'est souvent une affaire de ras-le-bol. Plein d'impôts détruisent les entreprises ; trop d'impôts tuent les capitaux; les facteurs de risques sont devenus trop importants pour investir en France. »
Axel Arnoux, directeur général de Chauvin Arnoux.

« Etre le meilleur, c'est apporter le premier un proto dans les technologies les plus avancées. »
J.-P. Beisson, directeur général adjoint d'Altis Semiconductor.

« Je ne peux être que le commentateur d'une certaine détresse. Pour gagner un marché aujourd'hui en électronique, il faut être le premier, donc disposer rapidement de préséries de circuits imprimés. Or la profession du circuit imprimé a divisé ses effectifs par deux en deux ans en France; il ne reste plus que 60 entreprises. »

« La France se porte plus mal que ses voisins. Nous ne couvrons plus que 65 % de nos besoins alors que nous en couvrions 90 % avant la crise […]
Bruno Cassin, p-dg d'Alcatel Circuits imprimés.

« Les banques ont pour mission de nous fuir. L'Anvar a pour mission de nous éviter. »
Jean-François Evellin, président du Snese.

« 50 % de notre chiffre d'affaires est réalisé avec des produits de moins de deux ans. Nous consacrons 12 % de notre chiffre d'affaires à la R&D. »
J.-P. Humbert, à l'époque président d'Agilent Technologies.

« Le coût des réductions d'effectifs est énorme. Il mange tous nos budgets de R&D. Tailler dans le cashflow, ce n'est pas possible lorsqu'il n'y en a plus. »
Jean-Pierre Euvrard, président du conseil d'administration de Temex.

« Les PME n'ont pu que sacrifier leur R&D depuis trois ans. Nous demandons que quelque chose soit fait pour financer le personnel de recherche dans les PME. »
Jean-François Evellin, président du Snese.

« Pour qu'une société implante un centre de recherche dans un pays, les coûts du personnel, seuls, ne sont pas déterminants. Ce qui compte, c'est qu'il y ait des pôles de compétences, une législation stable, de bonnes infrastructures, et une fiscalité adaptée. Or nos pôles de compétences sont insuffisamment nombreux, la législation dépend trop du pouvoir politique en place, les bonnes infrastructures sont pénalisées par les grèves et la fiscalité est lourde. »
J.-P. Humbert, à l'époque président d'Agilent Technologies.

« Il existe des parlementaires qui sont prêts à vous écouter et à vous soutenir. »
Claude Saunier, sénateur des Côtes-d'Armor.

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