Couverture ElectroniqueS n°127

Le cabinet Décision évalue à 1,5 point de croissance en moins, l'impact de la crise financière et économique sur la croissance de l'électronique mondiale. Toutes les régions du monde, y compris la Chine, devraient être touchées par ce ralentissement. OPA sauvages, fermetures d'usines, difficultés de trésorerie, assèchement des crédits, cours de Bourse en chute libre, résultats en berne, valse de dirigeants… l'électronique n'a pas été épargnée par la crise financière au cours de ces dernières semaines et devrait encore être ébranlée pendant plusieurs mois. Comme le reste de l'économie, elle doit s'adapter à des turbulences qui s'annoncent durables. La baisse de la demande de produits de haute technologie affecte de nombreux secteurs, depuis les fournisseurs de composants jusqu'aux intégrateurs de systèmes. L'automobile, touchée de plein fouet par la crise, a mis en place des mesures de chômage partiel, la téléphonie mobile a quasiment stoppé sa progression, les fabricants d'électronique grand public sont nombreux à enregistrer des pertes. « Pratiquement tous les domaines d'application et toutes les régions du monde, y compris la Chine, devraient être touchés », estime Sébastien Rospide, consultant du cabinet d'études Décision, lequel vient de réactualiser ses prévisions à l'horizon 2012 en tenant compte de l'impact de la crise financière. Présentée à l'occasion du JEES (Joint European Electronics Summit, voir pages 16 et 17), cette nouvelle estimation évalue à 1,5 point de croissance en moins, l'impact de la crise financière et économique sur la croissance de l'électronique mondiale, dont la production devrait ainsi croître en moyenne de 4,5 % par an d'ici à 2012, au lieu des 6 % prévus initialement. Plans de soutien des gouvernementsSelon des sources concordantes, le « retour à la normale » n'est pas prévu avant le deuxième semestre 2009 pour l'industrie électronique. Il devrait s'accompagner de son cortège de restructurations et de suppressions d'emplois. Aussi, dans les mois qui viennent, assisterons-nous sans aucun doute à une recomposition de l'électronique européenne et mondiale. Certains acteurs, qui disposent de liquidités et qui s'avèrent être parmi les plus résistants, tentent déjà de profiter des valorisations attractives d'entreprises fragilisées par la crise et lancent des OPA ou des offres d'achat généralement non amicales. Parmi les derniers grands projets d'acquisition en date, Microchip et ON Semiconductor ont annoncé une proposition de rachat d'Atmel, Vishay a tenté le rachat d'International Rectifier, Gemalto a déposé une offre sur Wavecom, mais toutes ces OPA ont pour l'instant été rejetées. Panasonic est, pour sa part, en train de négocier le rachat de Sanyo, et il est encore trop tôt pour dire quelle tournure prendra ce projet. Malgré les résistances tout à fait justifiées des proies ainsi visées, celles-ci deviendraient bien plus vulnérables si la crise devait durer. Aussi, pour éviter que des entreprises stratégiques ne passent aux mains de concurrents étrangers et que de nombreuses PME ne puissent assurer leur survie, les gouvernements ont lancé en masse des plans de soutien visant à réduire les effets de l'assèchement des crédits bancaires. En France, un plan de soutien aux PME de 22 milliards d'euros a été annoncé par les pouvoirs publics. Cette somme peut paraître colossale, mais il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas de débloquer ces fonds immédiatement, ce que l'Etat serait d'ailleurs bien incapable de faire. Cette somme est en réalité proposée sous forme de crédits. Sur ces 22 milliards d'euros, 17 milliards d'euros sont affectés aux institutions financières traditionnelles, les 5 milliards d'euros restants étant accordés à Oséo pour qu'il propose des prêts supplémentaires. Les besoins sont criants : en effet, alors que toutes les PME ne sont manifestement pas toutes au courant de ce nouveau dispositif, 6 000 entrepreneurs avaient déjà contacté Oséo au 29 octobre dernier avec l'espoir de pouvoir en bénéficier. L'électronique française souffreLes fermetures ou mises en vente d'usines se succèdent à un rythme effréné. Passage en revue des dernières annonces en date concernant la France :La direction de Motorola France a fait savoir au comité d'entreprise du centre de recherche en téléphonie mobile de Rennes (140 personnes) que la fermeture du site était envisagée.Molex prévoit la fermeture en juin 2009 de son usine de connectique automobile de Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne.La fermeture ou une vente de l'usine Jabil de Brest (300 salariés) a été évoquée, lors d'un récent comité d'entreprise de la société.Tyco Electronics, le géant américain des connecteurs, a annoncé la fermeture de deux sites de production implantés à Champareillan (ex-Proner Comatel), en Isère, et à Val-de-Reuil (usine historique d'AMP de France), dans l'Eure.NXP Semiconductors prévoit la fermeture ou la vente de quatre usines dans le monde dont celle de Caen.Environ 150 des 300 salariés de l'usine Thomson Angers, qui fabrique des cartes électroniques, des décodeurs numériques et des systèmes et solutions vidéo professionnelles, seraient menacés de perdre leur emploi. L'automobile et la téléphonie mobile en plein marasmeSi le marché des PC parvient à maintenir la tête hors de l'eau et que le marché de l'électronique grand public peut enfin espérer bénéficier, en 2009, de l'essor de la télévision haute définition, l'automobile et la téléphonie mobile, sont en difficulté.Les Etats-Unis ont enregistré un net recul des ventes de voitures neuves en octobre. Les rabais et promotions proposés par les constructeurs n'ont pas permis d'enrayer cette tendance. Ford vient d'annoncer une perte de 129 millions de dollars au troisième trimestre 2008, ainsi qu'une suppression de 10 % de ses effectifs aux Etats-Unis. Ses ventes ont plongé de 30 %, tandis que celles de General Motors et de Chrysler ont respectivement chuté de 45 % et de 31 % en octobre. Le marché français a, lui, enregistré une chute de 7,3 %. Mais ce n'est rien à côté de l'Espagne où les immatriculations de voitures neuves ont plongé de 40 % en octobre, et de l'Italie où elles ont chuté de 19 %.Dans le secteur de la téléphonie mobile, la croissance mondiale reste légèrement positive (entre 3 % et 5 % au troisième trimestre 2008, selon les estimations des cabinets d'études). Cependant, les fabricants, habitués à des trimestres durant lesquels les progressions annuelles étaient supérieures à 10 %, voire à 15 %, anticipent des jours encore plus sombres et ont commencé à prendre des mesures drastiques de restructuration (voir notre article page 15).

Ébranlée par la crise, l’électronique prépare sa recomposition

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure

Ébranlée par la crise, l’électronique prépare sa recomposition

Dans la même rubrique

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure