Après que les ventes de PC sont fortement reparties à la hausse durant la pandémie, la grand-messe taïwanaise de l'informatique a été l'objet de nombreuses annonces du côté des processeurs, moteurs graphiques et mémoires Dram et flash.
E n assignant à domicile une bonne partie de la planète, la pandémie de Covid a agi comme un accélérateur pour l'adoption du télétravail et du télé-enseignement. Le temps dira si ces pratiques s'inscriront dans la durée : chaque société décidera de l'équilibre optimal entre lien social physique, gain de temps et limitation des transports (et de la pollution qui va avec). En
Ajuster dynamiquement l'énergie disponible entre le processeur et la carte graphique est désormais possible grâce à la technologie SmartShift d'AMD.
attendant, l'industrie de l'informatique personnelle s'est frotté les mains. En phase de maturité, elle peinait depuis plusieurs années à renouer avec la croissance des années 1990 et 2000, pour de multiples raisons : concurrence des smartphones, mode des tablettes, relatif surplace des performances et des besoins n'incitant pas au renouvellement du parc informatique, etc. Mais l'année passée a rappelé à beaucoup de consommateurs et de professionnels que, pour travailler ou étudier de manière optimale et sur grand écran, l'ordinateur demeurait incontournable. Seulement dépassé par le CeBIT d'Hanovre en termes d'affluence, le salon Computex constitue un excellent baromètre en la matière. Se tenant à Taipei chaque année depuis 40 ans, il rassemble les plus grands acteurs de l'informatique et, de plus en plus, du high-tech en général. À l'approche de l'été, on y découvre traditionnellement les tendances qui marqueront les équipements vendus pendant les fêtes de fin d'année. Annulé l'an passé, Computex a attendu fin mars pour renoncer à nouveau à l'aspect présentiel cette année, mais a tenté de compenser en étirant son édition virtuelle du 31 mai au 30 juin. Avec, à la clé, de nombreuses présentations de nouveaux composants informatiques.
DES CORE À 5 GHz POUR PC PORTABLES
Intel a profité de Computex pour ajouter à son catalogue de nouveaux processeurs Core de 11 e génération pour PC portables.
À tout seigneur tout honneur : Intel a profité du salon pour ajouter à son catalogue deux nouveaux processeurs Core de 11 e génération pour PC portables. La fréquence de ces processeurs grimpe désormais au-delà des 5 GHz en mode turbo sur l'i7-1195G7, un modèle à quatre cœurs équipé d'un moteur graphique Iris Xe à 96 unités et de 12 Mo de mémoire cache de niveau 3. Autre nouveauté, le Core i5-1155G7 est cadencé jusqu'à 4,5 GHz et se contente d'un moteur Iris Xe à 80 unités et de 8 Mo de cache.
Intel a également collaboré avec MediaTek et Fibocom pour mettre au point une carte modem 5G au format M.2 (30 x 52 x 2,3 mm). Cette carte dite Solution 5000 vise les PC portables devant être connectés en permanence, même en l'absence de réseau local. Au sein du module fabriqué par Fibocom, Intel fournit le logiciel hôte et MediaTek le firmware de la partie modem.
De son côté, AMD a présenté à Taipei de nouvelles solutions graphiques basées sur ses processeurs Radeon RX 6000M. Reposant sur l'architecture RDNA 2 de l'Américain, ces circuits délivrent jusqu'à 50 % de performances supplémentaires par rapport aux précédents accélérateurs graphiques RDNA. En tête de gondole figure le RX 6800M armé de 40 unités de calcul tournant à 2,3 GHz, 96 Mo de cache, une interface mémoire 192 bits et 12 Go de mémoire GDDR6, pour une enveloppe thermique maximale de 145 W. Il est accompagné du RX 6700M (36 unités à 2,3 GHz, interface mémoire 160 bits, 80 Mo de cache, 10 Go de GDDR6, 135 W) et du RX 6600M (28 unités à 2,177 GHz, interface mémoire 128 bits, 32 Mo de cache, 8 Go de GDDR6, 100 W). Les RX 6000M sont également compatibles avec les technologies Smart Access Memory (qui permet au processeur Ryzen d'accéder à la mémoire graphique) et SmartShift Technology (qui ajuste l'énergie disponible entre le processeur et la carte graphique). L'association de ces deux techniques apporte, selon le fabricant, un gain de framerate pouvant atteindre 11 % sur des jeux récents.
DES GPU AMD DANS LES PROCESSEURS EXYNOX DE SAMSUNG
Ces disques durs SSD PCIe 4.0 tirent parti de puces flash Nand à 176 couches.
On le voit, AMD essaie de promouvoir des combinaisons de ses circuits afin de commercialiser des solutions complètes. C'est particulièrement le cas sur les PC portables labellisés « AMD Advantage ». Ces derniers mettent en œuvre les mécanismes Smart Access Memory et SmartShift, ainsi que d'autres technologies Radeon comme Boost (ajustement dynamique de la résolution afin d'améliorer le framerate et la latence), Anti-Lag (contrôle des instructions mises en queue dans le CPU en synchronisation avec celles du GPU), Chill (économies d'énergie selon le framerate), FreeSync Premium (variation du taux de rafraîchissement de l'écran en fonction du framerate) ou encore FidelityFX Super Resolution (ajustement par le joueur du ratio définition/framerate).
On retiendra également la confirmation par AMD d'une collaboration avec Samsung qui, jusqu'ici, n'était qu'une rumeur persistante. Objectif : mettre un moteur graphique RDNA 2 au sein des processeurs pour smartphones Exynos du Sud-Coréen. Peut-être utilisées dès le prochain Galaxy 22, ces puces permettraient à Samsung de mieux concurrencer les processeurs pour smartphones de Qualcomm, dont la partie graphique est réputée plus performante.
Processeurs graphiques encore, mais pour les PC fixes cette fois : Nvidia a lancé à Computex son nouveau haut de gamme avec les GeForce RTX 3080 Ti et 3070 Ti. Basées sur l'architecture Ampere avec des cœurs RT de deuxième génération et Tensor de troisième génération, les cartes RTX 3080 Ti et 3070 Ti seraient respectivement 50 % plus rapides que les RTX 3080 et 2070 Super. Le prix indicatif de vente est à l'avenant : 1 199 dollars pour une carte RTX 3080 Ti, 599 dollars pour une RTX 3070 Ti. À noter que Nvidia considère la RTX 3080 Ti comme son nouveau « flagship », confirmant qu'elle concurrence directement la précédente RTX 3090 de l'Américain qui ne s'en distingue guère que par sa mémoire (24 Go de GDDR6x pour la 3090, 12 Go pour la 3080 Ti).
Les fabricants de processeurs n'étaient pas les seuls à exhiber leurs nouveautés à Taïwan. Micron Technology a par exemple profité de l'événement virtuel pour revenir sur ses dernières avancées technologiques en matière de mémoires. « La transmission des données entre le stockage et le processeur, c'est-à-dire au niveau des mémoires, demeure le goulet d'étranglement de la majeure partie des applications », souligne Sumit Sadana, Chief Business Officer de Micron.
Concrètement, l'Américain a démarré la livraison en volume de mémoires Dram LPDDR4x en géométrie 1a, et, dans le même process, de mémoires DDR4 pour centres de données. Les deux proviennent des usines de production taïwanaises de Micron, incluant son nouveau site A3 de Taichung. Rappelons que le standard LPDDR4x constitue la dernière spécification Jedec pour la mémoire Dram à faible consommation, avec notamment une tension d'entrée-sortie et une consommation d'énergie inférieures. Par rapport aux Dram LPDDR4x produites dans la précédente technologie 1z, les modèles 1a offrent 40 % de densité supplémentaire et une baisse de consommation pouvant atteindre 20 %, des caractéristiques essentielles pour les appareils nomades. De quoi mieux répondre à la demande, qui reste très forte : « Il se vend aujourd'hui près d'un million d'ordinateurs personnels par jour », se réjouit Jeremy Werner, vice-président de Micron chargé du stockage de données.
Micron a également annoncé l'échantillonnage de mémoires flash Nand à 96 couches avec des capacités de 128 et 256 Go, dans le format UFS 3.1 convenant aux applications automobiles. Ce format s'avère deux fois plus rapide en lecture que l'UFS 2.1 (et 50 % plus rapide en écriture). Cette vélocité a pour effet de raccourcir le délai de démarrage des modules électroniques embarqués dans le véhicule (infodivertissement, assistance à la conduite), ainsi que le stockage de données en temps réel, un paramètre de plus en plus sensible en raison de la quantité croissante de données manipulées par les capteurs et imageurs embarqués et par des applications de type boîte noire. Une étude récente de la société d'analyse Yole citée par le fabricant prévoit ainsi que les ventes de mémoires flash Nand pour systèmes
automobiles quadrupleraient entre 2020 et 2025, passant de 0,9 à 3,6 milliards de dollars. Un véhicule récent à conduite assistée contient désormais plus de 100 millions de lignes de code : il faut bien stocker ces programmes… Enfin, Micron a présenté ses premiers disques durs SSD PCIe Gen4 utilisant des mémoires flash Nand à 176 couches, les Micron 3400 (512 Go à 2 To) et 2450 (256 Go à 1 To). Comparé avec le Micron 2300 de précédente génération, le 3400 offre un débit deux fois plus rapide en lecture et 85 % plus élevé en écriture, ce qui s'avère important lorsque les échanges de données s'intensifient (rendu 3D temps réel, CAO, jeu vidéo, animation, etc.). Il bénéficie d'un contrôleur de disque dur développé en interne par Micron, tandis que le modèle 2450, plus économique, exploite un contrôleur émanant d'un fournisseur tiers. Le Micron 2450 est décliné en trois formats, y compris le compact M.2 ne mesurant que 22 x 30 mm.