Couverture ElectroniqueS n°127

Toll Collect, consortium chargé de la mise en place du péage électronique autoroutier pour les poids lourds, prévoit un démarrage fin 2004. Soit avec seize mois de retard et, dans un premier temps, avec une version amaigrie. Le système de péage électronique pour les poids lourds de plus de 12 tonnes circulant sur les autoroutes allemandes n'est pas encore une arlésienne (voir nos numéros des 25 avril, 2 et 23 octobre 2003). Du moins pas tout à fait. La toute récente proposition faite au ministère allemand des Transports par le consortium Toll Collect(1) , chargé de la mise en place du système, vient en effet d'être acceptée par les autorités. Alors qu'il devait démarrer fin août 2003, le péage serait ainsi lancé le 31 décembre 2004. Mais, dans un premier temps, sous une forme “ amaigrie ”, qui ne maîtriserait que le transfert des données depuis les poids lourds en amont vers la centrale de facturation. Le système complet, avec une communication bidirectionnelle telle qu'elle était prévue initialement, ne serait opérationnel qu'un an plus tard. Rappelons que le système de péage électronique n'a pas pu démarrer à la date prévue, fin août, pour une raison essentielle : les logiciels ne fonctionnaient pas correctement, entraînant ainsi des erreurs en trop grand nombre pour que le système puisse être considéré comme fiable ! Mais que Toll Collect avoue aujourd'hui avoir besoin d'un délai supplémentaire de près d'un an avant de lancer le système, de surcroît en version amaigrie, montre à quel point ses prétentions de pouvoir finaliser en un an un projet de cette complexité relevaient de la pure fiction(2). Un système trop complexe à réaliser en deux ans Le système de péage électronique allemand associe les techniques GSM, pour la communication entre les poids lourds et l'infrastructure en vue de la facturation, et GPS, pour la localisation des véhicules. Les poids lourds sont équipés de terminaux dédiés qui sont installés par des services contrôlés. Les poids lourds étrangers avaient, quant à eux, le choix de faire installer un terminal (s'ils circulent fréquemment sur les autoroutes allemandes), ou de payer auprès de terminaux de paiement installés à proximité des frontières ou sur les aires de stationnement. Au global, l'infrastructure à mettre en place est impressionnante : 300 portiques équipés de caméras de détection des poids lourds et 167 balises de contrôle capables de vérifier, grâce aux communications entre la centrale de facturation et les terminaux installés dans les poids lourds, que le paiement a été effectué. Cette complexité n'avait en fait, essentiellement, qu'un but : établir avec précision le kilométrage d'autoroute utilisée et, surtout, éviter les fraudes. La plus grande difficulté pour le consortium consistait à réaliser des logiciels fiables, capables de traiter toutes les informations ascendantes et descendantes, depuis les poids lourds vers les infrastructures et vice versa. Ces logiciels devaient être capables également de gérer les différentes interfaces, entre technique GSM et GPS d'une part, mais aussi entre équipements et matériels d'origines différentes d'autre part. Ainsi, Siemens et Grundig livrent tous deux des versions différentes des terminaux intégrés dans les poids lourds… « Les logiciels doivent être optimisés. Tels qu'ils sont, ils ne sont pas utilisables autrement que pour des tests », reconnaît-on aujourd'hui chez Toll Collect. Le système GPS a, quant à lui, suscité un deuxième souci : un manque de précision susceptible d'entraîner des facturations erronées pour les poids lourds circulant sur des routes longeant les autoroutes. Aujourd'hui, Toll Collect estime la précision du GPS à 10 mètres près. Enfin, le troisième frein à un déroulement fiable n'est pas non plus tout à fait accessoire : avec 150 portiques terminés à ce jour, l'infrastructure n'est qu'à moitié réalisée ; et le nombre de terminaux installés n'a pas atteint le quota jugé nécessaire pour un déroulement sans heurts. A la mi-septembre 2003, soit quinze jours après le démarrage… raté, 270 000 terminaux sur les 410 000 nécessaires avaient été posés dans les poids lourds concernés. Au total, Toll Collect s'était engagé à livrer 800 000 terminaux d'ici 2006. (1) Les actionnaires de Toll Collect sont Daimler Chrysler (45 %), Deutsche Telekom (45 %) et Cofiroute (10 %). (2) Toutefois, ce n'est pas sans une certaine ironie qu'on pourrait rappeler qu'un tel système avait été présenté il y a dix ans par divers industriels allemands (notamment Deutsche Telekom et Bosch) et que des tests avaient démarré sur l'autoroute A555, entre Cologne et Bonn. Autriche : un système simple de péage électronique en service depuis janvier 2004 Parallèlement aux problèmes actuels sur les autoroutes allemandes, un système de péage électronique est entré en service en Autriche au début de l'année après une période de tests de quatre mois. Mis au point par la société italienne Autostrada et déjà en service sur certaines autoroutes de la péninsule, le système autrichien, appelé Europpass, fait appel à une technique de communication via micro-ondes. Le terminal Go-Box (voir photo ci-dessus) , de petite taille, se colle simplement sur l'intérieur du pare-brise. Il est proposé en deux versions : l'une avec prépaiement (un certain montant est préchargé puis décompté à l'utilisation), et l'autre à postpaiement (paiement différé via carte de crédit/facture, etc.). La construction de l'infrastructure a démarré en octobre 2002. Au total, les sociétés d'autoroutes ont installé 426 portiques équipés de scanners évaluant la taille des poids lourds et pourvus de terminaux de communication. Quand un poids lourd est détecté, le portique entre en communication avec le terminal installé et vérifie que le paiement a été effectué. Si ce n'est pas le cas, le véhicule est photographié et verbalisé.

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