Couverture ElectroniqueS n°127

Flavien Vottero vient de publier une étude sous le titre : « L'écosystème de la 5G à l'horizon 2025 - Perspectives d'adoption et évolutions du jeu concurrentiel au sein de la filière télécoms ». Il nous présente ses principales conclusions. Quelles sont les promesses de la nouvelle génération de réseau mobile 5G ? FLAVIEN VOTTERO La 5G est d'abord un saut technologique en matière de connectivité par rapport à la 4G. Mais c'est aussi un vecteur de nouveaux usages ou d'innovations comme la voiture autonome, l'e-santé ou encore les réalités immersives. Ces avancées représentent un potentiel considérable qui placent cette technologie au cœur des préoccupations de l'ensemble des acteurs de la filière télécoms. Ainsi, les premières offres commerciales devraient être lancées courant 2020 pour désengorger les réseaux dans les agglomérations françaises. Dans un premier temps, les opérateurs télécoms vont opter pour une version édulcorée de la 5G, la 5G « non standalone », reposant sur les anciennes infrastructures 4G, qui a été normée en 2018 et qui permet de désengorger le réseau 4G actuel. Elle commence à être installée aux États-Unis, en Corée du sud et au Japon. Elle sera présente dans les centres villes en France à partir de 2020. Déjà, pour préparer le déploiement et communiquer autour de leur capacité d'innovation, les opérateurs mobiles ont multiplié les expérimentations au premier semestre 2018. Pour le seul mois de juillet 2018, 22 projets d'expérimentations de la 5G ont ainsi été recensés. Quand peut-on espérer une couverture nationale en vraie 5G, la « 5G standalone » ? FLAVIEN VOTTERO À notre avis, la « 5G standalone », qui permet d'augmenter fortement les débits et de diminuer les temps de latence, ne devrait pas être déployée avant 2025, faute d'usages innovants. Ce standard nécessite un triplement du nombre d'an-tennes – et notamment au niveau des « small cells » au sein du mobilier urbain pour assurer une haute qualité de service – rendant le retour sur investissement hasardeux pour des opérateurs télécoms affaiblis par plusieurs années de baisse de revenus. En effet, le marché grand public se caractérise aujourd'hui par une intense « guerre des prix » qui pèse sur les revenus issus des services mobiles depuis 2012. On comprend alors mieux les hésitations des opérateurs autour de la 5G. Elle n'est pas encore normée, mais elle devrait l'être très rapidement pour une commercialisation dans certains pays à compter de 2021-2022. En France, elle devrait arriver en 2024 avec les Jeux Olympiques et être, à cette occasion, un marqueur fort de communications pour les opérateurs mobiles. FLAVIEN VOTTERO, directeur d'études chez Xerfi La 5G va redistribuer les cartes “ dans la filière télécoms. Du côté des débouchés professionnels, les promoteurs de la 5G se heurtent à la concurrence des réseaux alternatifs, tels que LoRa ou Sigfox, déjà bien implantés dans les bâtiments intelligents pour connec-ter les compteurs d'eau et de gaz. D'autres facteurs viennent en outre compliquer la tâche des opérateurs. Avec la multiplication du nombre d'antennes, ils s'exposent de fait à de nombreux recours des riverains qui retarderont une couverture élargie du territoire national. D'autant plus qu'avec l'utilisation de fréquences millimétriques, les questions autour de la nocivité des ondes électromagnétiques devraient revenir sur le devant de la scène. Au final, il faudra donc au moins patienter jusqu'en 2030 pour disposer d'une couverture nationale avec un réseau « 5G standalone ». Celle-ci sera alors vraiment révolutionnaire pour des débouchés industriels comme les véhicules connectés, les navettes autonomes, l'e-santé ou l'industrie 4.0. Cette nouvelle génération de réseau mobile va-t-elle bouleverser la donne concurrentielle ? FLAVIEN VOTTERO La 5G va clairement redistribuer les cartes dans la filière télécoms. Les équipementiers (comme Huawei, Ericsson ou Nokia) et les « tower co », sociétés chargées d'exploiter les points hauts sur lesquels sont installées les antennes mobiles (à l'image de Cellnex ou ATC), n'entendent pas abandonner cette manne financière. Les « tower co » cherchent ainsi à s'imposer comme une catégorie d'opérateurs clé dans les prochaines années en mutualisant les antennes 5G dans les agglomérations pour le compte des opérateurs télécoms. Les industriels, et en particulier les constructeurs automobiles, constituent également une menace pour les opérateurs. Ils pourraient en effet choisir d'acquérir des fréquences 5G pour réduire leur dépendance aux opérateurs télécoms. Sans oublier les géants de l'Internet, comme Google ou Facebook, qui multiplient leurs incursions dans la filière télécoms.

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