Le fondeur taïwanais UMC aurait renoncé a sa collaboration avec son partenaire chinois Fujian Jinhua visant à développer une activité de fabrication de mémoires Dram, après les accusations américaines d’espionnage à l’encontre d’ex-employés d’UMC, selon des sources industrielles rapportées par l’agence de presse Nikkei.
Le fondeur UMC transférera 140 ingénieurs, soit près de la moitié de son équipe de développement de Dram à de nouveaux postes au sein de la société, selon des sources industrielles rapportées par l’agence Nikkei, suite aux accusations américaines d’espionnage au profit de la société chinoise Fujian Jinhua. Elles affirment que cette décision pourrait signer la fin du projet engagé par cette dernière.
Ces mêmes sources indiquent même que de nombreux membres de l’équipe de développement de Dram recherchent des emplois en dehors de la société UMC, même si celle-ci n’a annoncé aucun projet de licenciement, car le but ultime d’UMC serait d’abandonner cette activité à la lumière des tensions entre Washington et Pékin, alors même qu’il avait identifié ce projet comme un moteur de sa croissance future.
Certains dirigeants d’UMC craignent en effet que l’alliance étroite avec la Chine ne finisse par menacer son activité principale de fonderie qui repose en grande partie sur la fourniture d’équipements de semi-conducteurs par des entreprises américaines, telles que Applied Materials et Lam Research. Cependant, UMC est réticente à déclarer explicitement qu’elle envisage de quitter le programme de développement de Dram par peur de la colère des autorités chinoises, a appris Nikkei.
Fujian Jinhua est accusé d’avoir volé la propriété intellectuelle de la société américaine de semi-conducteurs Micron Technology, fin octobre. Le 1er novembre dernier, UMC, Fujian Jinhua et trois de ses employés avaient été inculpés d’espionnage industriel par le ministère de la Justice américaine, chaque société étant passible d’une amende de plus de 20 milliards de dollars.
Si UMC abandonne le programme de développement de la technologie Dram, ce sera un autre revers pour les ambitions chinoises de créer une industrie des semi-conducteurs autonome. Le projet de Fujian Jinhua, d’une valeur de 5,6 milliards de dollars, dans la ville de Jinjiang, dans le sud de la Chine, devait déjà entrer en production expérimentale à la fin de 2018, ce qui aurait constitué la première production de puces de mémoire du pays. Mais la construction a été suspendue à cause de l’interdiction américaine.
Les sud-coréens Samsung Electronics et SK Hynix, et l’américain Micron contrôlent environ 96% de la production mondiale de mémoires Dram. La Chine souhaite ardemment devenir autonome dans ce domaine en construisant ses propres installations avec des fonds provenant des gouvernements locaux et centraux.
UMC avait annoncé la création d’un partenariat technologique pour aider Fujian Jinhua à développer une technologie Dram en mai 2016. Jusqu’à 30 milliards de nouveaux dollars taïwanais (980 millions de dollars) d’équipements de production de puces mémoires achetés par Fujian Jinhua restent sur le site d’UMC, à Tainan. Le 31 octobre, UMC avait déclaré qu’elle avait temporairement interrompu ses activités de R&D dans les Dram après que les Etats-Unis eurent agi.
Les clients d’UMC incluent Qualcomm, AMD, MediaTek, Novatek, Realtek, Infineon, Rockchip et Allwinner Technology.