Les actions agressives des prêteurs pour recouvrer leur argent ont conduit le sous-traitant de droit luxembourgeois à se placer en redressement judiciaire suivant les lois du Grand Duché. En butte avec ces organismes de crédit, le Pdg, Jouni Hartikainen, a démissionné.
Rien ne va plus pour Elcoteq, le numéro un européen de la sous-traitance électronique. Le 18 juillet dernier, la société, dont le siège social est au Luxembourg, a demandé à être placée en redressement judiciaire suivant les lois du Grand Duché.
Elle y a été poussée par l’attitude agressive des organismes prêteurs qui, pour recouvrer leur argent, soit 48,5 millions d’euros, ont exigé le remboursement des échéances alors qu’Elcoteq négociait un refinancement incluant le paiement de cette dette avec un fonds californien, Platinum Equity.
En parallèle, les sociétés de crédit ont intenté des actions visant à geler des comptes bancaires du sous-traitant; elles se sont également emparées de paiements effectués par des clients américains et européens d’Elcoteq.
Représentés par la Dansk Bank, les organismes prêteurs en question sont la Royal Bank of Scotland, Skandinaviska Enskilda Banken, Nordea Bank, Pohjola Bank, Banco Bilbao Vizcaya Argentaria, UniCredit Bank et HSH Nordbank.
L’attitude des organismes et leurs agissements ont eu pour conséquence supplémentaire à la mise en redressement judiciaire, un avortement des négociations entre Platinum Equity et Elcoteq. En effet, l’aboutissement de ces dernières était subordonné à la signature par les organismes prêteurs d’un accord de restructuration de la dette d’Elcoteq.
De son côté, le 28 juillet, le sous-traitant a demandé au Bureau finlandais des investigations, l’ouverture d’une enquête contre les organismes prêteurs pour faits d’usure et actes répréhensibles. D’après lui, en effet, le renouvellement, en novembre 2009, d’une facilité de crédit lui aurait été consenti par les prêteurs à des conditions inhabituelles, voire “déraisonnables“.
Les organismes de crédit auraient largement profité des difficultés de l’entreprise, difficultés dues à la crise économique ainsi qu’à une restructuration faisant suite à un repositionnement stratégique visant au renforcement de l’activité de réparation.
Elcoteq évalue à quelque 20 millions d’euros son “trop à rembourser“. De surcroît, il estime à plusieurs centaines de millions d’euros, les dommages subis du fait des agissements des prêteurs.
En 2010, Elcoteq a réalisé un chiffre d’affaires de 1,07 milliard d’euros, en baisse de 29 % par rapport à 2009, et une perte d’exploitation de 18,1 millions d’euros (incluant 11,1 M€ de frais de restructuration).
Au premier trimestre 2011, le groupe a annoncé des ventes en recul de 13,2 % par rapport au premier trimestre 2010, à 191,4 M€, ainsi qu’une perte d’exploitation de 11,1 M€.
Fin 2010, le groupe employait 7 899 personnes contre 10 101 un an auparavant.
