Legrand a mis en place, à son siège de Limoges, une maison entièrement équipée pour faciliter l’autonomie et le maintien des personnes à domicile. Xavier de Froment, directeur général de Legrand France, nous explique pourquoi son groupe a choisi de s’impliquer sur le marché de l’assistance à l’autonomie.
Pour quelles raisons faîtes-vous le pari de l’assistance à l’autonomie ?
Xavier de Froment : Notre engagement dans le secteur médical est déjà ancien. Nous avons commencé par travailler avec le département de gérontologie du CHU de Limoges il y a plus de dix ans, et cela fait longtemps que nos équipements sont présents dans les hôpitaux et les chambres des malades. Nous fournissons par exemple des dispositifs d’appels du personnel médical disposés près des lits. Notre implication dans l’assistance à l’autonomie constitue donc une poursuite de cette stratégie. Nos solutions privilégient l’usage et la facilité d’utilisation. Nous allons les proposer progressivement dans toute la France, notamment par le biais d’Intervox, société que nous avons racheté en février 2011 et qui dispose d’un catalogue important de matériels et services pour l’assistance à l’autonomie. Nous avons conclu des accords avec des sociétés de télé-assistance qui répondent aux appels d’offres des conseils généraux les plus actifs dans ce domaine.
Ces solutions seront-elles déployées rapidement ?
Xavier de Froment : Certaines régions sont très actives et nous avons déjà conclu des accords dans plusieurs départements, tels que la Creuse et la Corrèze. Le déploiement à l’échelle nationale pourrait aller assez vite, mais les financements ne sont pas toujours accordés rapidement et cela freine le développement de ce marché. Le retour sur investissement est pourtant évident, car les personnes dépendantes peuvent rester chez elles grâce à nos solutions au lieu de résider dans des maisons de retraite. Nous croyons à notre modèle économique, car une personne en maison de retraite coûte de l’ordre de 100 euros par jour, soit de l’ordre de 36 000 euros par an alors qu’un abonnement à un service d’assistance à domicile est de 50 euros par mois, soit 600 euros par an.
En avez-vous déjà fait une activité importante ?
Xavier de Froment : Non, le chiffre d’affaires généré est aujourd’hui marginal, mais nous pensons que ce marché va fortement se développer dans les années à venir, comme d’ailleurs beaucoup d’autres marchés sur lesquels nous misons tels que l’efficacité énergétique, la voiture électrique ou encore le multimédia à la maison. En résumé, tous les marchés qui consistent en des investissements chez le particulier ou dans le tertiaire.
Combien le groupe investit-il en R&D sur ces marchés en émergence ?
Xavier de Froment : D’une manière générale, Legrand investit 5 % de son chiffre d’affaires, soit 150 millions d’euros par an, en R&D. Nous intervenons aussi dans le cadre du pôle de compétitivité Elopsys sur les problèmes de l’assistance à domicile. Nous pensons que l’étape suivante devra consister à nous intéresser au marché de la télésanté avec des équipements installés à la maison qui permettront d’alléger la charge des centres hospitaliers. Cela a commencé par le remboursement et la prise en charge des soins par l’Assurance Maladie, et se poursuivra bientôt avec des prescriptions médicales réalisées à distance. Reste à clarifier la prise en charge des actes de télésanté. Le potentiel est immense et nous n’en sommes qu’au début du développement de ce marché.
Propos recueillis par Jacques Marouani