Couverture ElectroniqueS n°127

DANS SON RAPPORT SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE 2021, LE FABRICANT DE SEMI-CONDUCTEURS FRANCO-ITALIEN STMICROELECTRONICS FAIT LE BILAN DE SES ACTIONS ET EXPOSE SA VISION POUR L'HORIZON 2025 AINSI QUE SON AMBITION DE DEVENIR NEUTRE EN CARBONE DÈS 2027. C'est un 24 e rapport assez transparent qu'a publié STMicroelectronics le mois dernier. Pour comprendre au mieux les besoins et attentes des parties prenantes, ST a réalisé un exercice de matérialité par une équipe d'experts en interne et mis à jour tous les ans avec une revue exhaustive tous les trois ans. Le but de cet exercice est de matérialiser les priorités de l'entreprise. Dans le rapport, il est précisé que les experts se sont appuyés sur une analyse complète des problèmes du secteur, l'exercice de détection de la Responsible Business Alliance (RBA), les normes internationales de reporting, les références des pairs, des questionnaires extra-financiers et les grandes tendances en matière de développement durable. STMicroelectronics vise la neutralité carbone pour les 40 ans de l'entreprise en 2027. De cet exercice, trois grands thèmes ont émergé : la santé et la sécurité, les droits de l'Homme et les émissions de gaz à effet de serre (GES). Selon Jean-Louis Champseix, vice-président du groupe, directeur du développement durable, ces trois sujets « reflètent les défis auxquels la société dans son ensemble est confrontée ». ST ADHÈRE AUX OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DES NATIONS UNIES Une nouvelle fois, ST adhère aux objectifs du développement durable (ODD) des Nations Unies. Créés en 2015, ce sont 17 objectifs établis à l'horizon 2030 couvrant tout le prisme du développement durable. De plus en plus d'entreprises prennent en compte les ODD dans leur stratégie RSE. Véritable grille de lecture commune, ils facilitent la compréhension – et la comparaison – entre entreprises. Pour Jean-Louis Champseix, il en va du devoir de son entreprise envers la société. « En tant que société internationale responsable, nous avons un rôle à jouer dans l'atteinte des ODD des Nations Unies. Parmi ces objectifs, nous en avons identifié onze dont les enjeux sont en lien avec notre stratégie de développement durable et pour lesquels nous pouvons agir. Pour chacun d'entre eux, des programmes appropriés sont en place. Chaque année, nous les évaluons et publions les progrès que nous avons réalisés. » Mais quel est l'intérêt pour une entreprise d'adhérer volontairement aux ODD ? Dans un rapport de Novethic intitulé « Objectifs de développement durable, un rendez-vous manqué entre entreprises et investisseurs » et publié en septembre 2019, il est indiqué que les entreprises du SBF 120 (Société des bourses françaises), dont ST fait partie, sont soumises à des obligations de reporting sur les aspects environnementaux, sociaux et liés à leur gouvernance, selon la déclaration de performance extra-financière et l'article 173 de la loi de transition énergétique. Il est donc intéressant de s'interroger sur les motivations de cette démarche. Le rapport de Novethic nous donne des éléments de réponse. « Les entreprises cotées commencent à être sollicitées par leurs parties prenantes sur ce thème. Pour le moment, il s'agit principalement d'investisseurs et d'agences de notation. Soixante-et-onze pourcent des entreprises communiquent ainsi sur leur contribution aux ODD dans leur document de référence, rapport RSE, site internet, ou à travers les questionnaires d'agences de notation, principalement pour répondre aux attentes des investisseurs, et donc attirer des capitaux. » D'autant que, d'après l'étude « Better business, better world » de la Business and Sustainable Commission parue en janvier 2017, les ODD pourraient générer des opportunités commerciales de l'ordre de 12 000 milliards de dollars par an. Concernant ST, le groupe a intégré les ODD dans le système de rémunération des dirigeants. « Nous avons intégré des objectifs de développement durable dans le système de rémunération de nos dirigeants et des 19 000 employés éligibles à notre programme de rémunération variable », précise le vice-président du groupe. « Alignés avec les ODD, ils répondent en effet à quatre de nos priorités stratégiques : la sécurité des femmes et des hommes de l'entreprise, le changement climatique, la diversité des genres et l'engagement des employés. » ATTEINDRE LA NEUTRALITÉ CARBONE EN 2027 Viser plus loin. Tel pourrait être le leitmotiv de ST. Non content d'avoir atteint en 2019 l'objectif 2025 en matière de GES, ST vise désormais la neutralité carbone pour 2027. En effet, l'objectif fixé par l'entreprise elle-même pour 2025 était d'arriver à - 20 % d'émissions de GES, ce qui a été chose faite dès 2019 avec - 30 %. ST n'est cependant pas la seule entreprise du secteur à vouloir atteindre le zéro carbone, d'autres l'ont également en ligne de mire, à l'instar de Rohm ou SK Hynix, par exemple. Cependant, pour ces deux entreprises, l'objectif du zéro carbone est fixé en... 2050. Bien évidemment, cette date n'a pas été choisie au hasard. Elle provient de l'accord de Paris signé en 2015 dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C, il faudrait atteindre la neutralité carbone en 2050. Alors, si ST parvient à son objectif avant tout le monde en 2027 (pour les 40 ans de l'entreprise), cela lui conférera un avantage concurrentiel indéniable. « Nous pensons que la durabilité n'est pas seulement importante pour le monde, mais qu'elle offre également un avantage concurrentiel important. Notre engagement à être neutre en carbone d'ici 2027 est soutenu par la direction de ST à tous les niveaux. Nous avons une feuille de route solide soutenue par des investissements financiers et des partenariats importants. Nous espérons que cela ouvrira la voie à une accélération de la durabilité ensemble », tels sont les propos d'Orio Bellezza, président technologie, fabrication et qualité repris dans le rapport de développement durable de STMicroelectronics. Pour arriver en 2027 à la neutralité carbone, l'entreprise a donc rédigé une feuille de route complète. Dans un premier temps, il s'agit de respecter les trois scopes du protocole GES. ST s'engage à réduire ses émissions directes de GES (scope 1) en investissant dans des équipements permettant de brûler les gaz subsistants à l'issue de la fabrication de semi-conducteurs. Pour l'aider dans la réduction de sa consommation globale d'énergie (scope 2), ST a noué un partenariat avec Schneider Electric. Plus précisément, les deux entreprises collaboreront pour la réduction de la consommation d'énergie des sites de fabrication et de conception de ST, la stratégie d'approvisionnement en énergies renouvelables de tous les sites de ST et pour la mise en œuvre de programmes pertinents de séquestration de carbone. Enfin, ST souhaite limiter ses émissions liées au transport de ses produits, voyages d'affaires et déplacements domicile-travail de ses employés (scope 3). Autre étape, l'approvisionnement en énergie provenant de sources 100 % renouvelables d'ici à 2027. Pour ce faire, des installations photovoltaïques sur sites sont prévues ainsi que la signature d'accords sur l'achat d'énergies vertes et l'obtention de certificats verts. Enfin, une étape intermédiaire est prévue en 2025 afin d'être en conformité avec le scénario de 1,5 °C issu de la COP21. Cette étape est validée par l'initiative Science Based Targets (SBTi). En s'appuyant sur des données scientifiques en conformité avec l'accord de Paris, SBTi encourage les entreprises à se fixer des objectifs pour réduire leurs émissions de GES. À noter que des audits externes seront menés cette année, sur tous les sites de fabrication de ST, afin d'identifier les actions à entreprendre pour améliorer l'efficacité énergétique du groupe. Bien évidemment, qui dit neutralité carbone, dit mesures compensatoires. Certains diront que c'est une façon de se dédouaner de la pollution engendrée, mais ceci est un autre débat... L'une de ces mesures annoncées dans le rapport de ST est un programme de reboisement. Or, les arbres séquestrent du carbone, donc plus on en plante et plus on rééquilibre son bilan carbone. Selon l'Office National des Forêts, ces dernières constituent le deuxième plus grand puits de carbone de la planète après les océans. C'est ainsi que 6 200 hectares de forêts ont été plantés pour le compte du groupe entre 2002 et 2005. On nous apprend que 211 000 tonnes de CO 2 ont été séquestrés en 2020, ce qui représente 43 % des émissions directes annuelles de ST. L'entreprise compte développer à l'avenir ces programmes de reboisement, ainsi que d'autres systèmes de séquestration de CO 2 pour devenir neutre en carbone en 2027. Le taux de recyclage des eaux usées à Bouskoura est de 60 %. L'EAU, UNE RESSOURCE PRÉCIEUSE ET LIMITÉE Ce n'est un secret pour personne, fabriquer des semi-conducteurs nécessite un grand volume d'eau. Or, cela implique également de rejeter des eaux usées pouvant contenir des composants nocifs pour l'environnement et les populations locales. Conscient de cela, ST dit avoir « adopté une approche globale à cet égard, y compris l'évaluation du stress hydrique, les programmes de conservation et le traitement des eaux usées ». Ce dernier point étant une obligation pour l'industrie. Dans le rapport de développement durable de l'entreprise, il est précisé qu'en 2020, 86 % de l'eau utilisée dans l'ensemble des opérations provenait de l'approvisionnement en eau des municipalités et 14 % des eaux souterraines. Ce dernier chiffre nous a interpellés. Les eaux souterraines regroupant l'ensemble des réserves d'eau qui se trouvent dans le sous-sol, nous avons demandé des précisions à ST. C'est Jean-Louis Champseix qui nous a répondu : « Le chiffre de 14 % ne concerne qu'un seul de nos sites dans une région où l'on distingue deux types d'aquifères. L'un, peu profond, de moindre qualité et l'autre, plus en profondeur qui contient de l'eau qui peut être utilisée comme eau potable. Nous avons donc décidé de mettre en place un important projet de récupération et d'optimisation afin d'utiliser l'aquifère peu profond (et donc de limiter l'utilisation de l'aquifère le plus profond) pour préserver la source d'eau potable. » À sa décharge, ST multiplie les initiatives pour limiter sa consommation d'eau et favoriser son recyclage. Ainsi, 41 % de l'eau sont recyclés et réutilisés. Par exemple, une refonte de la station d'épuration du site de Bouskoura, au Maroc, a permis d'augmenter le taux de recyclage des eaux usées de 35 à 60 %. À Shenzhen, en Chine, les équipes du site ont amélioré le recyclage de l'eau par un système d'ultrafiltration, et aux Philippines, sur le site de Calamba, l'eau recyclée est utilisée dans les tours de refroidissement. Quand on parle d'eaux usées, on pense également aux eaux usées fluorées générées par les opérations de rinçage et nettoyage des composants électroniques. L'une des innovations de ST en la matière a été de traiter différemment les boues fluorées résultant du traitement des eaux usées. Le site de Singapour a ainsi collaboré avec un fournisseur de traitement des déchets pour transformer ces boues fluo-rées en granulés destinés aux industries de la métallurgie, du ciment ou de la céramique. VERS UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE Au lieu de jeter, autant réutiliser. ST se dirige donc vers une réutilisation de ces déchets qui entrent ainsi dans un système circulaire économique. Différentes initiatives ont été mises en place par le groupe afin de réduire le volume de ses déchets. Quelques exemples : l'acide sulfurique est utilisé pour le recyclage des batteries, les métaux précieux sont récupérés des déchets électroniques, les solvants sont soit distillés et réutilisés, soit brûlés et l'énergie récupérée. On peut aussi citer l'ammoniac des eaux usées utilisé dans les engrais agricoles, les déchets des plaquettes de silicium destinés à la production d'aluminium mais aussi les très classiques recyclages des papiers, cartons, bois et plastiques ou encore le compost issu des déchets organiques. L'objectif de 2025, fixé par ST à 95 % de déchets réutilisés et recyclés, était pratiquement atteint en 2019 avec 94 %. La pandémie étant passée par là, ce taux était de 88 % en 2020. Cette baisse s'explique aisément par la suspension des activités des fournisseurs d'élimination des déchets de certains sites durant les confinements. Ceci remettant en avant la question de la conception des matériaux ou l'utilisation de produits alternatifs plus facilement réutilisables. Si le sujet du recyclage des eaux usées et des déchets est maîtrisé chez ST, celui des produits chimiques est en pleine réflexion. Les substances chimiques étant essentielles dans le processus de fabrication des semi-conducteurs, il est tout aussi essentiel de protéger les personnes travaillant à leur contact et l'environnement. Une décision intéressante prise par l'équipe R&D du site d'Agrate, en Italie, a consisté à introduire des substances solides au lieu de produits chimiques dangereux lors de la création d'une nouvelle génération de matériaux piézoélectriques. Autre substance dangereuse notable : l'acide perfluoroocta-noïque ou PFOA. À compter du 4 juillet 2022, les niveaux de PFOA dans la fabrication de semi-conducteurs et les équipements connexes entrant dans l'Union européenne seront limités à 25 ppb par composant, selon Semi. Sur ce plan-là, ST a pris les devants en éliminant progressivement les substances liées à cet acide. Si bien qu'aujourd'hui, le PFOA a disparu à 95 % de ses usines. ST compte sur l'approvisionnement en énergies 100 % renouvelables d'ici à 2027. LA MÉTHODOLOGIE RBA COMME GARDE-FOU Améliorer ou changer ses process en interne est une bonne initiative. Encore faut-il que les fournisseurs suivent le mouvement. Pour s'assurer d'une ligne de conduite commune, ST s'appuie sur la méthodologie de la RBA. Cette coalition industrielle est dédiée à la responsabilité sociale des entreprises dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. « Nous sommes membre de la RBA depuis 2005. Cette alliance nous permet d'améliorer de façon continue les conditions sociales, environnementales et éthiques au sein de nos opérations et dans l'ensemble de notre chaîne d'approvisionnement », explique Jean-Louis Champseix. Cette méthodologie comprend trois étapes dont une auto-évaluation de la part du fournisseur et un audit RBA. Si 100 % des fournisseurs à risque devront être audités en 2025, à ce jour ce taux est de 17 %. Et il y a une filière qui est plus sensible que les autres. Il s'agit de la chaîne d'approvisionnement en cobalt. En effet, les impacts sociaux et environnementaux de l'extraction du cobalt suscitent de nombreuses préoccupations, y compris sur le plan des conditions de travail dangereuses et celui du travail des enfants. « En tant que participant à l'initiative des minerais responsables (RMI), nous surveillons notre chaîne d'approvisionnement en cobalt, notamment les impacts sociaux et environnementaux. Nous maintenons une vigilance active sur ce sujet en l'absence de réglementation à ce jour. » La RBA permet à ses membres de garantir un certain nombre de bonnes pratiques dans leurs activités. ST applique ainsi un processus de vigilance issu de la RBA et basé sur neuf principes fondamentaux : emploi librement choisi, prévention du travail des mineurs et protection des jeunes travailleurs, respect des heures de travail, équité des salaires et des avantages sociaux, interdiction de tout traitement inhumain, de tout type de harcèlement et de discrimination, liberté d'association, équité des conditions de travail et bien-être des employés, et confidentialité des informations personnelles. Avec des cotisations annuelles comprises entre 35 000 et 45 000 dollars, les membres s'engagent à respecter le code de conduite de l'alliance. En retour, cette dernière leur offre de nombreux outils pour évaluer les risques ou mener des audits, par exemple. Concernant l'évaluation des risques inhérents à l'activité, ST se fonde sur une évaluation externe et des questionnaires RBA d'auto-évaluation réalisés par les sites eux-mêmes. De même, les programmes d'audit couvrant les onze principaux sites de fabrication du groupe sont soit des audits internes visant à contrôler le respect de la politique du travail et des droits de l'Homme, soit des audits tiers RBA menés sur chaque site de fabrication tous les deux ans. Si tout est conforme, les sites reçoivent une distinction. La plus haute étant la Platinium. En 2020, deux sites sur onze en ont été gratifiés. « La reconnaissance Platinium signifie que le site est totalement aligné avec les standards du code de conduite RBA et qu'il a obtenu un score de 200/200. Rappelons que selon le protocole RBA, le cycle d'audit (d'une validité de deux ans) comprend un audit initial et un audit de clôture si des non-conformités sont constatées lors de l'audit initial. Tous nos sites de production dans le monde sont couverts par ces audits RBA. Les résultats dépendent du nombre de sites audités en initial ou en clôture pour chaque année », précise Jean-Louis Champseix. En 2025, l'objectif dans cette catégorie est d'arriver à 100 % des sites de production ST reconnus par des organismes internationaux externes. ST s'implique pour la féminisation des emplois dans l'industrie (ici Rajita D'Souza, la nouvelle présidente des ressources humaines et de la responsabilité sociale du fabricant franco-italien). UNE CRISE DU COVID BIEN MENÉE Durant la crise sanitaire, ST a déployé les grands moyens. L'objectif était triple : mettre en place des mesures barrières pour les employés, assurer la continuité des opérations et limiter la propagation du virus sur les sites. C'est la CCT (Corporate Crisis Team), cellule directement rattachée au comité exécutif de STMicroelectronics, qui a été nommée pour orchestrer la réponse globale contre le Covid-19. Outre le télétravail, un support psychologique a été mis en place pour les employés et 10 millions de masques leur ont été donnés. Le groupe a procédé à une assistance financière pour les travailleurs les plus vulnérables sous forme d'avance de salaire ou de frais d'hébergement, entre autres. Durant cette crise, ST a également soutenu les populations locales et défavorisées à travers des dons et des collectes de fonds. Des dons en nature ont été faits notamment pour les hôpitaux lors de la première vague de la pandémie. Mais les employés ont également réagi face à la crise en utilisant les installations, laboratoires d'innovation et même les imprimantes 3D de l'entreprise pour fabriquer des équipements sanitaires et de protection. Ainsi, des valves imprimées en 3D ont été créées pour transformer des masques de plongée en masques respiratoires. DES FEMMES ENCORE TROP PEU NOMBREUSES Être une entreprise responsable, c'est aussi œuvrer pour la parité hommes-femmes à tous les niveaux de responsa-bilité. Et il n'est, malheureusement, pas rare de trouver peu de femmes dans les secteurs industriels ou techniques. ST ne fait pas exception. En 2020, les femmes représentaient 34 % de ses effectifs mondiaux. À qui la faute ? Plafond de verre, préjugés sexistes, trop peu de femmes dans les écoles d'ingénieurs, des secteurs et fonctions peu valorisés ? D'après l'Observatoire des femmes ingénieures, la proportion de filles diplômées ingénieures en France dans les années 1970 n'atteignait pas 10 %. Aujourd'hui, ce taux a triplé mais semble néanmoins atteindre un palier. Autre tendance, les femmes ingénieures privilégient les domaines de la chimie et les sciences de la vie pour faire carrière. Parfaitement conscient de cette pénurie, le groupe s'est fixé un objectif de 20 % minimum de femmes à tous les niveaux managériaux d'ici à 2025. Or, à la vue des chiffres de 2020, l'objectif est encore loin d'être atteint. Dans les fonctions de direction, les femmes représentent 10 % des effectifs en executive management et 13 % en senior management. Sachant cela et l'admettant de façon très transparente, ST a mis en place de nombreux programmes pour valoriser la filière technologique et inciter plus de femmes à s'y engager. Il est vrai que le volet éducation a son importance car si on arrive à intéresser plus de jeunes aux carrières scientifiques et techniques, plus de jeunes filles pourront envisager ce type d'emplois. C'est ainsi que, courant 2020, ST France a signé un partenariat avec l'association « Elles bougent » dont le but est de lutter contre le manque de jeunes femmes en sciences et en ingénierie dans l'enseignement supérieur. En partageant les expériences professionnelles de femmes ingénieures de différentes industries, l'objectif est de promouvoir des emplois scientifiques et techniques à destination des jeunes filles. Chez ST, ce partenariat a fait tache d'huile puisque 67 employées du groupe se sont portées volontaires pour devenir ambassadrices de l'organisation. « STEM your way » est une initiative pour sensibiliser les jeunes (pas seulement les filles) à l'importance des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques et les encourager à s'engager dans des carrières liées à ces domaines. Une fois que les femmes ont embrassé des carrières dans le secteur industriel, que se passet-il ? Sont-elles promues comme les hommes ? Ont-elles les mêmes évolutions de carrière en termes de responsabilité et de salaire que leurs homologues masculins ? ST souligne dans son rapport que des études montrent d'une façon générale que les femmes sont moins susceptibles d'être promues que les hommes. Par conséquent, la société a introduit des objectifs spécifiques concernant le pourcentage de femmes en lice pour une promotion dans le management : 30 % de femmes candidates pour les fonctions cadres expérimentés et seniors et 20 % pour les cadres dirigeants et administrateurs. De même, le programme « Women in Leadership » est destiné aux cadres juniors et intermédiaires, et vise à préparer la prochaine génération de dirigeantes par le biais de coachings pour les rendre plus visibles et reconnues au sein de ST. Autre population qui a grand besoin de visibilité, les personnes handicapées. Au niveau mondial, ST emploie 2 % de personnes handicapées, soit une hausse de 11 % en 2020. Le groupe a d'ailleurs signé en 2019 le manifeste pour l'inclusion des personnes handicapées dans la vie économique. ST a lancé le premier programme dans l'industrie de formation en alternance à destination des personnes en situation de handicap. Aujourd'hui, en France, ST emploie 5,4 % de travailleurs handicapés contre 1,2 % en 2006. Notons que, dans notre pays, l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés impose à tout employeur d'au moins 20 salariés d'embaucher des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l'effectif total.

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