L’essor de la télésanté bute sur les défis de l’interopérabilité et de la sécurité

Le 27/04/2011 à 16:41 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Pour permettre le développement de l’e-santé en France, il faut garantir le respect de la confidentialité et s’assurer du consentement des patients envers l’utilisation de leurs données personnelles, souligne l’Asip Santé.

Lors du colloque “TIC et santé”, qui s’est tenu le 1er février dernier à Bercy, Michel Gagneux, président de l’Asip Santé (agence mise en place par l’Etat pour déployer un système d’information de santé), a souligné que de nombreux freins empêchent l’essor de la télésanté en France et dans de nombreux pays dans le monde. L’organisme public a reconnu que leur levée devrait encore prendre plusieurs années dans notre pays.

“Aujourd’hui, nous avons un système d’information qui est fragmentaire, peu orienté vers les processus de soins et surtout concentré sur la gestion administrative et budgétaire dans les établissements de santé, ou encore sur la télétransmission des feuilles de soins et la facturation dans le domaine ambulatoire. Il est peu communicant, il doit faire face à de gros problèmes d’interopérabilité, il est globalement peu sécurisé et peu centré sur le patient”, a précisé Michel Gagneux. Les causes sont complexes, d’ordre managérial, culturel et structurel.

“Il y a un certain nombre de pré-requis que nous devons atteindre”, a-t-il poursuivi, “il faut tout d’abord une épine dorsale qui permette à tous les dispositifs de santé de communiquer entre eux dans des conditions de sécurité et de fiabilité pour l’ensemble des acteurs. C’est tout le travail de mise en place d’un cadre d’opérabilité, de standardisation, de normalisation, qui est en cours de mise en œuvre, mais qui demandera encore quelques années de travail, et sans lequel rien de sérieux, rien de généralisable et rien d’industrialisable ne sera possible”.

“Le deuxième pré-requis, c’est l’espace de confiance. Lorsque nous développons des technologies numériques dans le domaine de la santé et du médico-social, nous échangeons des données qui ne sont pas comme les autres, qui sont particulièrement sensibles et qui font référence à l’intimité de la personne. Cela suppose que les conditions du respect de la confidentialité, du consentement de la personne à l’utilisation de ces données, soient maîtrisées.

Troisième pré-requis : trouver la forme de l’investissement public qui peut être consacré et son niveau. “Nous avons tous la conviction que ces technologies sont de nature à permettre une réduction des coûts, à améliorer la connaissance, les conditions de diagnostic ou de prescription, mais nous n’avons pas les outils théoriques prouvant, de manière indubitable, l’apport en termes de maîtrise des coûts de ces technologies sur l’ensemble du système”, affirme Michel Gagneux.

Quatrième défi : l’appropriation de ces technologies par les professionnels de santé. “Il faut qu’ils comprennent que cela peut avoir un effet positif sur l’exercice de leur métier, que les services offerts ne soient pas uniquement liés à des contraintes. Le gain de temps médical, le gain de qualité de prise en charge médicale sont des enjeux considérables”, a expliqué le président de l’Asip Santé.

“Nous sommes à un tournant. A une logique de filière qui a très naturellement longtemps prévalu, succède une offre de services global où les industriels devront redéfinir leur métier, trouver des modes de coopération”, conclut-il.

Un compte-rendu complet du colloque du 1er février sur la télésanté a été publié dans le numéro 14 de notre magazine ElectroniqueS daté de mars 2011.

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