Couverture ElectroniqueS n°127

MON PREMIER EST UN BUREAU D'ÉTUDES MÊLANT QUATRE MÉTIERS. MON DEUXIÈME EST UN OBJET CONNECTÉ. MON TROISIÈME EST LE POUCE LEVÉ PAR GRANT ERICKSON LUI-MÊME DEVANT MES CINTRES CONNECTÉS. MON TOUT EST BLUEGRioT, UNE START-UP LILLOISE. RENCONTRE AVEC L'UN DES CO-FONDATEURS, RUDY HOUQUE. D'après Rudy Houque (à droite), « le cintre connecté est français à 98 %, car construit à Nantes, Tourcoing. Nous sommes très regardants sur cet aspect, car à nos débuts, nous souhaitions avoir un œil sur tout, pour notre confort de travail… Nous n'avons pas encore trouvé d'intérêt à aller ailleurs, d'autant que nous développons un réseau réunissant l'électronique, la plasturgie… jusqu'au textile. » Le premier pas vers la création de BLUEGRioT est franchi alors que son futur co-fondateur est responsable innovation dans une agence dédiée aux applications mobiles. En 2015, la résurgence des objets connectés fait un appel du pied sentimental à l'ingénieur en micro-électronique de formation. Carte blanche lui est alors donnée pour créer un objet connecté. Eram est le premier client, avec un prototype de chaussure connectée, un produit déjà bien établi en 2015. Mais Rudy Houque vient « à contrepied de cette tendance avec quelque chose de “fun” ». Il collabore avec des experts en textiles innovants et crée une chaussure pourvue d'une fibre optique tissée. « Un Arduino intégré dans la semelle et une application mobile développée débouchent sur une application où l'on choisit la couleur de sa chaussure avec son smart-phone ». C'est un succès. « En 2016, j'ai l'opportunité de créer une entité avec des personnes compétentes en design produit et en mécanique afin d'avoir un seul interlocuteur pour nos clients » : BLUEGRioT est né. « Avec nos nouveaux contacts, nous réalisons que nos clients veulent faire du connecté, mais découvrent le monde de l'électronique. » C'est pourquoi, « en partant d'une feuille blanche, notre offre est clés en main ; nous faisons du design produit, des cartes électroniques, des logiciels sur-mesure, et nous industrialisons le produit, ce qui fait quatre métiers, à travers quatre associés ». Rudy Houque le reconnaît, « notre approche de départ était plutôt “naïve”, nous n'avions pas de stra-tégie particulière ciblant un type de client particulier. » Ainsi, la jeune pousse ne recherche pas les gros volumes, mais plutôt les productions allant de 100 à 2 000 pièces, pour gagner en expérience : « Cette évidence s'est imposée devant le besoin non assouvi de petites et de moyennes productions exprimé par les clients locaux : nous sommes reconnus pour cela ». Parlant de reconnaissance, le message admiratif de Grant Erickson sur Linkedin n'est pas un vain mot. Saluant la connexion record de 800 cintres sur le réseau Thread, il a aidé BLUEGRioT à connecter les 1 200 autres requis pour un magasin des Galeries Lafayette. Ce cintre connecté, né en seulement 17 mois, est le projet préféré de Rudy Houque en partant d'une feuille blanche, un leitmotiv chez la start-up. Ainsi, les circuits imprimés sont créés sur-mesure, et, objets connectés obligent, les radio-fréquences et les threads sont très présents. Ne possédant pas de moyens de production, BLUEGRioT soustraite auprès de partenaires comme Eurocircuits, spécialisé dans le prototypage rapide. D'autres sont identifiés, comme Prestocab et Eiffage. FUTURS PROJETS ET AMBITIONS Et l'avenir ? Visant le secteur du retail – très présent à Lille – un potentiel électronique y a été décelé, porté par le cintre connecté qui pourrait attirer l'attention, notamment à l'étranger : « Le déploiement à l'étranger a quelque part été accéléré par la crise sanitaire ; grâce aux aides de l'État, il a constitué une opportunité d'élargir le spectre de nos activités, car notre carnet de commandes s'allégeait jusqu'alors fortement ». Au salon new-yorkais Retail's Big Show, « nous avons eu deux contacts intéressants pour l'Amérique du Nord et le Brésil ». Le dernier projet en phase de test est la mallette de capteurs plug & play Auditkit, un projet 100 % maison répondant au besoin des différentes sociétés voulant revoir leur plan de marchandisage, à un tarif abordable pour le retail, grâce à la location hebdomadaire. Mais BLUEGRioT n'en oublie pas pour autant les textiles innovants, l'industrie (notamment 4.0) et le secteur médical.

BLUEGRioT, le couteau suisse de l’objet connecté

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