La semaine dernière a été marquée par une session de travail des ministres français et allemand de l’Economie, Bruno Le Maire et Peter Altmaier, durant laquelle ils ont discuté des principaux projets industriels franco-allemands et du renforcement de la politique industrielle européenne. Ils s’engagent activement pour le lancement de trois PIIEC, sur l’hydrogène, le cloud et la microélectronique, qui seront financés en partie par le plan de relance européen. Les deux ministres ont également réaffirmé leur objectif de définir des priorités communes pour la politique spatiale européenne.
Selon Bloomberg, des discussions ont été entamées avec TSMC et Samsung dans le but de mettre en place une fonderie de premier plan en Europe. De plus, dix-neuf pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont récemment annoncé qu’ils s’associaient pour investir dans les semi-conducteurs. Jusqu’à 20% des plans de relance européens, soit 145 milliards d’euros sur trois ans, pourraient être investis en commun dans la transition numérique, afin de renforcer la chaîne de valeur des semi-conducteurs et de réduire la dépendance de l’Europe aux fournisseurs américains et asiatiques, précisait une déclaration commune publiée par la Commission européenne. Mais les subventions à l’industrie européenne des semi-conducteurs ne suffiront pas à rattraper le retard accumulé depuis des décennies dans le domaine des semi-conducteurs. D’où l’idée d’une coopération avec les leaders du secteur.
Autre événement de la semaine écoulée : le fonds d’investissment HLD Europe est entré en négociations exclusives avec Ardian, en vue d’acquérir Photonis, spécialisé dans la vision nocturne et la fabrication de systèmes de détection scientifique. Le management de Photonis investira aux côtés de HLD Europe. Photonis est une société de haute technologie, avec 80 ans d’expérience dans la conception et la fabrication de composants électro-optiques et de capteurs de haute précision. Cette solution française a toutes les chances d’aboutir après le rejet par le gouvernement français de la proposition d’achat formulée par l’Américain Teledyne.
La souveraineté nationale et européenne en semi-conducteurs est également l’un des chevaux de bataille du gouvernement français : « Il y a un certain nombre de projets de rachat, sur lesquels nous ne sommes pas favorables » , a déclaré le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, faisant allusion à au moins deux projets d’acquisitions en cours dans ce secteur : celui du britannique Arm par Nvidia et de l’allemand Siltronic par Globalwafers.
Concernant le projet d’acquisition d’ARM par Nvidia, les autorités de la concurrence européenne et britannique ont annoncé l’ouverture d’une enquête poué évaluer les retombées que pourrait avoir ce projet sur l’accès à la technologie d’ARM. Ces réticences sont partagées par les autorités de régulation du Royaume-Unis et de la Chine, tandis que Google, Microsoft et Qualcomm ont manifesté leur ferme opposition à ce rachat. La technologie d’ARM est en effet présente dans presque tous les smartphones, et cela soulève de nombreuses inquiétudes quant à la possibilté de continuer à accéder aux licences donnant l’autorisation d’utiliser ses architectures, à des conditions satisfaisantes.