Couverture ElectroniqueS n°127

ÉLECTRONIQUES A PU RENCONTRER STÉPHANE BRINGUÉ, CEO DE ROHDE & SCHWARZ FRANCE. CE FUT L'OCCASION DE REVENIR SUR LES ACTIVITÉS ACTUELLES DU GROUPE ALLEMAND, DE DÉTAILLER SES AXES DE DÉVELOPPEMENT ET D'ABORDER LA PANDÉMIE DU COVID-19, LA FILIALE FRANÇAISE ET L'AVENIR DU GROUPE. « Nous avons souhaité, il y a environ un an, donner une dimension plus forte à l'expertise locale et investir dans des activités de services sur site. » Avant de devenir aussi le CEO de Rohde & Schwarz France, vous étiez celui d'Arpège, société française spécialisée en traitement numérique des signaux satellitaires et rachetée en 2007. Est-ce que votre nomination se traduit par une place plus importante des activités hors du test et de la mesure ? Stéphane Bringué. S'il y a eu des changements à la tête de Rohde & Schwarz France ces dernières années – Frank Mackel a assuré l'intérim après le départ de Jean-Christophe Prunet –, la réorganisation s'appuie surtout sur deux axes principaux : le premier est la régionalisation – je suis également responsable des activités de type projets et systèmes pour la zone Europe – et le second est une approche de go-to-market. Elle repose aujourd'hui sur trois piliers technologiques, à savoir l'instrumentation – notre secteur historique – pour un tiers du chiffre d'affaires, les systèmes et projets – une tendance vers laquelle on s'oriente principalement sur le domaine de la défense et de la sécurité – pour le deuxième tiers, et les instruments d'entrée de gamme en test et en mesure – ce que l'on appelle les Value Instruments – via des partenariats (distributeurs et loueurs). Le groupe Rohde & Schwarz réalise assez régulièrement des croissances externes, à l'instar de Motama, Pixel Power ou Camero-Tech. Stéphane Bringué. Effectivement, le groupe a opéré ces dix dernières années une croissance mixte, à la fois organique et externe via l'acquisition principalement de sociétés et de technologies associées. Dans le domaine des scanners corporels de sécurité, par exemple, nous avions d'abord adapté notre technologie de panneaux rayonnants pour la sécurité des infrastructures et des sites critiques, ou pour l'industrie automobile – scanners de positionnement des radars dans les véhicules, les pare-chocs. Pour accompagner la croissance du marché des scanners corporels à très haut débit dans le secteur aéroportuaire, de l'événementiel et des entreprises, le groupe a aussi acquis en 2019 l'israélien Camero-Tech. Je peux également citer les rachats du britannique Pixel Power, en 2018, pour notre activité Broadcast & Media, et du français DenyAll, en 2017, dans le domaine de la cybersé-curité (les pare-feu applicatifs web) – la société a ensuite été rebaptisée Rohde & Schwarz Cybersécurité France. Depuis le rachat de l'allemand Hameg en 2012, toutes les autres acquisitions concernent des activités hors instrumentation. Stéphane Bringué. C'est exact. Si le catalogue de Hameg a permis de constituer l'offre d'entrée de gamme du groupe, nous avons réalisé des investissements, notamment en oscilloscopie, et nos équipes de R&D ainsi que nos usines en Allemagne sont tout à fait en mesure de répondre aux évolutions actuelles du marché de l'instrumentation. Rohde & Schwarz reste et restera une société à capital familial, ce qui lui permet de choisir ses axes de développement. Pouvez-vous nous rappeler l'ensemble des Stéphane Bringué, CEO de Rohde & Schwarz France activités du groupe ? Stéphane Bringué. Le groupe est aujourd'hui organisé en cinq grands segments de marché : le segment historique, le test et la mesure, qui représente environ 50 % du chiffre d'affaires ; le deuxième est celui des communications sécurisées (entre 15 et 20 % du CA) pour le contrôle du trafic aérien, l'avionique, les systèmes navals et les communications tactiques ; le segment Broadcast & Media (10 % du CA) regroupe les solutions pour les distributeurs de contenus, les opérateurs (diffusion), les studios de production et de postproduction (média) ; le segment Monitoring & Networking Testing (un peu plus de 20 % du CA) est une activité à forte croissance et très orientée « systèmes », avec des clients étatiques dans le domaine de la défense et de la sécurité ; et le segment de la cybersécu-rité dans les infrastructures IT (environ 5 % du CA), une autre activité à forte croissance et dont la création remonte à environ quatre ans, propose des lignes de produits pour les niveaux « entreprise » et gouvernemental. Comme vous le voyez, le groupe s'oriente vers une stratégie de diversification de ses activités, au-delà de son secteur historique de l'instrumentation – stratégie que l'on appelle en interne « division-nalisation ». C'est en fait une stratégie de go-to-market, qui nous permet de conserver une certaine stabilité face aux fluctuations économiques et/ ou politiques que nous vivons actuellement (rivalité entre les blocs Est et Ouest, pandémie du Covid-19, etc.). Comment le groupe Rohde & Schwarz a-t-il été touché par la pandémie du Covid-19 ? Stéphane Bringué. 2020 fut une année chahutée par le Covid-19, sans lourdes conséquences toutefois. La réalisation d'un bon premier semestre 2019-2020, dopé par un très fort rebond de la zone Asie-Pacifique grâce à la 5G, nous a permis de passer la crise économique . Mais le groupe avait fort heureusement anticipé les différentes mesures de protection sanitaire, ce qui a permis d'éviter un ralentissement, voire un arrêt de la production. Nous avons ainsi pu maintenir les activités opérationnelles même au plus fort des phases de confinement, en particulier en Europe entre les mois de mars et de juin. L'objectif numéro un était de protéger tous les collaborateurs, ce qui a été rendu possible par la mise en place du télétravail pour une grande partie des employés en Allemagne et par un isolement sanitaire de l'ensemble de nos usines pour éviter la création de clusters. En ce qui concerne l'impact de la pandémie du Covid-19 sur nos activités, je dirais que nous sommes loin d'être sortis de cette situation et que nous entrons dans une nouvelle normalité du point de vue des méthodes de travail et des relations clients. Cette nouvelle normalité est avant tout basée sur la digitalisation de nos activités commerciales, techniques et de support, de plus en plus soutenues aussi par une diversification de notre offre commerciale et marketing (réseaux sociaux). Par la force des choses, confinement oblige, il a fallu que nous trouvions des alternatives pour pouvoir continuer à être en relation avec nos clients. Fort heureusement, sans présager de cette pandémie, nos équipes françaises, européennes et internationales avaient commencé, dès novembre 2019, à mettre en place des webinaires, des sessions de formation et de démonstration à distance, avec les moyens ad hoc. Cette tendance s'est forcément accélérée entre février et juin 2020. “« La réalisation d'un bon premier semestre 2019-2020, dopé par un très fort rebond de la zone Asie-Pacifique grâce à la 5G, nous a permis de passer la crise économique. » Rohde & Schwarz intensifie le développement de solutions de prise en main à distance de ses équipements, à l'instar des nouveaux amplificateurs large bande PKU100 pour les liaisons satellites. Proposez-vous des outils permettant à vos clients de travailler à distance avec vos produits ? Stéphane Bringué. Nous intensifions effectivement le développement de solutions de prise en main à distance de nos équipements. Les nouveaux amplificateurs large bande PKU100 pour les liaisons montantes satellites en bande Ku peuvent être entièrement pris en main à distance par le client dans un environ-nement de test (configuration des niveaux de puissance, des points de fonctionnement, des bandes de fréquence, etc.). Mais ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres . Que représente aujourd'hui la filiale française au sein du groupe ? Stéphane Bringué. Au travers de ses trois filiales (Rohde & Schwarz France, Rohde & Schwarz Cybersécurité France et Arpège), la filiale française représente environ 200 personnes. Sa mission est de commercialiser et fournir les services pour l'ensemble des produits et solutions du groupe. À côté des services d'étalonnage et de maintenance traditionnels, nous avons souhaité, il y a environ un an, donner une dimension plus forte à l'expertise locale et investir dans des activités de services sur site, pour répondre d'une manière plus efficace et rapide à la demande du marché, que ce soit en instrumentation ou dans le secteur des amplificateurs et des applications de compatibilité électromagnétique (CEM). Par ailleurs, en parallèle de l'approche « instrumentation et services associés », nous proposons également un pendant dans les systèmes et projets. Nous continuons à développer les Professional Services, qui sont des services liés à des programmes de maintenance sur des périodes de 20 ans, voire 25 ans. Nous avons, là aussi, une équipe dédiée française en charge du maintien en conditions opérationnelles (MCO) au travers de service level agreements (SLA). Pour conclure, comment voyez-vous l'avenir du groupe Rohde & Schwarz ? Stéphane Bringué. Le groupe va poursuivre sa stratégie de mondialisation, puisque nous avons investi, et continuons d'investir, dans des infrastructures de production, principalement en Asie pour couvrir le marché asiatique et réduire les délais de livraison dans ces zones. Et n'oublions pas la stratégie de go-to-market, avec un réajustement des roadmaps vers les segments applicatifs au détriment d'une approche produits, et dans laquelle le client est revenu au centre de toutes nos décisions stratégiques.

« Nous nous orientons vers une stratégie de diversification de nos activités, au-delà de l’instrumentation »

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure

« Nous nous orientons vers une stratégie de diversification de nos activités, au-delà de l’instrumentation »

Dans la même rubrique

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure