Sur les 10 000 respirateurs fournis par Air Liquide, 8500 ne s’avèrent être que des “ventilateurs de transport légers et simples d’utilisation”, selon la fiche produits d’Air Liquide. Ce sont des appareils que l’on utilise dans les ambulances et non en salle de réanimation. “Il s’agissait de la meilleure solution disponible pour garantir la capacité à armer des lits, dans une situation d’urgence”, se défend le gouvernement.
Commandés en urgence auprès d’Air Liquide Medical Systems et d’entreprises partenaires (PSA, Valeo, Schneider Electric et de nombreux sous-traitants), la plupart des 10000 respirateurs artificiels en cours de fabrication et de livraison pourraient se révéler inadaptés à la nouvelle situation sanitaire qui va se présenter à nous. A l’origine et compte tenu du manque de lits dans les services de réanimation, il fallait pouvoir trouver des solutions permettant de s’adapter à la situation d’urgence. Ainsi, 8500 respirateurs ont été fabriqués en tenant compte de la situation sanitaire au moment de la commande, situation qui risque d’évoluer d’ici quelques semaines avec une baisse probable des besoins de réanimation en mobilité.
Selon une enquête de Radio France, les hôpitaux disposait de 5000 lits de réanimation en hôpitaux au début de la crise, alors que les besoins étaient évalués à 14000 respirateurs par le ministère de la Santé. Pour ce surcroît de lits de réanimation, il fallait un matériel approprié.
Pour répondre à la crise, Air Liquide avait d’abord lancé la fabrication de 1024 appareils d’un modèle appelé T60 conçu pour le transport des malades, qui pouvait, si nécessaire, s’adapter aux besoins d’un service de réanimation dédié à une situation exceptionnelle.
Dans un premier temps, l’Etat souhaite que soient produits 5000 respirateurs T60, et autant d’un modèle plus basique qu’on appelle l’Osiris 3. Mais le T60 est complexe à assembler. Air Liquide propose donc de produire plus de modèles de type Osiris qui, eux, ne nécessitent que 300 composants. 8500 Osiris 3 seront donc fabriqués, contre 1500 T60, dans un délai record de 50 jours. Or, ces 8500 respirateurs Osiris ne s’avèrent être que des “ventilateurs de transport légers et simples d’utilisation”, selon la fiche produits d’Air Liquide. Ce sont des appareils que l’on utilise dans les ambulances, mais pas dans les salles de réanimation. Ils pourraient donc se révéler inadaptés aux besoins des hôpitaux.
Le gouvernement a réagi ce jeudi 23 avril via un communiqué signé des ministres de la Santé et de l’Economie. “Les 8 500 respirateurs du modèle Osiris sont des respirateurs d’urgence et de transport, bénéficiant de toutes les certifications utiles par les agences sanitaires, dont le marquage CE. Leur usage en service de réanimation, en cas d’indisponibilité de respirateurs plus lourds et en dernier recours, avait été validée par les deux sociétés savantes françaises de réanimation, la société française d’anesthésie et de réanimation et la société de réanimation de langue française. La commande passée à Air Liquide l’a été à un moment où le nombre de patients admis en réanimation continuait de croître très rapidement, et où il apparaissait absolument nécessaire de sécuriser la capacité à armer un nombre de lits de réanimation beaucoup plus importants. Il s’agissait de la meilleure solution disponible pour garantir la capacité à armer des lits, dans un contexte où tous les pays du monde tentaient d’accroître leurs stocks de respirateurs. Elle a permis d’éviter de recourir aux solutions de fortune constatées dans certains pays, comme le fait de brancher deux patients à un même respirateur. (…) D’ici la fin du mois de juin, la France devrait disposer de 15000 respirateurs de réanimation, et de 15000 autres respirateurs d’urgence et de transport, soit une quantité supérieure aux besoins exprimés et anticipés”.