Le nouveau fonds est un signe de la détermination de la Chine à devenir plus indépendante de la technologie américaine et à poursuivre son ambitieux plan visant à devenir un leader technologique mondial.
La Chine a mis en place un fonds national pour les semi-conducteurs de 204,2 milliards de yuans (28,9 milliards de dollars), dans le but de renforcer son industrie de puces et de combler le fossé technologique avec les États-Unis.
Le fonds soutenu par le gouvernement est plus important de 9,2 milliards de dollars par rapport à un fonds similaire lancé en 2014 qui avait permis de lever 139 milliards de yuans (19,7 milliards de dollars), selon des informations relatives à l’enregistrement des entreprises, obtenues par le “Wall Street Journal”.
Le nouveau trésor de guerre chinois devrait à nouveau susciter l’inquiétude des responsables américains, qui se sont plaints du fait que le fonds de 2014, financé en grande partie par des agences gouvernementales et des entreprises d’État, constituait une forme de capitalisme d’État qui donnait un avantage injuste par rapport aux entreprises américaines. Le bureau du représentant américain au Commerce a déclaré dans un rapport l’année dernière que le fonds de 2014 montrait “un degré élevé de participation du gouvernement chinois à la création des fonds destinés à atteindre les objectifs stratégiques nationaux”.
“Cela signifie que la Chine intensifie ses pratiques étatiques qui ont conduit à la guerre commerciale, et qu’elle ne fera que continuer la guerre commerciale”, a déclaré Jeff Moon, ancien assistant du représentant américain au commerce pour la Chine.
Cependant, dans les semi-conducteurs, la Chine a encore un long chemin à parcourir pour rejoindre les leaders mondiaux. Le fonds de 2014 a consacré des milliards de dollars à des dizaines de projets. Yangtze Memory Technologies., l’un d’eux, a annoncé en septembre avoir commencé à produire en masse certains types de mémoires flash.
Bien que la société rattrape rapidement son retard, elle reste à la traîne par rapport aux leaders du secteur, comme le coréen Samsung Electronics. D’autres efforts se heurtent à des barrages de la part des Etats-Unis. Ainsi, la production de Fujian Jinhua Integrated Circuit, un autre fabricant de mémoires, s’est arrêtée après que Washington ait interdit aux entreprises américaines de faire affaire avec lui en 2018. Jinhua était accusée d’avoir volé des secrets technologiques, affirmation qu’elle a démentie.
Dans l’ensemble, les analystes estiment que la Chine reste loin derrière les principaux acteurs, notamment Intel, TSMC et Samsung, dans les domaines clés des semi-conducteurs. Outre les circuits intégrés, un autre goulot d’étranglement majeur concerne les équipements de fabrication, un secteur dominé par des acteurs non chinois. Les sociétés leaders incluent Applied Materials et LAM Research, deux sociétés américaines, ainsi que le néerlandais ASML et le japonais Tokyo Electron.