Couverture ElectroniqueS n°127

L'allemand met la main sur un large catalogue de mémoires flash Nor et Nand, Sram et Fram, de microcontrôleurs 32 bits et de circuits d'interface USB, Bluetooth et Wi-Fi. C 'est un nom emblématique des semi-conducteurs qui risque de disparaître. L'américain Cypress Semiconductor va en effet être racheté par l'allemand Infineon Technologies, au cours d'une transaction valorisée à environ neuf milliards d'euros, soit une surenchère de 46% par rapport aux derniers cours boursiers de l'action Cypress. Fondé en 1982 par T.J. Rodgers, bien connu pour ses opinions tranchées et son franc-parler, Cypress avait débuté ses activités comme fournisseur de mémoires, mais s'était largement diversifié depuis. Lors de sa dernière année fiscale, l'américain a vendu pour environ 1 milliard de dollars de mémoires et 1,5Md$ de microcontrôleurs et circuits d'interface, pour un bénéfice net de 355 M$. Les applications concernées se répartissent entre l'automobile (33 %), le grand public (29%), l'industriel (19%) et les entreprises (19%). Parallèlement au retrait de T.J. Rodgers en 2016, Cypress s'était engagé dans une res-tructuration censée recentrer l'entreprise sur ses marchés les plus prometteurs et améliorer son rendement financier – ce qui l'a sans doute positionnée favorablement pour un rachat. Deux offres très complémentaires REINHARD PLOSS, CEO d'Infineon “ Ce rachat augmente notre potentiel de croissance dans l'automobile, l'industriel et les objets connectés . ” L'ambition du fabricant américain, d'ici à 2023, était de réaliser 85 % de son chiffre d'affaires en composants pour l'automobile et les objets connectés, réduisant à 15 % la part de ses activités historiques (mémoires non liées à l'automobile, circuits USB d'anciennes générations, horloges, analogique…) et maintenant une croissance globale moyenne de 7 à 9%. Des plans stratégiques qui ne sont pas forcément remis en cause par ce rachat, car les doublons entre les deux sociétés s'avèrent relativement rares. Cypress dispose d'un savoir-faire essentiellement numérique, symbolisé par ses nombreuses technologies de mémoires (flash Nor et Nand, Sram et même Fram), ses familles de microcontrôleurs à blocs analogiques et numériques programmables PsoC ou encore ses contrôleurs USB. Les microcontrôleurs Traveo de Cypress, qui sont orientés vers l'automobile tout comme la gamme Aurix d'Infineon, ne concernent pas les mêmes sous-systèmes : les premiers visent davantage l'habitacle et le tableau de bord et les seconds le châssis, le bloc-moteur et les capteurs de conduite assistée. Cypress revendique d'ailleurs être le premier fournisseur mondial pour plusieurs catégories de composants automobiles : transmetteurs Wi-Fi/Bluetooth, contrôleurs USB-C, microcontrôleurs pour tableau de bord, contrôleurs tactiles, mémoires flash Nor… Un leader en circuits automobiles De son côté, Infineon se concentre essentiellement sur les marchés de l'automobile et de l'industriel avec des circuits de puissance et de gestion d'alimentation, des compo-sants RF, des capteurs ou encore des composants sécurisés. Outre un catalogue de composants relativement complémentaire, Cypress apporte à Infineon un meilleur accès au marché américain, mais aussi au marché japonais, qui demeure stratégique en automobile, et une augmentation des ventes via la distribution. L'ensemble pèse théoriquement environ 10Md$ de chiffre d'affaires, de quoi atteindre le huitième rang de l'industrie des semi-conducteurs et la première place sur les marchés des circuits pour l'automobile (13 % de part de marché, devant NXP, Renesas et Texas Instruments), des composants discrets de puissance (19 %, devant ON Semiconductor, STMicroelectronics et Mitsubishi) et des circuits sécurisés (24% devant NXP, Samsung et STMicroelectronics). 15% du marché des microcontrôleurs 32 bits Infineon+Cypress prendrait par ailleurs la quatrième place du marché des microcontrôleurs 32 bits avec 15% de part de marché, derrière Renesas (20%), NXP (19%) et ST (17%) et devant TI (10 %). Infineon projette que la nouvelle entité réaliserait 53 % de ses ventes en puissance, 26 % en microcontrôleurs et circuits d'interface, 12% en capteurs et composants RF et 9% en mémoires. Le rachat devrait être effectif en fin d'année 2019 ou début d'année 2020, Infineon s'appuyant sur le précédent rachat d'International Rectifier pour fluidifier l'intégration de cet autre fabricant américain historique. FRÉDÉRIC RÉMOND

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