Ce numéro de la lettre présente deux robots officiant dans des établissements de santé. Le robot compagnon Hope, conçu et fabriqué par la start-up rouennaise Event Bots, égaie le quotidien d’un service pédiatrique au CHU de Rouen. Il distraie les enfants via des jeux et va se doter de possibilités de suivi de ces petits malades. Par ailleurs, la jeune pousse francilienne Spin’R propose Medi’Pep, un robot apte à assurer les consultations de santé dans les maisons de retraites et assimilés, intervenant en appui des équipes médicales de ces structures.
Ces deux informations appellent une réflexion. En effet, l’intervention des robots dans l’univers des enfants ne peut que mobiliser la curiosité de ces derniers et les appeler à plus de vie. Elle se justifie pleinement. Par contre, l’intervention des robots auprès des personnes âgées appelle à davantage de circonspection. Dans le cas du Medi’Pep, l’aspect fonctionnel et économique de l’intervention du robot justifie qu’on fasse appel à lui. Par contre, la prudence s’impose face à l’installation de robots compagnon, substituts des personnels de soin, dans les maisons de retraite, les EHPAD et les EHPA. En effet, il y a alors le risque d’imposer aux seniors un comportement régressif.
Toute personne, on le sait, a besoin de séduire pour exister. Or, cette dimension est absente – ou seulement inventée comme les enfants le font dans leurs imitations des grandes personnes – dans les communications avec la machine. Dans l’interaction avec la machine, il y a un manque crucial, susceptible même de générer des maladies si l’individu se limite à ce type de communication. Attention donc à ne pas réifier l’humain avec l’installation de robots. Le progrès dans les maisons de retraite passe, au contraire, par davantage de présence humaine et de partage.