Couverture ElectroniqueS n°127

La fusion de Oberthur Technologies et Safran Identity and Security (ex-Morpho) a donné naissance à Idemia, un leader de la sécurité numérique et des technologies d'identification. La nouvelle entité a présenté les défis qu'elle entend relever dans un monde sans cesse en évolution. E nseptembre dernier, dans le cadre de la présentation du nouveau groupe Idemia, regroupant Oberthur Technologies et Safran Identity and Security (ex-Morpho), dédié à la sécurité numérique et aux technologies d'identification, Didier Lamouche, son Pdg, a présenté les défis inédits auxquels notre société est confrontée en termes d'identification et de protection des appareils, objets et personnes. Premier défi : identifier et protéger. Au-delà de ces deux missions essentielles, c'est la nécessité d'aider et de soutenir les personnes les plus vulnérables et fragiles, en leur proposant des solutions innovantes. Il s'agit d'apporter la chose la plus précieuse après la vie elle-même : exister aux yeux de la société en offrant une identité reconnue. L'un des droits les plus fondamentaux dont de nombreuses personnes ne jouissent malheureusement pas aujourd'hui. En effet, plus de 2 milliards de personnes n'ont toujours aucun document d'identité légal dans les pays en voie de développement. À Aadhaar, en Inde, Idemia a lancé le plus grand programme de documents d'identité au monde en créant une identité digitale pour 1,1 milliard d'Indiens. Pas d'Internet des objets sans sécurité Le monde bouge et évolue comme jamais auparavant. Ces évolutions et ces disruptions interviennent de plus en plus vite chaque jour, entraînant toujours davantage de problèmes et défis liés à la sécurité et nécessitant une réponse. Quatre tendances majeures qui influencent ces évolutions… Tout d'abord, nous devons faire face à une augmentation exponentielle des objets, appareils et services connectés. Que ce soit dans l'automobile, la maison, l'énergie, la santé, l'industrie, la gestion des déchets, l'agriculture, la finance… l'Internet des objets est partout ! En 2025, plus de 25 milliards d'appareils connectés représenteront plus de 25 milliards d'occasions pour les hackers professionnels de prendre le contrôle de nos vies : avec la possibilité de pénétrer chez nous, de prendre le contrôle de notre voiture, notre téléphone, notre appareil photo… Et ce n'est pas de la science-fiction ! En 2015, deux hackers américains ont réussi à prendre le contrôle à distance de l'ordinateur de bord d'une voiture, contrôlant ainsi les essuie-glaces et la radio. Plus grave, ils ont également réussi à arrêter le moteur et à contrôler les freins… Juste après cet incident, le groupe en question avait annoncé que près de 500 000 véhicules étaient potentiel-lement vulnérables. Or, les constructeurs automobiles le savent bien : la voiture autonome, l'un des sujets les plus tendance de la R&D aujourd'hui, ne verra jamais le jour si une solution n'est pas trouvée à ce problème ! Et surtout, si le consommateur n'a pas la certitude que ce risque a disparu. < Didier Lamouche, Pdg d'Idemia, a présenté les défis inédits auxquels notre société est confrontée en termes d'identification et de protection des appareils, objets et personnes. Plus de 2 milliards de personnes n'ont toujours aucun document d'identité légal dans les pays en voie de développement, a-t-il souligné. Le piratage des cartes de crédit constitue un autre fléau majeur en matière de sécurité. Très récemment, une entreprise américaine a été victime d'un hacking d'envergure ayant entraîné le vol potentiel de 100 millions de données personnelles, y compris des coordonnées bancaires et des numéros de sécurité sociale aux États-Unis. Quand on connaît l'importance d'un numéro de sécurité sociale, on comprend à quel point ce type de hacking est critique. Or, ce genre de risque va continuer à augmenter de manière exponentielle. Pour une raison simple : avec plus d'appareils, il y a plus de connexions. Et parce que ces connexions se font encore sur des réseaux mondiaux ouverts via des protocoles standards faciles à contourner et à pirater, touchant des milliers d'appareils en même temps. Ainsi, il faudra non seulement sécuriser la vie des gens, mais également les objets et les appareils avec lesquels ils interagissent. Croissance exponentielle des échanges de données < Le nombre de personnes prenant l'avion doublera dans les 10 prochaines années environ pour atteindre plus de 7 milliards de passagers par an. Une deuxième tendance est tout aussi phénoménale et impactante que le développement des objets connectés. Il s'agit de la croissance exponentielle des échanges de données, d'argent et même de mouvements de personnes et de populations. Une fois de plus, les chiffres parlent d'eux-mêmes : le trafic mobile sera multiplié par huit entre 2015 et 2020 et 3 000 mil-liards de minutes, soit 5 millions d'années de contenu vidéo, circu-leront sur Internet chaque mois en 2020. Le nombre de personnes pre-nant l'avion doublera dans les 10 prochaines années environ pour atteindre plus de 7 milliards de passagers par an. Et la situation peut changer du jour au lendemain. Il y a un nouvel opérateur mobile en Inde. Il a lancé un tout nouveau forfait data illimité et en l'espace d'une année à peine, le marché de l'Inde a pris la première place mondiale en termes de consommation de data par habi-tant. Le pays n'était que 150 e il y a un an. De 150 e à 1 er en moins d'un an ! La consommation moyenne de data par indien est aujourd'hui de 1,2 Go par mois. C'est le double des États-Unis. Tout cela grâce à une offre spéciale proposée par une entreprise ! Qu'il s'agisse d'argent, de données, de loisirs, de voyages ou de communications, une chose se vérifie toujours : l'augmentation des échanges démultiplie en parallèle certains risques majeurs. Et le défi est le même pour tous les pays, toutes les entreprises, tous les appareils et toutes les transactions : comment gérer l'augmentation de volume massif tout en améliorant la sécurité dans un monde en rapide évolution, un monde où la frontière entre le domaine physique et le domaine numérique s'estompe jusqu'à disparaître ? La troisième grande tendance est la numérisation de l'économie. Les papiers, contrats, signatures, contrôles aux frontières, objets, devises, produits, transactions… toutes ces choses physiques et matérielles que l'on a l'habitude de pouvoir toucher ou mettre dans un coffre-fort et qui nécessitent un face-à-face physique tendent progressivement et de plus en plus vite à devenir immatérielles. Voici quelques chiffres pour savoir ce qui nous attend: 180 millions d'acheteurs en ligne en Europe (soit près de la moitié de la population totale) totalisaient plus de 200 milliards d'euros d'achats en ligne uniquement en 2016. Les plateformes mobiles et sur Internet sont en plein boom (covoiturage, collocation, financement participatif). Cette économie du partage représente à elle seule plus de 30 milliards d'euros de transactions uniquement en Europe. La plupart des innovations jusqu'à présent a consisté à sécuriser des paiements dans le monde physique. Mais quand on se penche sur la sécurité des paiements dans l'espace numérique, sur Internet, nous sommes encore à l'âge de pierre. Aujourd'hui, 50 % des fraudes sur les transactions dans le monde sont liées à des transactions en ligne. Face à ces défis, la mission des spécialistes de la sécurité numérique est double. Premièrement : faire pour l'univers numérique ce que nous avons fait pour l'univers physique, à savoir, assurer l'efficacité de la sécurité. Deuxièmement : préempter les formidables opportunités liées à l'économie de partage où les transactions se font entre individus. Enfin, quatrième phénomène de masse : la « consumérisation » des technologies. En d'autres termes : aujourd'hui, la technologie n'est plus dans les mains des personnes qui la créent. Elle ne sert plus uniquement aux entreprises. Elle est entre les mains des personnes qui l'utilisent tous les jours, c'est-à-dire les consommateurs finaux. Pour les professionnels de la sécurité, cela signifie que la technologie doit répondre à trois critères : la facilité d'utilisation (grâce à des interfaces utilisateurs intuitives), la primauté sur un nouveau marché (sur Internet, le premier remporte la mise), et le juste prix de vente (demander à quelqu'un de payer 1 500 dollars pour une paire de lunettes connectées, cela ne fonctionne pas). Ce nouvel environnement implique que, dans chaque secteur, les entreprises revisitent leurs processus de R&D, leurs politiques de développement et leurs stratégies marketing. La simplicité d'utilisation consiste à faire d'une technologie extrêmement complexe quelque chose de totalement intuitif, rapide et sans rupture d'expérience pour le consommateur. Si augmenter le niveau de sécurité implique de plus en plus de contraintes pour l'utilisateur final, plus de mots de passe, de codes, etc., nous passons à côté de la cible. Garantir la sécurité des systèmes critiques Il y a deux aspects à considérer dans la sécurité numérique. Sécuriser les accès et gérer les droits d'accès partout où cela est nécessaire : l'identification, le paiement et la communication. Avec des solutions critiques pour authenti-fier un passeport ou pour s'assurer qu'un moyen de paiement est sans faille. De plus en plus, en particulier dans l'espace numérique, il faut garantir la sécurité des systèmes critiques. Par exemple, la génération en temps réel d'une carte de paiement numérique, la connexion en temps réel à une voiture, la génération en temps réel d'un code d'authentification pour autoriser une transaction, l'analyse en temps réel de milliers d'heures d'enregistrement vidéo pour prévenir de potentielles attaques terroristes… Ensuite, la simplicité d'utilisation consiste à faire d'une technologie extrêmement complexe quelque chose de totalement intuitif, rapide et sans rupture d'expérience pour le consommateur. Si augmenter le niveau de sécurité implique de plus en plus de contraintes pour l'utilisateur final, plus de mots de passe, de codes, etc., nous passons à côté de la cible. Le consommateur veut une sécurité sans faille et sans contrainte. Une expérience fluide et intuitive. Lors d'un achat en ligne, le consommateur reçoit un SMS pour sécuriser le paiement. Certes, cette technologie améliore la sécurité, mais réduit de 25 % le chiffre d'affaires des sites de e-commerce. Quelle entreprise peut se permettre de perdre 25 % de son chiffre d'affaires ? Cela ne devrait pas être le prix à payer pour améliorer la sécurité ! Autre exemple : celui du « Motion Code ». Le code à trois chiffres statique au dos d'une carte de paiement a été remplacé par un écran miniature faisant apparaître un code qui change automatiquement toutes les heures. Grâce à cette solution, les fraudeurs n'ont aucun intérêt à copier les informations de la carte. Cela a permis d'éradiquer les fraudes sur les paiements en ligne dans tous les pays où la solution a été déployée. Et quel est le meilleur aspect, la caractéristique la plus innovante de cette invention ? C'est qu'elle n'a nécessité aucun changement dans les habi-tudes de l'utilisateur. Aucune modification des infrastructures de paiement. La recette du succès. « Motion Code » ne nécessite aucun changement de comportement. Voilà ce que l'on entend par facilité d'utilisation. Le septième continent: l'espace numérique Concernant le facteur humain, qu'y a-t-il de plus pratique et de plus efficace pour prouver notre identité que nos caractéristiques physiques ? Ce que nous sommes plu-tôt que ce que nous devons retenir. Il y a quelques années, Morpho a inventé la technologie biométrique et pendant des décennies il n'a cessé de l'améliorer. Plutôt que d'utiliser des codes pin, des codes de sécurité, des mots de passe, il est possible d'utiliser l'empreinte du doigt, le visage, l'iris, la voix. Enfin, le défi de la continuité consiste à être capable de répondre à tous les environnements dans lesquels l'être humain évolue : le monde physique bien sûr, mais aussi le monde numérique, commercial et évidemment civil. Ce que l'on appelle le septième continent. Et tout comme nous avons besoin d'un passeport physique pour voyager sur les cinq ou six continents, il nous faut également une identité digitale pour voyager vers le septième continent : l'espace numérique. Et encore une fois, en offrant aux consommateurs une expérience fluide et sans entrave pour passer du monde physique au monde numérique. Jusqu'à présent, les innovations et les nouveaux usages ont été pensés et conçus sans nécessairement songer à la question de la sécurité. Cette question refaisait inévitablement surface face aux problèmes rencontrés. C'est ainsi que les plus grandes inventions telles que l'ordinateur et Internet sont nées : d'abord la porte, ensuite la serrure. Mais dans le monde d'aujourd'hui et de demain, notre monde physique et digital, notre monde « phygital », la question n'est plus «comment sécuriser », mais «comment être sûr ». «Comment intégrer la sécurité dès le départ ? » S'assurer que le smartphone qui permet de faire un achat appartient à l'acheteur et être certain que la personne responsable de la transaction est bel et bien propriétaire du smart-phone. D'une question de sécurité, nous sommes passés à une question d'identité et d'authentification. Le monde connecte chaque jour un peu plus les personnes et les objets. Cela signifie que l'identification et l'authentification sont aujourd'hui encore plus critiques. Cela implique d'être capable de contrôler notre identité et nos informations personnelles pour chaque interaction ou transaction, pour nous connecter, payer, échanger, voter ou encore voyager. D'ailleurs, tout est question d'identification (« vous êtes vous »), tout est question d'authentification (« vous seul pouvez être vous »). Tout est question d'identité. Et encore mieux que l'identité, tout est question de ce que Idemia a choisi d'appeler l' Augmented Identity , ou identité augmentée JACQUES MAROUANI

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