Couverture ElectroniqueS n°127

La prise de conscience massive des enjeux de sécurité est susceptible de redynamiser la croissance de la filière sur la période 2013-2020, notamment sur son cœur industriel (qui progresserait de 6% par an selon une étude des cabinets Décision et Pierre Audoin Consultants). Il serait surtout tiré par des grands groupes du secteur de l'électronique et de la cybersécurité (avec une progression de plus de 10% par an). D ans une étude réalisée à la demande des pouvoirs publics par les cabinets Décision et Pierre Audoin Consultants, et publiée à la fin de l'année 2015, la filière sécurité représentait déjà en 2013 un volume d'affaires de 60 milliards d'euros et près d'un million d'emplois publics et privés. Entre 2003 et 2013, période analysée par l'étude, le chiffre d'affaires des produits et services de sécurité s'est développé sensiblement davantage que le PIB (un point de plus en moyenne) au rythme soutenu de 5 % par an jusqu'à la crise de 2008 et réduit à 2 % par an ensuite. Depuis 2013 et jusqu'en 2020, la croissance était à nouveau attendue pour retrouver le même niveau qu'avant la crise à hauteur de 5,1%. La France est fortement exportatrice Ces chiffres traduisent une moyenne et cachent en réalité une mutation de la filière. La partie traditionnelle des activités de sécurité (protection physique, services de gardiennage) stagne, alors que les domaines à plus fort contenu technologique comme les produits et systèmes numériques et robotiques, ou la cybersécurité, sont en très forte croissance. C'est dans ces domaines que se situent les grands acteurs de la sécurité numérique, lesquels accompagnent une mutation de la société elle-même qui se «numérise» et se prépare aux évolutions telles que les réseaux intelligents, les villes intelligentes, les automobiles et les objets connectés, et plus généralement, l'utilisation de capteurs toujours plus performants et miniaturisés dont les informations demandent stockage et traitement. Toutes leurs applications néces-t exemplaire appartient à ilancry@n sitent d'être fortement sécurisées et d'intégrer des dispositions depro 44 tection de la vie privée dès leur conception (ingénierie de type «pri-vacy by design »). Ces évolutions offrent de formidables opportunités pour l'industrie et les entreprises françaises et européennes. Le « cœur industriel » de la filière sécurité en France, au sein duquel on trouve les grands acteurs de l'industrie électronique et des services associés, totalisait en 2013, selon l'étude, un chiffre d'affaires de 20,9 milliards d'euros pour 125 300 emplois, dont 12,43 milliards et 71500 emplois pour le segment des produits électroniques et 3,14 milliards d'euros et 18500 personnes pour le segment de la cyber-sécurité, le reste de l'industrie de la sécurité sur le secteur marchand provenant du segment des produits physiques n'incorporant pas néces-sairement de l'électronique. La France, mais aussi le Royaume-Uni et les États-Unis, ont de fortes ewsco.fr. Toute reproduction est int positions exportatrices en matière de sécurité. Celles-ci sont en partie liées à leur industrie de défense. En effet, les technologies et les acteurs de la défense ont joué par le passé un rôle important dans certains des marchés de la sécurité civile. Cepen-dant, à côté de ces segments duaux identifiés militaires et civils (drones, communications, cybersécurité, vision nocturne, observation large zone, etc.), une autre partdel'indus-trie de la sécurité s'est développée en étant portée par des marchés spécifiques en dehors du monde de la défense (contrôle d'accès, biométrie, alarmes, lutte contre l'incendie, etc.). La France exporte aujourd'hui 50 % de sa production, où les industriels de défense (acteurs dont l'activité se situe en majorité dans la défense) ne représentent aujourd'hui plus que 25 % du chiffre d'affaires de la sécurité en France. La partie traditionnelle des activités de sécurité (protection physique, services de gardiennage) stagne, alors que les domaines à plus fort contenu technologique comme les produits et systèmes numériques et robotiques, ou la cybersécurité, sont en très forte croissance. es chiffres des exportations ne ont pas la seule mesure de la per46 ormance internationale. De grands roupes (par exemple Gemalto, Morpho, Thales, Airbus), leaders incontestés dans leurs domaines, sont non seulement fortement exportateurs, mais en même temps très implantés en Europe et dans le monde à travers leurs filiales locales, et notamment aux États-Unis. C'est en particulier le cas dans les systèmes électroniques sophistiqués comme la biométrie et les systèmes d'identité biométrique à grande échelle, l'authentification forte et la sécurisation des transactions, les radiocommunications professionnelles sécurisées ou encore les produits «physiques» plus conventionnels comme les vêtements de protection ou les hélicoptères. Dans le cœur industriel de la filière, l'étude a permis de dénombrer plus de 1000 entreprises en France avec des groupes français comme Airbus (communications, intégration), Airbus Hélicoptères, Gemalto (sécurité numérique), Morpho (biométrie), Oberthur (sécurité numérique), Thales (cybersécurité, communications, intégration), Ingenico (sécurité numérique) qui détiennent de très fortes positions sur les marchés mondiaux. Le tissu de PME est également très compétent et développé. La filière de la sécurité offre des prestations et des produits très divers. Elle englobe des produits qui sont spécifiques à la sécurité (par exemple scanners d'aéroport, biométrie, alarmes intrusion et incendie), et d'autres pour lesquels la sécurité n'est qu'une application parmi d'autres (par exemple drones, hélicoptères, communications). Une diversité qui se reflète également au niveau de la clientèle, de la réglementation et des prescripteurs. Ces derniers sont largement représentés par les pouvoirs publics (État, collectivités locales). Ils sont des clients importants pour certains segments (véhicules et plateformes sécurisées, protection des frontières et observation de larges zones, vidéosurveillance et observation de zones locales, fourniture et équipements des services publics de sécurité, cybersécurité, titres sécurisés), mais leur influence en matière de réglementation et de prescription dépasse de beaucoup celle de leurs seuls achats. Ainsi, ce n'est pas l'État qui achète les équipements de sécurité aéroportuaire, mais c'est lui qui en impose l'utilisation. La réglementation est un moyen d'ouvrir des marchés, mais a contrario, dans certains cas, elle peut être un frein. Ce rôle réglementaire est important pour les marchés publics et pour les infrastructures critiques, mais il peut s'étendre aussi aux marchés professionnels et résidentiels (par exemple la lutte contre l'incendie). Par ailleurs, les services privés de sécurité sont soumis à une réglementation stricte depuis la loi du 12 juillet 1983, et notamment depuis 2012 dans le cadre du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS). Avec l'activité sécurité de Safran (ex-Morpho), qui sera bientôt reprise par Oberthur, la France occupe une place de premier plan dans le domaine de la biométrie et de la sécurité numérique. Le poids de la prescription (notamment de la réglementation) et des achats publics peut être évalué à 50% dans l'électronique et la cyber-sécurité. Il s'agit de ce qui est acheté directement par les pouvoirs publics, ou ce qui doit être acheté par les utilisateurs en vertu d'obligations réglementaires, ou encore suggéré par les autorités (par exemple en cybersécurité avec l'ANSSI). a filière sécurité en France a été ortement affectée par la crise à artir de 2008. Mais la prise de onscience massive des enjeux de écurité est susceptible de redyna-iser la croissance de la filière sur a période 2013-2020, notamment ur le cœur industriel (+6% par an elon l'étude), tiré par l'électronique t la cybersécurité (plus de 10% par n). L'industrie française de la sécu-ité bénéficiera de la croissance de a demande en France et surtout en urope. Mais elle devrait être tirée lus encore par la demande dans les ays émergents qui recèlent un mportant potentiel de croissance ans la mesure où leur marché est ncore loin d'avoir atteint le même iveau que dans les pays riches. es pays ne disposent souvent pas ncore de toutes les technologies vancées ni de l'industrie néces-aire pour les mettre en œuvre, ce ui permettra aux entreprises fran-aises d'exporter et donc d'apporter n surcroît de croissance à la filière. es perspectives sont très diverses elon les segments. La croissance e l'électronique, et plus générale-ent du numérique dans les équi-ements de sécurité, devrait se oursuivre comme par le passé, 47 ans doute même en s'accentuant u fait de l'emprise toujours crois-sante de l'électronique, de la communication et du numérique sur tous les segments. L'électronique et le numérique diffusent en effet de plus en plus vers les produits physiques comme les coffres. À ceci s'ajoutent de nouveaux marchés comme les drones, ou bien les nou-velles fonctions de sécurité liées aux objets connectés (traçage, surveillance, détection, alerte, cybersécurité des objets connectés) et aux capteurs miniaturisés. La persistance de la forte croissance des segments tirés par les nouvelles menaces (notamment le terrorisme), par les nouveaux besoins, et par les nouvelles technologies, devrait maintenir la croissance de la filière à un niveau sensiblement plus rapide que celui de la moyenne de l'économie française. Ces perspectives de croissance de la filière sécurité devraient entraîner un développement de l'emploi. Entre 2008 et 2013, la filière a perdu entre 15000 et 20000 emplois dans le secteur marchand (soit un peu plus de 5% des 300 000 emplois dans la filière sécurité marchande), mais cette perte devrait être plus que compensée dans la période à venir avec la création de 52000 emplois nouveaux dont près de 24000 dans les systèmes et produits, 12 000 dans la sécurité et 16 000 dans les services. Les nouveaux emplois seront des emplois qualifiés, voire très qualifiés dans les segments porteurs. Pour les industriels, les opportunités sont notamment liées à la prise de conscience des enjeux de sécurité, au marché européen unique du numérique, et à des réglementations nouvelles. Dans la période à venir, la filière sécurité française poursuivra sa mutation. Essentiellement constituée dans le passé de moyens de gardiennage humain avec une industrie concentrée sur la protec-tion physique et quelques réponses à des menaces ponctuelles comme la sécurité du transport aérien, la filière sécurité doit désormais répondre à des menaces et des risques nouveaux, plus forts et plus généralisés, qui accompagnent la mutation de la société. Elle doit le faire avec de nouveaux types de services, mais surtout avec un large éventail de technologies et de pro-duits nouveaux qui permettent une détection plus sûre et plus rapide (par exemple capteurs chimiques sur puce, analyse vidéo intelli-gente), un traitement plus perfor-mant des informations avec la transformation numérique (par exemple traitement de données massives), et des interventions plus ciblées et plus efficaces. Ceci s'accompagne, notamment en direction des PME et des particuliers, d'une offre d'équipements de moins en moins chers, de plus en plus fiables et de plus en Pour accompagner cette mutation, la filière nationale dispose d'atouts importants pour relever les défis de demain Cet exemplaire appartient à ilancry@newsco.fr. Toute reproduction est interdite. et profiter des opportunités ouvertes par la prise de conscience D R des problématiques de sécurité. Au niveau des structures, des grands groupes et des spécialistes efficaces, avec de fortes positions internationales, des capacités d'innovation et d'initiative, une recherche et un réseau de laboratoires à la pointe. En termes de compétences, il existe en France un fort leadership en mathématiques, algorithmes, imagerie, identité, cybersécurité, etc., et une filière de formation forte en ingénierie et développement logiciel. À cela, il faut ajouter un système d'aides publiques reconnu et apprécié. Concernant les opportunités, elles sont liées à la prise de conscience des enjeux de sécurité, à la mutation du marché et de l'industrie, au marché européen unique du numérique, à une consolidation européenne et à des réglementations nouvelles. Il se fait jour une demande de technologie croissante, une nouvelle image positive de la sécurité par une frange importante de la population et des souhaits d'approches européennes unifiées sur la sécurité en termes de normes et de réglementations. De très nombreux thèmes émergents sont autant de débouchés majeurs pour la filière : les objets connectés, les villes intelligentes, l'automobile connectée, la transformation numérique, le « privacy by design » (qui consiste à garantir que la protection de la vie privée soit intégrée dans les nouvelles applications technologiques et commerciales dès leur 48 conception).

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