Avec 1,7 milliard d’euros de ventes pour un effectif de 8600 salariés, l’entreprise intéresserait déjà beaucoup de prétendants, notamment Atos, Gemalto ou encore Oberthur. Safran espère vendre Morpho pour au moins de 2 milliards d’euros.
Citant “une très bonne source”, notre confrère “Le Figaro” affirme que Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran, a décidé d’engager le processus de vente de sa filiale spécialisée dans la sécurité, Morpho. Selon cette même source, les candidats auraient jusqu’au 17 juin pour remettre une première offre à Lazard et à la Société générale, les deux banques conseils mandatées. Ensuite s’ouvrira une phase dite de « due diligence » qui leur donnera accès à davantage d’informations. Interrogé par “Le Figaro”, Safran s’est refusé à tout commentaire. Philippe Petitcolin espèrerait vendre Morpho pour au moins de 2 milliards d’euros (soit dix fois l’Ebitda).
Avec 1,7 milliard d’euros de ventes pour un effectif de 8600 salariés, l’entreprise intéresserait déjà beaucoup de prétendants, notamment Atos, Gemalto ou encore Oberthur. Bpifrance, actionnaire d’Ingenico et de Gemalto, observe également de près la possibilité d’entrer au capital de Morpho. Plusieurs fonds français seraient aussi sur les rangs : Eurazeo, Astorg, PAI ainsi que Wendel. Des fonds étrangers – KKR, CVC, Apollo, Carlyle ou encore Bain Capital – l’étudient également. Le japonais NEC, le suédois HID, l’allemand G & D sont aussi à l’affût.
Safran estime que Morpho n’est plus dans son « cœur de métier ». Contrairement à l’objectif initial, aucune synergie n’a pu se mettre en place entre l’aéronautique et la sécurité. Safran a déjà cédé il y a quelques semaines Morpho Detection (sécurité aéroportuaire) au britannique Smiths Group pour 630 millions d’euros. Il ne devrait avoir que l’embarras du choix.
Mais cette opération suscite des critiques, notamment au sein du ministère de l’Intérieur, car des technologies pointues sont en jeu, à l’instar de l’identification biométrique (par l’iris, les empreintes digitales, le visage). Philippe Petitcolin et ses équipes ont réalisé un important travail d’explication pour rassurer et convaincre, chiffres à l’appui: la France représente 15 à 20 % de la base industrielle et des effectifs et Morpho y réalise 10 % de son chiffre d’affaires, dont seulement 1 % avec l’État (police, gendarmerie, douane). Actionnaire de Safran à hauteur de 15,5 %, ce dernier n’hésite pas à recourir à des fournisseurs étrangers.