L’Europe dispose des potentiels technologiques, industriels et réglementaires pour prendre la pole position dans cette nouvelle révolution numérique, mais cela nécessite des choix stratégiques immédiats, souligne une étude d’AT Kearney. Saura-t-on saisir cette opportunité ?
Le cabinet en stratégie AT Kearney vient de publier la mise à jour de son étude relative au secteur high-tech en Europe. Cette édition 2015 se concentre sur l’Internet des objets. Le cabinet estime que cette technologie représente un potentiel économique de près de mille milliards d’euros et sept points de croissance en Europe d’ici à 2025. L’Europe dispose des potentiels technologiques, industriels et réglementaires pour prendre la pole position dans cette nouvelle révolution numérique, mais cela nécessite des choix stratégiques immédiats, souligne l’étude. Saura-t-on saisir cette opportunité ?
AT Kearney chiffre la création de valeur potentielle en Europe d’ici 2015 qu’il attribue à l’Internet des objets. Des chiffres qui donnent le vertige : 940 milliards d’euros de croissance globale, 430 milliards d’euros en gains de productivité, 300 milliards d’euros en augmentation du pouvoir d’achat, 210 milliards d’euros en temps individuel libéré, 80 milliards d’euros pour le marché des solutions. Cinq secteurs industriels principaux sont concernés : transport et hôtellerie (250 milliards d’euros), santé (235 milliards d’euros), domotique domestique (160 milliards d’euros), matériel industriel (160 milliards d’euros), distribution, commerce et vente en gros (60 milliards d’euros).
Pour se donner les meilleurs chances de succès, au-delà des enjeux technologiques, les acteurs européens devront repenser leurs business models, prendre le risque d’investir dans les secteurs des objets connectés, imaginer de nouveaux process et définir des standards communs afin de permettre une interopérabilité globale. « Sans cette synergie de réinvention et de prise de risque, indique Julien Vincent, Directeur au cabinet A.T. Kearney et co-auteur de l’étude, l’opportunité de prendre le “lead” sur l’internet des objets pourraient bien échapper à l’Europe. Il est notamment capital que les groupes industriels historiques et les acteurs High Tech travaillent de concert : ce changement de logiciel est stratégique ».
L’internet des objets pourrait bénéficier très largement au secteur High Tech européen et maximiser la compétitivité industrielle de nombreux secteurs, mais les acteurs publics doivent pour cela créer les conditions propices à cette nouvelle révolution numérique, souligne par ailleurs AT Kearney. Les secteurs de la santé et des services publics font partie des plus prometteurs, mais l’Europe tarde à les faire entrer dans l’ère digitale. Un partage des données et des infrastructures, une incitation à la collaboration entre grands groupes et start-up et le soutien aux nouveaux acteurs seront nécessaires.
Lors de la première vague de l’internet, l’Europe n’a pas su faire émerger de géants du numérique, laissant les acteurs américains et chinois truster les premières places. Reproduire cette erreur impacterait négativement l’emploi, nuirait à la balance commerciale européenne et priverait l’Europe de ressources R&D stratégiques. Il est donc capital que les pouvoirs publics favorisent l’émergence de start-up mais oeuvrent également à les faire grandir afin que celles-ci deviennent des leaders internationaux basés sur le continent. Une fiscalité adaptée, une politique favorable aux fonds d’investissements et la mise sur pied d’une place comparable au Nasdaq sont pour cela nécessaires.
Les réseaux de télécommunication sont l’épine dorsale du futur IdO. L’Union Européenne doit favoriser sa consolidation en permettant l’émergence de champions régionaux et leur développement transnational (mise à disposition de fréquences, prix des licences, simplification des législations,…).
L’étude complète peut être téléchargée ici.