Couverture ElectroniqueS n°127

Nombre d'entreprises de ce domaine, Lacroix Electronics par exemple, travaillent à des projets de réseaux intelligents que ce soit pour le transport de l'eau, du gaz ou de l'électricité. Via son récent partenariat avec le chinois Shenan, Adelis s'implique en éclairage public. Actia et Adetel mettent l'accent sur les véhicules électriques et les transports urbains. Tous étudient de nouvelles transmissions sans fil. L a«SmartCity»est une cité où les infrastructures s'autogèrent: le transport de l'eau, du gaz et de l'électricité s'y effectue via réseaux intelligents ; l'éclairage public s'y autorégule en fonction des saisons, des spécificités des quartiers à éclairer et de s jours de l'année (foires, manifestations, jours travaillés versus jours fériés…); la circulation des transports publics y est optimisée tant au plan de la réduction de la pollution qu'au plan de l'offre à destination des usagers; etc. Et tout cela grâce au développement des communications sans fil entre objets, entre sous-ensembles fonctionnels et entre systèmes. Aussi, la sous-traitance en électronique qui, par essence, participe de toutes les activités du secteur de l'électronique, a-t-elle investi ce domaine. Pour certains comme Lacroix Electronics et Actia, l'orientation a été d'autant plus facile qu'ils appartiennent à des groupes opérant dans les structures urbaines (réseaux d'acheminement des énergies, d'éclairage public et de signalisation pour Lacroix) et les transports (Actia). D'autres travaillent de longue date pour des donneurs d'ordres de ces domaines (cas d'Adetel avec Alstom, par exemple) ou ont récemment noué des partenariats les ouvrant à ceux-ci (cas de l'accord passé entre Arelis et Shenan, fabricant chinois de Led d'éclairage ainsi que de systèmes d'éclairage à Led). De toutes les déclinaisons de la Smart City, l'acheminement de l'eau constitue le sujet le plus sensible. En effet, l'eau prend de la valeur au fur et à mesure que la population mondiale augmente et que le réchauffement climatique guette. Il s'agit d'optimiser le pompage de l'eau, de surveiller le déversement des eaux de pluie (notamment en cas d'orages), de réduire les fuites dans les réseaux de transport de cet élément indispensable à la vie, et, pour les eaux usées, d'améliorer le fonctionnement des stations d'épuration, ainsi que le note le groupe Lacroix qui conçoit et met au point des solutions pour tous les domaines susmentionnés via sa filiale Lacroix Sofrel. Pour ce, Lacroix met en œuvre des savoir-faire en acquisition, enregistrement et traitement de données issues de capteurs (de niveau, de pression, de débit, alarme…), en communication sans fil en milieux difficiles (souterrains inondables, caniveaux, stations de pompage, réservoirs isolés…)... Lacroix Sofrel, qui est la filiale spécialisée en gestion de l'eau et de l'éclairage public, ainsi qu'en génie climatique, intervient dans les projets de ville intelligente: Santander (Espagne) lui a, par exemple, fait appel pour l'amélioration de son réseau de distribution de l'eau. Quant au sous-traitant Adetel, il travaille « au sein d'un consortium européen sur un système de détection de fuites d'eau au niveau des vannes des réseaux urbains d'eau potable». La traque au gaspi dans la ville faisant partie de la stratégie énergétique de la Smart City, Lacroix propose aussi, pour ce domaine, des systèmes de télégestion et de régulation des installations de chauffage collectif. Et pour les énergies renouvelables, l'offre du groupe inclut des matériels de suivi et de contrôle des installations de production d'énergie solaire. Le groupe toulousain Actia intervient, quant à lui, via sa division Télécom, en smartgrids (réseaux intelligents) dédiés à l'énergie électrique. Actial propose aussi des matériels de télé-conduite des réseaux: logiciels Scada, interrupteurs télécommandés, ensembles d'automatisme et de supervision des sources. L'éclairage public représente une dépense considérable pour la cité et toute réduction de consommation dans ce domaine est plus que bienvenue. Un éclairage intelligent réduit la dépense en même temps qu'il apporte un plus grand confort visuel. De nouveaux instruments de gestion du trafic urbain L'éclairage public représente une dépense considérable pour la cité et toute réduction de consommation dans ce domaine est plus que bienvenue (voir notre entretien avec Georges Zissis page 50) . Dans ce domaine, Arelis vient de signer un accord avec la société chinoise Shenan, spécialisée en Led et en équipements d'éclairage à Led, pour l'étude conjointe de systèmes d'éclairage à Led. Lacroix est aussi présent en éclairage : « le groupe réalise des ensembles dédiés à la télésurveillance et à la télégestion des armoires de distribution et de commande d'éclairage public » , nous a indiqué Laure Le Saux, en charge de la communication chez Lacroix Electronics. De tels systèmes permettent de détecter les disjonctions et les défauts d'éclairage, ainsi que d'optimiser l'éclairage tout en réduisant la consommation (synchronisation via horloge astronomique…). Les transports urbains de la Smart City doivent allier réduction de consommation, réduction d'émissions polluantes et fréquences de passage en fonction des prévisions d'affluence. En plus d'un grand confort et d'une totale sécurité. La circulation urbaine fait également l'objet d'études intensives : il s'agit de fluidifier, de réduire le stress des habitants et des conducteurs. A cet effet, Lacroix Signalisation propose et installe des systèmes de recueil et de traitement des données du trafic urbain, ainsi que de diffusion des informations (panneaux à messages variables…). Cette filiale de Lacroix a, par exemple, équipé Nantes, Casablanca, Cannes, l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Quant au sous-traitant Alliansys, il nous a annoncé la réalisation et la fabrication de panneaux intelligents à Led destinés au métro parisien. «Par rapport à l'existant, nous avons ajouté des fonctions et réduit d'un facteur 10 la consommation», nous a précisé Eric Burnotte, directeur général d'Alliansys. Actia équipe, lui, les transports publics (bus, trams, métros) de systèmes d'information et de vidéosurveillance qui améliorent le confort et la sécurité des passagers. Déjà membre du projet européen « The European Bus System of the Future» (EBSF, 26 Me de budget) sur le bus urbain du futur, projet qui a regroupé les constructeurs Irisbus, Man, Evobus, Volvo et Scania, ainsi que 49 partenaires en provenance de 11 pays d'Europe, Actia participe aujourd'hui au projet EBSF2. Ayant porté avec Tisséo le projet AMICTCP (2009-2014), projet financé à hauteur de 6 Me par Oséo-ISI avec pour objectif la mise au point d'une architecture de communication entre modules embarqués ouvrant sur des applications innovantes, Actia est aujourd'hui engagé dans le programme Businova Evolution qui est financé par l'Ademe et a pour maître d'œuvre Safra. Ce programme a permis la conception et la fabrication d'un bus innovant peu polluant et à grande capacité et grand confort. Actia fabrique les sous-ensembles électroniques utilisés dans l'Autolib, dans son usine de Colomiers (banlieue de Toulouse). Il est maître d'œuvre du projet VUE-Flex, concernant le véhicule électrique du dernier kilomètre. Actia propose aussi des systèmes de gestion de flottes de véhicules, de contrôle de consommation (dans l'objectif de l'éco-conduite) et de contrôle des émissions polluantes (contrôles techniques). Son expertise en électronique de puissance lui permet d'étudier des systèmes de traction électrique pour véhicules légers et utilitaires. Dans ce domaine, il participe, avec Gruau, à VUE-Flex, un projet concernant le véhicule électrique du dernier kilomètre, financé par Bpifrance. Il joue également un rôle d'équipementier pour l'Autolib : les ensembles électroniques de ce véhicule sont fabriqués dans l'usine Actia de Colomiers (banlieue de Toulouse). Dans le domaine des transports électriques, Adetel a mis au point un système de récupération de l'énergie de freinage des transports en commun électriques (bus, tramways, trolleys, métros, trains) dans le cadre du pôle de compétitivité LUTB. Ces travaux s'appuient sur les résultats du projet FUI Treps qui a réuni, outre Adetel, BatsCap et le laboratoire Ampère avec le soutien de Keolis et du Sytral. Mettre à disposition des briques technologiques Eolane, numéro 2 français de la sous-traitance en électronique, travaille également dans les applications susmentionnées. Avec Lacroix Electronics, il adhère à l'alliance LoRa dédiée à la promotion du protocole de communication bidirectionnelle LoRaWAN, qui permet des transmissions radio longue portée et basse consommation et qui, à ce titre, intéresse notamment le M2M et les Smart Cities. Bouygues Telecom vient d'ailleurs d'annoncer le déploiement d'un réseau dédié aux objets communicants, basé sur LoRa, d'abord àIssy-les-Moulineaux et dans une partie de Paris, puis, avant la fin de 2015, dans 500 communes de France. D'une manière générale, les sous-traitants cherchent à faciliter la conception d'équipements innovants en proposant des sous-ensembles constitués et/ou personnalisables. Eolane, par exemple, a mis au point des plateformes : un reference design VHF 169MHz utilisable notamment pour la création de matériels de télémétrie et télé-relève ; la plateforme LoRa End Node de transmissions de données selon LoRa ; la carte de développement Sensor Hub incluant des capteurs et une géolocalisation. Tous les sous-traitants que nous avons interviewés travaillent actuellement sur les transmissions de données. Les sous-traitants de l'électronique, à l'image par exemple d'Arelis ou de Lacroix Electronics (voir notre article ci-contre), ont vite compris l'importance de l'innovation dans le domaine de l'éclairage public qui joue désormais un rôle capital dans la mise en place d'un urbanisme à la fois raisonnable, plus respectueux de l'environnement et à même d'améliorer le quotidien des citoyens. Avec l'avènement des Led de puissance, l'éclairage au sens large, et l'éclairage urbain en particulier (voirie, ouvrages d'art, parkings, etc.), est en train de faire sa révolution en amenant l'électronique dans un créneau qui est resté longtemps affaire d'électriciens. Ce qui n'a pas été sans poser certains problèmes, tout du moins au départ, et a permis aux sous-traitants de l'électronique, opportunistes (au sens noble du terme), de se positionner en tant que fournisseurs de solutions d'éclairage capables de faciliter la vie des éclairagistes pour passer des technologies traditionnelles aux Led de puissance. L'éclairage urbain a été le secteur de l'éclairage le plus prompt à adopter les Led. Il faut dire qu'il n'est point besoin ici de se soucier du rendu colorimétrique du blanc délivré par les sources lumineuses, contrairement à l'éclairage domestique ou professionnel qui nécessite un blanc dans les teintes chaudes (température de couleur corrélée autour de 3000 K) ou neutres (environ 4500 K). En effet, en éclairage public, des teintes froides autour de 6500 K conviennent. Ce qui tombe à point nommé car c'est justement pour cette teinte de blanc que les rendements lumineux sont les meilleurs pour les Led, donc que les opportunités de réduire la facture énergétique sont les plus probantes. C'est l'un des points clés pour améliorer autant que possible le retour sur investissement des solutions d'éclairage qui constitue, à n'en point douter, le principal critère de choix d'une municipalité désireuse de changer son éclairage public. Dans le cas des Led, d'autres facteurs contribuent à rendre le retour sur investissement compatible avec les exigences des municipalités, en particulier leur durée de vie élevée, ce qui limite significativement les coûts de maintenance, surtout lorsque les sources lumineuses à réparer sont nichées dans les endroits difficilement accessibles (ponts, tunnels, etc.). La présence de plusieurs sous-traitants de l'électronique lors de la dernière édition de Forum Led, salon entièrement dédié aux Led et à l'éclairage à Led qui s'est déroulé en décembre dernier à Paris, n'était pas due au hasard. «La sous-traitance électronique a réellement une carte à jouer dans le domaine de l'éclairage à Led, non seulement parce qu'il est important de considérer le besoin électronique très en amont dans tout projet de ce type, mais aussi parce que le prototypage est un facteur déterminant pour le choix de la solution la mieux adaptée à une application donnée », nous a indiqué Richard Crétier, délégué général du Snese (Syndicat de la sous-traitance électronique), qui était présent au salon. Même enthousiasme sur les stands d'Altrics et de Systech. «19% des cartes électroniques que nous fabriquons sont liées à l'éclairage à Led, un secteur qui est l'un des moteurs de notre croissance annuelle de l'ordre de 10% par an», nous a affirmé pour sa part l'un des responsables de Systech sur le stand de cette société qui travaille notamment sur des solutions destinées à l'éclairage industriel et domestique, mais aussi au mobilier urbain, à l'aéronautique (balisage de pistes, éclairage en cabine, etc.). «L'éclairage à Led et la sous-traitanceélectro-nique ont en commun la grande variété d'applications couvertes, ce qui constitue pour nous une force afin de s'adapter au mieux aux besoins de ces différents secteurs que nous connaissons bien», précise-t-on chez Systech. A noter enfin que Sgame était également présent à Forum Led. Ce sous-traitant réalise la moitié de son chiffre d'affaires –qui s'est élevé à 4 millions d'euros en 2014– rien qu'avec les Led. Qui dit mieux?

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