Couverture ElectroniqueS n°127

Entre grands groupes motivés par l'envie de saisir une opportunité de croissance potentiellement importante et start-up désireuses de porter leurs innovations à la vue de tous, l'édition 2015 du Consumer Electronics Show a mis en exergue les applications liées à l'Internet des objets. Mais les acteurs du semi-conducteur ne se sont pas limités à cela… L ongtemps considéré comme le lieu privilégié pour découvrir les dernières nouveautés high-tech en matière de son et d'images, le Consumer Electronics Show de Las Vegas, qui s'est déroulé début janvier dans la capitale mondiale du jeu, a depuis quelques années largement étendu son champ d'action. Avec par exemple une part croissante dédiée à l'électronique automobile. Cette année, une place de choix a également été accordée aux applications de santé, et plus généralement celles liées au bien-être, comme vous avez pu le découvrir lors de notre dernière édition d' Electroniques . Il faut dire que l'Internet des objets, au-delà des gadgets électroniques en tout genre dont on nous abreuve dans les médias grand public, ouvre la voie à toute une ribambelle de solutions innovantes et réellement pensées pour améliorer notre quotidien. De quoi attiser la convoitise tant des géants de l'électronique, à l'image d'un Samsung ou d'un Intel, que des start-up qui n'étaient pas moins de 350 au CES à exposer leurs innovations dans l'Eureka Park, l'espace qui leur était dédié, dont une forte délégation de jeunes sociétés françaises (on parle d'une centaine). Pas moins de 350 start-up ont exposé leurs innovations dans l'Eureka Park. Les start-up françaises en force Parmi ces dernières, trop nombreuses pour être citées ici, nous en retiendrons cinq : Sezam Labs, société basée dans le Puy-de-Dôme et créatrice d'un bracelet qui s'adresse au monde de l'événementiel (spectacles, concerts, événements sportifs, etc.) et joue le rôle à la fois de ticketd'entréeetdeporte-mon-naie électronique ; Snapkin, entreprise montpelliéraine qui a conçu un petit robot capable, de manière autonome, de scanner les pièces d'un bâtiment pour en faire un plan d'architecte en 3D; Novitact, jeune pousse basée dans l'Oise et à l'origine d'un bracelet qui permet de communiquer rien qu'avec le toucher grâce à la réception de messages sous forme de vibrations tout autour du poignet, messages facilement interprétables en fonction de l'intensité, de la durée, et du rythme des vibrations ; Seven Hugs, start-up francilienne qui a développé un système comprenant des modules de capteurs de différents types (de température, d'humidité, de qualité de l'air, de mouvements, etc.) à glisser dans la literie et une centrale de réception et d'interprétation des données relatives au sommeil d'une personne ; Cytizen Science, société lyonnaise qui conçoit des textiles haute performance qui permettent de surveiller différents signaux émis par le corps humain (fréquence cardiaque, rythme respiratoire, température corporelle, etc.) et des indicateurs de l'effort physique (position, altitude, vitesse de l'utilisateur). L'implication des géants de l'électronique dans l'Internet des objets est également importante. A l'image de Samsung Electronics qui a indiqué, par la voix de BK Yoon, son président, qu'il allait investir 100 millions de dollars en 2015 pour développer de nouvelles solutions liées à l'Internet des objets avec la volonté de «se concentrer sur les personnes et non sur les objets» . De son côté, Intel a également prouvé son implication en dévoilant au CES un prototype de module en forme de bouton pour applications wearable (électronique portée sur soi). Baptisé Curie, ce module embarque un processeur 32 bits Quark très basse consommation, 384 Ko de mémoire flash, 80 Ko de SRam, un frontal d'émission-réception Bluetooth LE ( Low Energy ), un capteur 6 axes (accélération et rotation) ainsi qu'un bloc de charge de batterie, et fonctionne sur un système d'exploitation temps réel open source. Bien qu'il soit dédié aux produits finis, le salon CES attire donc également les fabricants de semi-conducteurs, principalement les processeurs qui orchestrent les systèmes numériques grand public. AMD a ainsi profité de l'audience procurée par l'édition 2015 pour présenter Carrizo, sa prochaine génération de processeurs pour applications portables (ordinateurs, tablettes et autres). Architecturé autour du nouveau cœur x86 baptisé Excavator, il comprend également un moteur graphique Radeon de type Volcanic Islands et la partie South Bridge au sein d'une architecture hétérogène compatible avec le standard HSA 1.0, une première selon l'américain. La déclinaison Car-rizo-L se contente, elle, d'un cœur Puma+ (utilisé actuellement dans les processeurs Beema et Mullins d'AMD) et d'un moteur graphique Radeon série R. Compatibles DirectX12, OpenCL2.0, Mantle, Freesync et Windows 10, les deux puces d'AMD seront dévoilées plus en détail lors de la prochaine conférence ISSCC. Son concurrent Intel a, lui, exposé à Las Vegas sa famille Broadwell, cinquième itération de processeurs Core, et qui consiste essentiellement en un portage des précédents modèles Haswell sur la technologie de fabrication FinFET 14 nm de l'américain. Ces Core i3, i5 et i7 se permettent du coup d'embarquer davantage de transistors tout en occupant moins d'espace (1,9 milliard de transistors pour les versions à deux cœurs mesurant 133 mm², soit 35% de transistors supplémentaires et 50mm² de moins que les Haswell correspondants). Intel annonce un gain de performances de 22 % en graphisme 3D et de 50 % en conversion vidéo. Héritier du K1, le Tegra X1 de Nvidia vise autant les tablettes numériques que l'automobile. Nvidia était également bien présent lors du CES 2015. L'américain s'est essentiellement concentré sur le Tegra X1, évolution du Tegra K1 dotée de huit cœurs ARM 64 bits (quatre « gros » Cortex-A57 et quatre « petits » Cortex-A53) et de 256 moteurs graphiques Maxwell, et consommant moins de 10 W. Ce processeur mobile fabriqué en technologie 20 nm par TSMC vise principalement les tablettes, mais aussi l'automobile, son prédécesseur ayant rencontré un succès significatif auprès des constructeurs automobiles pour orchestrer leurs systèmes d'infodivertissement haut de gamme. Attendu pour le premier semestre 2015, le Tegra X1 sera d'ailleurs intégré dans les plates-formes Drive PX et CX qui seront également lancées cette année par Nvidia. La première vise les véhicules autonomes en gérant jusqu'à douze caméras externes et des fonctions comme le stationnement automatique, la seconde s'occupe, elle, de l'habitacle en administrant les écrans du tableau de bord et des sièges arrière, les affichages sur pare-brise ou encore des miroirs virtuels. 4K et compacité pour les boîtiers-décodeurs Du côté des processeurs pour boîtiers-décodeurs, les annonces ont été moins nombreuses que certaines années au CES - la faute, sans doute, à des infrastructures réseaux qui peinent à délivrer les débits de données nécessaires à un passage massif au 4K, quand ce ne sont pas les fournisseurs d'accès qui hésitent sur le modèle économique à suivre pour ces services en ultrahaute définition. STMicroelectronics annonçait quand même la production en volume des derniers membres de ses familles Cannes et Monaco, à savoir les STiH314/318 et STiH414/418. Fabriqués en 28nm, ces circuits à quatre cœurs ARM sont en mesure de décoder des flux HEVC (et, selon les modèles, VP9) 4K à 60 images par seconde sur couleurs 10 bits, et tournent sous Android L. Chez le grand rival Broadcom, on s'est également mis au VP9, le standard de Google utilisé par exemple par Youtube en haute définition. Ce standard est supporté par le BCM7251S, un pro-cesseurpourboîtiers-décodeurs 4K qui s'appuie sur un double cœur Brahma15 (la déclinaison propriétaire à Broadcom de l'architecture ARM), un double moteur graphique et des accélérateurs de décodage HEVC et VP9. Son alter ego BCM7252S se contente lui d'un processeur Brahma et d'un moteur graphique plus puissants. Tous ces circuits sont en cours d'échantillonnage, de même que les BCM7250 et BCM72502, des circuits qui, s'ils n'aspirent pas aux définitions 4K, se destinent en revanche aux boîtiers-décodeurs extrêmement compacts, aux lecteurs multimédias et même aux sticks HDMI. Ils assurent la compression/décompression de flux HEVC/H.265 jusqu'en 1080p à 60 images par seconde et la mise à l'échelle 4Kp60, grâce à un cœur Brahma15 6 000 DMips et un GPU 1 Gpixel/s (contre 12 000 DMips et 2,7 Gpixel/s pour le BCM7252S par exemple).

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