Couverture ElectroniqueS n°127

Depuis 2012, les ventes de ce fournisseur de circuits imprimés progressent de plus de 30% par an grâce à une écoute suivie et pertinente de la demande, une connaissance approfondie de l'industrie chinoise du circuit imprimé et une dynamique interne valorisante pour les collaborateurs. Le groupe négocie en ce moment des acquisitions qui devraient révolutionner l'offre de produits et de services en circuits imprimés. L es raisons de la réussite d'une entreprise sont multiples. Elles tiennent pour beaucoup au fait que celle-ci sait devancer les souhaits des utilisateurs. Ce qui suppose une écoute active de ces derniers, une excellente connaissance de leurs activités, un grand savoir technique quant aux produits à fournir et à leur fabrication, une recherche continue d'amélioration et une motivation de tous dans l'entreprise. Sans oublier une réelle capacité à se remettre en question. Ce sont tous ces éléments qui ont contribué et contribuent à faire d'Icape, fournisseur de circuits imprimés et de pièces sur plan (via Cipem, une société sœur), un exemple de réussite. Ce groupe, qui s'appuie sur 210 personnes (250 si on compte les agents), a affiché en 2012 et 2013, des croissances organiques de chiffre d'affaires de respectivement 35 % et 32 % (à 58 millions d'euros). Il prévoit, pour cette année, une hausse de plus de 30 % ; ses ventes atteindraient alors 70 millions d'euros. « Dans les années à venir, notre progression (à la fois interne et externe) se situera dans la fourchette 30-50%» , prévoit Thierry Ballenghien, fondateur et président d'Icape. Car la demande est là : grâce à ce groupe, qui fournit tous les types de circuits imprimés sauf ceux destinés àl'aéro-nautique et défense (deux secteurs adressés en priorité par les fabricants de circuits imprimés de l'Hexagone), les industriels français de l'électronique, parmi d'autres, luttent à armes égales avec leurs concurrents des pays émergents au moins en ce qui concerne les circuits imprimés. La France ne représente néanmoins que 20 % du chiffre d'affaires d'Icape. Thierry ballenghien a créé Icape dont il est le président. Intelligent, volontaire et ouvert, M. ballenghien a su s'entourer d'une équipe multiculturelle efficace et passionnée. Le succès d'Icape est le succès de M. ballenghien et vice-versa. Dans la pratique, Icape se fournit exclusivement auprès de fabricants chinois de circuits imprimés sévèrement sélectionnés puis régulièrement audités. Pour répondre précisément et de façon optimale à toutes les demandes, la société a mis sur pied trois réseaux – incluant des services et des fournisseurs spécifiques – adaptés à trois demandes bien distinctes, «de façon à servir tous les secteurs de ce métier avec un très bon niveau de performance ». Le premier réseau est spécialisé dans les livraisons rapides de petites séries à partir de petits fournisseurs et de poo-ling (regroupement de demandes). Le deuxième sert les petites et moyennes quantités. Et le troisième fournit les grands volumes, notamment ceux requis par l'automobile – qui représente 20 % du chiffre d'affaires d'Icape– à partir de grands fournisseurs. Pour ce, Icape s'appuie en Chine sur 160 personnes (sur 210 personnes au total) parmi lesquelles figurent 35 experts – ingénieurs qualité ou process et inspecteurs qualité – en charge du contrôle qualité des usines de fabrication de circuits imprimés. Tous ces gens travaillent dans des bureaux occupant 2 500 m 2 d'un immeuble neuf basé à Hong Kong. Cette filiale a pris le statut de société commerciale au sens juridique du terme. Un travail de longue haleine Une fois fabriqués, les produits sont expédiés via la plate-forme logistique de Hong Kong. Puis ils sont livrés à quelque 800 clients –aucun ne représente plus de 5% du chiffre d'affaires d'Icape – répartis dans 65 pays du monde. Pour mieux adresser les marchés, Icape a multiplié les bureaux. «Lorsque leurs ventes atteignent un certain seuil, ils sont transformés en centres de profits », précise M. Ballenghien. Ainsi, outre à Paris, la société dispose de bureau en Allemagne, en Russie (3 personnes), en Inde (3), au Brésil (5) et aux Etats-Unis (5). En Europe, ses effectifs sont de l'ordre de 35 personnes. « Nos nouvelles implantations ont des objectifs à long terme, et leurs chiffres d'affaires sont souvent peu significatifs par rapport à la taille ou au potentiel des marchés qu'elles ciblent : nous réalisons actuellement 12 millions d'euros en Allemagne, 7 millions au Brésil, 1 million en Russie et en Inde…», note le président. L'objectif d'Icape est toutefois de réaliser entre 10 et 20 millions d'euros de chiffre d'affaires dans les grands pays. «Pour cela, il faut des années de travail et de présence sur le terrain (prospection, participations à des salons, etc.)… Cette démarche de fond est à l'origine de la croissance du groupe », souligne M. Ballenghien. Exemple, la base de données de 3 600 clients du Brésil (dont 95 % de sociétés autochtones) est le fruit de huit années de travail dans ce pays. Néanmoins, si dans les pays émergents Icape joue à fond la carte de la prospection, il mise davantage sur la croissance externe dans les « vieux pays industriels»,«de façon à gagner plus facilement des parts de marché et atteindre une taille critique » (voir ci-après). m. BAllenGhIen: un eXpert Du CIrCuIt ImprImÉ Qu'on auRaIT InTÉRÊT À ConSuLTER En 2011, Icape avait été sur les rangs pour la reprise d'activités de Cire. ancien de ce groupe, Thierry ballenghien, qui est le président d'Icape, connaissait bien et les dirigeants et les usines de Cire. «La complémentarité des forces commerciales d'Icape et des productions spécialisées du groupe Cire aurait pu faire des merveilles», constate-t-il. L'histoire en ayant décidé autrement, le président d'Icape ne s'attarde pas sur cette affaire. bien plus, les visites d'acteurs concurrents et d'usines dans le cadre de projets de croissance externe ont contribué à modifier son regard sur la production française de circuits imprimés. Même si Icape «reste à la recherche, dans l'Hexagone, d'une bonne usine spécialiste des prototypes et des produits spéciaux», M. ballenghien ne se dit «malheureusement pas très optimiste pour l'industrie française du circuit imprimé». «La survie d'une usine de circuits imprimés en France est clairement d'être spécialisée. Son marché ne peut en aucun cas se limiter à la France; il doit être européen… Mais, maintenant, c'est peut-être trop tard…», explique le président. D'autant que «les fabricants chinois se sont spécialisés et que le ralentissement économique dans ce pays avive encore la compétition». En tout cas, les études menées sur l'avenir de la filière française du circuit imprimé –notamment la dernière confiée par l'acsiel (Gixel+Sitelesc) à bernard bismuth, portant sur la situation et les perspectives de l'industrie française du circuit imprimé à l'horizon 2020 –auraient tout intérêt à s'adresser à un expert de l'envergure de M. ballenghien. Icape a mis sur pied trois réseaux de fourniture: le 1 er est spécialisé dans les livraisons rapides de petites séries; le 2 e sert les petites et moyennes quantités; et le 3 e fournit les grands volumes, notamment l'automobile. Icape ne fournit pas que des circuits imprimés. Une société sœur, Cipem, est en effet spécialisée dans les pièces sur plan et à façon. Elle représente 10 % du chiffre d'affaires global du groupe. Comme Icape, Cipem sert les pays émergents et les vieux pays industriels « pour lesquels les demandes diffèrent radicalement ». « Cipem a aujourd'hui atteint sa maturité », selon Thierry Ballenghien. « Nous prévoyons pour elle une croissance annuelle de l'ordre de 50% dans les pays émergents, dans les dix ans à venir », annonce-t-il. Globalement, la France représente environ 20 % du chiffre d'affaires du groupe Icape (Icape+Cipem) et les clients français, 25%. Icape accompagne en effet des clients dans leur développement à l'international. «Nous continuons à avoir une progression légère mais régulière en France, du fait de la disparition de certains acteurs traditionnels du marché (Cire) et de l'insatisfaction de certains clients quant aux services qui leur sont actuellement rendus » , explique M. Ballenghien. Du nouveau est en gestation au sein d'Icape. Des opérations de croissance externe permettront une augmentation de parts de marché en Italie, en France et en allemagne. a chaque marché, son offre de produits et de services La réussite d'Icape repose, nous l'avons dit, sur une écoute attentive de la demande et de l'offre mondiale en circuits imprimés, ainsi que sur l'accent mis sur la qualité et la spécialisation des réseaux de fourniture aux spécificités des demandes. Cela a été permis par « une vision à long terme appuyée sur une connaissance précise du contexte international », remarque M. Ballenghien. « Notre réussite actuelle est le résultat d'une série de décisions justes prises quotidiennement depuis la création d'Icape il y a 15 ans», résume le président. Outre la poursuite de ces objectifs, Icape a aussi su créer, en interne, une dynamique positive et un climat de responsabilisation de tous les acteurs du groupe. Exemples: les équipes sont multiculturelles, ce qui améliore la compréhension de la demande en fonction des pays: «les zones de croissance ont été identifiées et travaillées de manière effective depuis de longues années », insiste Thierry Ballenghien. En outre, les collaborateurs suivent des formations qualifiantes (comme dans le domaine de l'audit qualité et du contrôle des pro-cess). Puis, l'organisation est très décentralisée. Et 73% du capital sont détenus par vingt actionnaires salariés de l'entreprise « très impliqués dans le développement du groupe » (les 27 % restants étant aux mains de fonds communs de placement àrisques). La recherche continue d'amélioration est une constante d'Icape. Les visites à des sociétés européennes concur-rentes, réalisées ces deux dernières années par les directeurs d'Icape ont conduit ces derniers à constater qu'ailleurs en Europe, des organisations différentes réussissaient mieux qu'Icape dans certains marchés spécifiques. Ce constat a été immédiatement suivi d'une recherche de solution: actuellement, Icape mène des négociations avec des entreprises de trading spécialisées dans le traitement de demandes spécifiques, basées en Europe. Des acquisitions en résulteraient d'ici le début de l'été, ce qui devrait faire émerger un Icape multicéphale –chaque tête gérant de A à Z un type particulier de demandes. ICApe En CHIFFRES > Icape est un fournisseur de circuits imprimés qui a une société sœur Cipem spécialisée dans la fourniture de pièces à façon. Icape s'appuie sur un réseau de 25 usines chinoises dont 12 sont des fabricants stratégiques. Cipem se fournit auprès d'une cinquantaine d'usines dont une vingtaine de fabricants stratégiques. > Le groupe Icape (Icape+Cipem) s'appuie sur 210 personnes dont 160 sont basées en Chine. Quelque 35 sur les 160 installées dans l'Empire du Milieu sont des experts (ingénieurs process, qualité, inspecteurs…) responsables du contrôle qualité des usines. Le groupe sert quelque 800 clients disséminés dans 65 pays dans le monde. Il fournit tous les secteurs applicatifs exceptés l'aéronautique et défense. En 2013, le chiffre d'affaires d'Icape a progressé de 32% à 58 millions d'euros. Cette année, le groupe prévoit d'atteindre 70M € . Et pour les années à venir la croissance devrait être comprise dans la fourchette 30-50%. Ces opérations aboutiraient à « une augmentation rapide des parts de marché en Italie, en France et en Allemagne » , selon Thierry Ballenghien. «Les opérations de croissance externe sur lesquelles nous travaillons pourraient conduire à un supplément de chiffre d'affaires compris entre 15 et 25 millions d'euros en 2015», précise-t-il.

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