Cinq groupes de travail ont été constitués par APIE (Agir pour l’industrie électronique) pour élaborer des propositions concrètes à l’attention des pouvoirs publics. Cette démarche est en cours dans les domaines de la mobilité, des infrastructures énergétiques et numériques, de la sécurité et de la confiance numérique, du batiment et des objects connectés. La restitution de ces travaux est prévue le 25 novembre 2014.
A l’issue des assemblées générales de ses 5 syndicats membres – Acsiel, GFIE, Simtec, Snese et SPDEI -, le 11 juin, à la Cité des Sciences et de l’industrie, à Paris, le groupement APIE (Agir pour l’industrie électronique), présidé par Jean-Pierre Quémard, également vice-président de la Fieec en charge de l’électronique, a présenté les perspectives offertes à l’industrie électronique : son écosystème, ses raisons d’espérer un avenir meilleur, mais aussi ses préoccupations qu’il est nécessaire de surmonter pour le futur. La profession a également engagé une réflexion stratégique pour la filière.
Alors que le numérique est un sujet de prédilection pour les pouvoirs publics, Jean-Pierre Quémard a rappelé qu’il ne peut pas y avoir de numérique sans électronique. “Pas de “cloud computing” sans électronique, pas de virtualisation sans électronique, pas de développement durable sans électronique, pas de sécurité des données sans électronique, pas de transport intelligent sans électronique, pas de e-santé sans électronique, pas de compétitivité industrielle sans des compétences fortes en électronique. L’électronique est le moteur de l’innovation, elle est un facteur de croissance et de développement de notre pays”, a-t-il martelé.
La raison d’être de l’APIE est de faire reconnaître le poids de l’électronique dans toutes ces applications. Pour être efficace, l’électronique est tributaire d’une chaîne de valeur complète. “La chaîne logistique de l’électronique est extrêmement complexe. Pour passer de la tranche de silicium au composant fini, il n’est pas rare de faire plusieurs fois le tour de la planète. Le challenge en termes de délais, de temps de réaction, de procédés technologiques est difficile à relever. Il faut entre 12 et 20 semaines pour fabriquer un composant électronique, alors qu’à l’autre bout de la chaîne, le temps de réaction du client final est de quelques jours. Entre les deux, beaucoup d’acteurs (assembleurs de cartes, intégrateurs de systèmes, canaux de vente), doivent s’adapter aux évolutions de la demande et se protéger des risques de pénurie, soit en constituant des stocks, soit en utilisant des dispositifs de communication adaptés. Notre dilemme : préserver nos marges ou préserver notre flux de trésorerie. Et ce qui complique encore davantage les choses, c’est qu’il existe différents facteurs à privilégier en fonction du client auquel nous nous adressons. Pour l’automobile, le facteur le plus important est la fiabilité, pour les télécoms, c’est la réactivité. Plus de 100 000 sociétés achètent des composants électroniques. De plus, les capacités de production sont peu flexibles : lorsque l’on décide de mettre en place de nouvelles capacités, elles ne peuvent être effectives que plusieurs semaines plus tard”, souligne Pascal Fernandez, président du SPDEI (syndicat de la distribution électronique) fraîchement élu lors de l’assemblée générale du syndicat le 11 juin.
Autre changement dans la gouvernance des syndicats membres d’APIE : Erci Fauxpoint, directeur délégué d’Anritsu France, a été élu président du Simtec, syndicat de la mesure et de l’instrumentation électronique. Alors qu’il venait de passer le flambeau à la présidence de l’organisation professionnelle, Benoît Neel a souligné que la naaoélectronique offre des perspectives particulièrement intéressantes pour la profession. “C’est le début d’une grande ère et tout reste à faire. Cela nous ouvre des opportunités de marché qui vont avoir une influence sur nos produits dans les 30 à 40 années qui viennent. Nous ne sommes qu’au début de l’essor des objets connectés. Or, les études de marché nous en promettent 50 miiliards d’ici 2020, et nous espérons qu’une part importante de ces objets connectés seront produits en France. Cela aura un impact sur le flot d’informations à traiter (big data), la fiabilité et la sécurité des données échangées. On parle aussi d’automobile autonome, laquelle donnera accès à de nouveaux services, par exemple des services de covoiturage”, a souligné Benoît Neel, à travers ces deux exemples d’opportunités futures, mais il en existe une multitude d’autres…
Mais comment saisir ces opportunités si les compétences en termes de fabrication électronique disparaissent ? Ce signal d’alarme, déjà tiré par APIE, notamment par Pierre-Jean Albrieux, président du GFIE, a de nouveau été évoqué, et c’est, semble-t-il le sujet de préoccupation le plus sensible de toute la chaîne des founisseurs de l’industrie électronique. “L’électronique et le numérique sont la clé de voûte de notre stratégie industrielle. Mais depuis quelques années, la stratégie fabless a fait des dégâts, notamment dans les filières de formation. Le bilan est catastrophique : les baccalauréats professionnels ne forment que des installateurs, le bac STI a été abrogé, le bac STI2D est généraliste, le BTS électronique n’inclut plus les enseignements liés à la production, le DUT mène très souvent au métier d’ingénieur. Enfin, dans les écoles d’ingénieurs, on n’enseigne plus la fabrication et la production électronique. Et au final, si elle n’est plus enseignée, la production électronique sera faite ailleurs. APIE demande que tous les enseignements en électronique comprennent le terme production ou fabrication dans leur intitulé ainsi que les enseignements qui s’y rapportent”, explique Pierre-Jean Albrieux.
Gérard Matheron, président d’Acsiel, est revenu quant à lui sur la réflexion stratégique de la filière. “Le gouvernement a posé la question du redressement industriel de la France. 34 plans de conquête ont été lancés. Au niveau de l’électronique, nous essayons d’être présents dans ceux qui représentent un enjeu. Cinq groupes de travail ont été constitués pour élaborer des propositions concrètes à l’attention des pouvoirs publics. Cette démarche est en cours dans les domaines de la mobilité ; des infrastructures énergétiques et numériques ; de la sécurité et de la confiance numérique ; du batiment ; et des objects connectés. Nous ferons des propositions concrètes en mettant l’accent sur les priorités, notamment à propos des besoins de formation et de la concurrence. L’objectif est de créer davantage d’emplois en France. Par exemple, beaucoup de produits arrivent en Europe avec une étiquette CE. On dit aux importateurs qu’il faut mettre une étiquette CE, alors ils apposent cette étiquette, mais ensuite, nous n’avons pas les moyens au niveau des douanes de contrôler ces produits”, souligne Gérard Matheron.
La restitution des conclusions des groupes de travail est prévue le 25 novembre prochain.