Couverture ElectroniqueS n°127

La technologie du Français Coronis peut permettre à terme aux circuits Bluetooth de communiquer par liaison radio avec des équipements alimentés par piles et dotés d'une autonomie de plusieurs années. Reste à convaincre les promoteurs du standard d'avaliser la démarche ! Tel qu'il existe aujourd'hui, le standard de liaison radio courte portée Bluetooth n'est pas adapté aux contraintes des “ objets enfouis ”, appellation générique qui recouvre un ensemble disparate d'équipements la plupart du temps alimentés par piles et dotés d'une autonomie de plusieurs années. A cause de leur trop grande consommation, les circuits Bluetooth se voient en effet fermer les portes du marché des compteurs d'eau ou d'énergie, des capteurs industriels, des petits systèmes de médicalisation à domicile et des équipements domotiques pour le confort ou la sécurité dans l'habitat. Un marché pourtant à la recherche désespérée de solutions de communication radio faible coût, bas débit et… normalisées. Il suffit pour s'en convaincre de mesurer l'intérêt suscité par l'émergence d'une technologie comme ZigBee. Bluetooth, toutefois, est loin d'avoir dit son dernier mot. Il y a quelques mois, Ericsson, fervent supporter de ce standard, a en effet lancé l'idée d'en développer une version light (voir notre numéro du 1er septembre 2003). Mais une telle extension n'est plus à inventer… car elle existe déjà ! C'est tout du moins l'avis de Coronis Systems. Cette jeune société française a élaboré sous le nom de Wavenis une technologie radio pour équipements autoalimentés qui nécessitent des transmissions fiables à bas débit (32 kbit/s en moyenne) et à très faible consommation (moins de 15 µA) (voir notre numéro du 22 février 2001). Une technologie qui, en un peu plus de deux ans, a largement fait ses preuves sur le terrain : plus de 75000 produits dotés d'une liaison Wavenis ont d'ores et déjà été installés dont 20 % hors de l'Hexagone et plus de 200000 sont en cours de commande.Wavenis : un prolongement naturel de Bluetooth ?« Nous considérons notre approche comme un prolongement naturel de Bluetooth vers les objets enfouis, explique Olivier Guilbaud, p-dg de Coronis. Les deux technologies sont similaires dans leur principe, et il est tout à fait envisageable à terme, moyennant un réaménagement du mode de modulation et sans hausser le coût de la puce, qu'un circuit front-end radio Bluetooth puisse aussi communiquer avec des équipements Wavenis. » Dans ces conditions, un assistant personnel équipé d'une liaison Bluetooth pourra effectuer sans problème des opérations de maintenance ou des relevés de télémétrie sur des équipements enfouis distants, tandis qu'un radiotéléphone avec interface Bluetooth pourra, pour sa part, contrôler et gérer des capteurs d'alarmes, des équipements domotiques ou des capteurs biomédicaux. « Forts d'une expérience sur le terrain qui a crédibilisé notre démarche, nous souhaitons désormais que le groupement d'intérêt spécifique Bluetooth, dont nous sommes membres depuis l'année dernière et qui réflichit à la problématique “ low power ”, reconnaisse nos travaux », souligne Olivier Guilbaud. Dans cette perspective, Coronis a déjà réalisé des simulations fonctionnelles d'un circuit radio Bluetooth/Wavenis, simulations qui ont été validées par l'un des laboratoires du CNRS. En attendant les résultats des cogitations du Bluetooth SIG, Coronis commercialise aujourd'hui sa technologie sous diverses formes. La société propose à la fois des modules OEM Wavenis pour intégration dans des produits finis, une gamme de boîtiers radio externes, ainsi que des concentrateurs capables de collecter et de transférer des données entre un réseau d'équipements Wavenis et un serveur distant via des liaisons télécoms longues distances (GSM, ADSL ou RTC). Depuis la fin 2002, tous ces produits intègrent un circuit front-end radio développé par le Français, Asic dont le design et les couches protocolaires associées sont également disponibles sous licence(*). « Aujourd'hui, 90 % des applications Wavenis utilisent la bande européenne des 868MHz, bande dont l'élargissement est prévu dans les mois qui viennent », précise M. Guilbaud. La société, dont l'effectif s'élève actuellement à 35 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires cumulé de 2,5 M euros depuis sa création (3,5 M euros prévus sur l'année fiscale en cours), dont la moitié sur le marché de la télérelève de compteurs d'eau et d'énergie. Voir notre lexique page 27.(*) Avec le concours d'Inventel, Coronis a déjà mis au point une architecture système qui fait cohabiter dans un même design un circuit front-end Bluetooth et l'Asic Wavenis.

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