Couverture ElectroniqueS n°127

STMicroelectronics a terminé l'année 2003 sur un chiffre d'affaires de 7 238 milliards de dollars, en progression de 15,6 % par rapport à 2002. A l'occasion de la présentation des résultats, Alain Dutheil, vice-président responsable de la planification stratégique du groupe franco-italien, a bien voulu répondre à nos questions. En quoi consiste le changement de modèle économique dont certains journaux se sont fait l'écho ?Nous n'avons pas changé de modèle économique mais nous avons indiqué lors de l'annonce des résultats de nos précédents trimestres notre intention d'étendre notre base de clients. Jusqu'à présent l'essentiel de notre chiffre d'affaires était réalisé avec 30 clients considérés comme les plus stratégiques et nous avions peut-être un peu tendance à négliger les autres. Nous avons donc mis en place un programme de marketing et de support application visant à accélérer la croissance de notre chiffre d'affaires en offrant notre vaste gamme de produits et de technologies à un plus grand nombre de clients. Le but n'est pas tant de trouver de nouveaux types de clients que des clients de tailles différentes. Ce programme a commencé à porter ses fruits au quatrième trimestre, durant lequel les ventes de nos groupes produits standards (DSG et MPG) ont fortement progressé séquentiellement (respectivement +15,9 % et +30,4 %). Il s'agit là de produits qui pour le moment ont de plus faibles marges, ce qui a pu avoir une influence sur notre marge brute du quatrième trimestre, mais tout devrait rapidement rentrer dans l'ordre. Cet élargissement ne devrait pas impacter durablement nos résultats.Comment expliquez-vous la légère baisse de votre bénéfice net en 2003 ?Cette baisse est essentiellement imputable aux provisions pour restructurations et fermetures d'usines. Hors provisions, notre bénéfice net aurait été sensiblement le même qu'en 2002. Cela dit, l'année 2003 a été difficile pour tout le monde avec des pressions persistantes sur les prix, et nous avons légèrement diminué notre marge brute. En raison surtout de la baisse du dollar par rapport à l'euro alors qu'une grande partie de nos coûts est située dans la zone euro.Quels seront les montants de vos investissements en 2004 ?Nous n'annonçons pas de chiffre précis concernant la R&D mais nous devrions continuer d'y consacrer entre 15 % et 17 % de notre chiffre d'affaires cette année, comme en 2003. Autrement dit, nos dépenses de R&D vont augmenter régulièrement tout au long de l'année.Concernant les investissements matériels, nous avons prévu 1,6 milliard de dollars pour nos unités de production en technologie Cmos 0,18 µm et moins, ce qui correspond à une augmentation de plus de 30 % par rapport à 2003. Ces investissements iront donc surtout dans nos usines de Crolles II, Rousset et Singapour. Une partie sera également consacrée à la nouvelle usine de Catane.Où en est Crolles II ?Tout se passe bien. Nous y avons lancé une production en Cmos 0,12 µm sur tranches de 300 mm et nous commençons à sortir des produits en technologie Cmos 90 nm. Concernant les volumes de production, nous sommes à mi-chemin de notre première étape, qui est de produire 1 400 tranches de 300 mm par semaine à se partager entre les trois partenaires de l'opération.Quelles sont vos prévisions pour 2004 ?Nous avons connu une très forte croissance au quatrième trimestre, tant au niveau des ventes que des prises de commandes, notamment dans les secteurs de la téléphonie cellulaire, de l'automobile, de la carte à puce, du stockage de données, des applications grand public (alliées à la télévision numérique) ainsi que dans certaines applications industrielles très demandeuses de nos circuits analogiques de hautes performances. Les prix se stabilisent. Bref, la visibilité est bien meilleure qu'au début de l'année dernière. Le ralentissement saisonnier habituel semble moins marqué que d'habitude et nous prévoyons donc un premier trimestre seulement en très légère baisse, voire sensiblement égal au précédent. Nous avons aussi quelques raisons d'être optimistes pour le reste de l'année 2004. Nous sommes en effet dans une situation très proche de l'équilibre entre l'offre et la demande, et l'environnement prix devrait être beaucoup plus favorable à notre industrie.Nos capacités de production ont tourné en moyenne à 80 % de leur capacité au quatrième trimestre (87 % pour les usines 200 mm, un peu moins pour les autres), ce qui nous laisse de la marge pour progresser. Pour nous, le bon niveau de saturation des usines se situe autour de 85 %, mais nous pouvons aller jusqu'à 90 %. Au-dessus, il est clair que nous pourrions rencontrer des problèmes de services vis-à-vis de nos clients.

Cinq questions à Alain Dutheil, vice-président de STMicroelectronics

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