Couverture ElectroniqueS n°127

A l'occasion de l'annonce des résultats du deuxième trimestre 2004, Benoît Neel, nouveau vice-président de l'activité Test & Mesure pour l'EMEA chez Agilent Technologies, revient pour nous sur la santé actuelle et sur la ligne directrice de la société, après des mois difficiles. Entre les réductions de personnel, le recul des marchés de l'ATE et de l'instrumentation électronique, la baisse volontaire des salaires, la vente de certaines lignes de produits, comment se porte aujourd'hui Agilent Technologies ? Je ne peux cacher que la période comprise entre fin 2000 et l'année 2003 fut très difficile pour nous en raison du contexte économique défavorable. Notre chiffre d'affaires est en effet passé de 12,8 milliards de dollars à seulement 6,1 milliards de dollars en 2003 et nous avons dû engager différentes actions pour rétablir la situation (réduction d'effectifs, strict contrôle des dépenses, consolidation de nos centres de production, mise en place de systèmes ERP, externalisations). Mais cette période est terminée. Tous ces efforts ont porté leurs fruits : nous venons de clore fin avril le deuxième trimestre de notre exercice fiscal 2004 au-delà de l'attente du marché. Nous avons dégagé des bénéfices pour le troisième trimestre consécutif et notre chiffre d'affaires a augmenté de 24 % par rapport à l'année dernière. Parallèlement, la situation sur certains marchés s'est grandement améliorée. La demande en systèmes de test (ATE) pour l'industrie des semi-conducteurs continue d'être très forte, tandis que la prise de commandes sur notre activité Test & Mesure a augmenté de 23 % par rapport au deuxième trimestre de l'année dernière. A côté des équipements de test ATE, qui ont représenté 13 % de notre chiffre d'affaires en 2003, Agilent Technologies (environ 28 000 personnes dont 300 en France) est également présent dans trois autres grands secteurs, le test et la mesure électronique (41 %), les semi-conducteurs (26 %), les sciences de la vie et l'analyse chimique (20 %). Quels vont être vos principaux axes de développement à l'avenir ? C'est en fait le marché du sans-fil qui va être “ Le ” marché porteur du test et de la mesure pour les dix prochaines années. Je ne mentionnerai que trois exemples. 1,4 milliard de personnes possèdent un abonnement de téléphonie mobile, mais cela ne représente qu'un quart seulement du marché potentiel. Un point WLAN s'ouvre dans le monde chaque minute et 10 millions de minimessages (SMS) sont échangés toutes les quinze minutes. Alors, entre le passage de l'analogique au numérique, le besoin constant de hauts débits (TV sur les téléphones portables, par exemple), la 4G et la RFID, les applications ne manqueront pas dans lesquelles les instruments et les systèmes de test auront forcément une (très) grande place. Le sans-fil représente déjà 40 % de notre chiffre d'affaires, toutes activités confondues, et aujourd'hui 70 % des téléphones portables produits dans le monde sont testés sur du matériel Agilent Technologies. En dépit des dernières années difficiles, nous avons maintenu notre investissement en R&D. Cela nous a permis de renouveler entièrement nos gammes de produit RF & hyperfréquences, mais aussi en oscilloscopie et en analyse logique, ce qui nous a permis de prendre des parts de marché à nos concurrents Tektronix et LeCroy. Comment voyez-vous l'évolution du marché européen, et, en particulier, celle du marché français ? La notion de pays est devenue obsolète. Je parlerai donc plutôt de la notion d'innovation, comme il y a plusieurs années avec les projets Airbus ou TGV. Les marchés de volume en test et mesure ayant disparu en Europe, seuls les pouvoirs d'innovation, de recherche et de décision restent et permettront de “ sortir de la crise par le haut ”. La France doit donc s'appuyer sur son innovation, c'est-à-dire sur son réseau de compétences, sur sa recherche publique et privée et sur de grands programmes fédérateurs. L'exemple type de cette innovation est la collaboration que nous avons, dans le domaine des nanotechnologies, entre le CEA-Léti, Minatec et les grands acteurs des semi-conducteurs (STMicroelectronics, Infineon), à laquelle il faut ajouter les différents financements étatiques et européens. Ces centres de compétences sont, pour nous, fournisseurs d'équipements de test et de mesure, des clients à fort potentiel. Il en existe d'autres : les sociétés qui ne font que de la conception, les universités et les grandes écoles, ainsi que l'aéronautique-défense, l'automobile, pour lesquels le pouvoir de décision est toujours important en France. Voir notre numéro du 15 avril.

« Le marché du sans-fil sera “ Le ” marché porteur du test et de la mesure »

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