Couverture ElectroniqueS n°127

Traditionnel lieu de rencontre des utilisateurs, fournisseurs d'outils ou de composants et laboratoires de recherche de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le salon Same est aussi devenu une vitrine pour les jeunes sociétés européennes du secteur de la CAO électronique. La dixième édition du salon Same s'est déroulée les 3 et 4 octobre dernier à Sophia Antipolis au sein des locaux d'Espaces Antipolis. Organisé comme chaque année par l'association Same avec le soutien de la chambre de commerce et d'industrie de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, ce salon centré sur la conception électronique est désormais un rendez-vous automnal traditionnel de la profession. C'est aussi un reflet de l'activité de la communauté des développeurs implantée dans la région, communauté traversée par des interrogations légitimes sur l'avenir des équipes de conception en Europe.A ce sujet, lors de la présentation inaugurale de la manifestation, Jean-Philippe Dauvin, chef économiste émérite chez STMicro-electronics, notait que « si le marché européen pour les ventes de semiconducteurs ne représente que 19 % des ventes mondiales, 45 % de l'ensemble des designs pour les téléphones, les équipements sans fil, les applications automobiles et les appareils grand public sont en revanche réalisés en Europe. De plus, on estime que moins de 10 % des nouveaux designs sont actuellement réalisés au sein des pays émergents ». Il ne faut donc pas désespérer, à condition « que l'industrie électronique soit plus réactive et plus innovante qu'à l'heure actuelle, car son taux de croissance moyen pour les cinq prochaines années devrait être seulement de 6,6 %, en raison essentiellement de la montée en puissance des produits à très bas coûts destiné aux pays émergents ». Pourtant, dans le même temps, la demande des utilisateurs est de plus en plus forte pour disposer de multiples fonctionnalités sur leurs appareils électroniques. Pour répondre à cette demande d'un usage « social » des systèmes électroniques, Jean-Philippe Dauvin plaide pour que, dans le futur, « les grands fabricants de semiconducteurs s'intéressent davantage à l'utilisation des circuits qu'ils conçoivent plutôt que de se focaliser sur leur fabrication ».En attendant, la préoccupation première dans la région Paca est de défendre concrètement l'emploi au niveau local. Cette année, la bonne nouvelle venait de NXP annonçant le renforcement de ses équipes qui, localement, représentent d'ores et déjà 350 personnes. La mauvaise venait de STMicroelectronics qui a décidé de supprimer une équipe de développement, forte de 35 ingénieurs, centrée sur la conception de circuits pour les infrastructures fixes de réseaux pour mobiles.Une bonne visibilité pour les jeunes poussesUn des intérêts majeur de Same est aussi de pouvoir découvrir de jeunes sociétés du domaine de la CAO ou des IP, sélectionnées par les organisateurs. Cette année, ces derniers avaient décidé de remettre un prix spécial à la start-up jugée la plus innovante et la plus prometteuse en termes de développement. C'est la société suédoise AnSyn qui a remporté les suffrages du jury (*).Emanation de l'université de Linköping, en Suède, Ansyn, fondée en 2006, propose avec ses logiciels Analog Dimensions et EqSim une solution d'optimisation de la conception des circuits analogiques. Celle-ci intègre notamment un mécanisme de recherche de la topologie la plus performante pour une fonction donnée (filtre, amplificateur…), un mécanisme d'exploration du compromis surface/performances pour plusieurs topologies possibles, ainsi qu'une technologie d'optimisation nécessaire pour garantir un bon rendement en fabrication (en tenant compte des variabilités du process). L'ensemble permet d'automatiser en partie un flot de conception analogique et de réduire fortement les temps de design (d'un facteur six dans le cas particulier du design d'un filtre ADSL, selon AnSyn). Au c&oelig;ur de la solution se trouve le simulateur EqSim qui offre des performances beaucoup plus élevées qu'un simulateur traditionnel, tout en gardant un haut niveau de précision. Pour y parvenir, EqSim travaille sur un jeu d'équations symboliques généré automatiquement à partir de l'analyse de la schématique du circuit.Remarquée aussi par le jury, la société française Docea Power, basée à Grenoble, présentait de son côté ses solutions d'analyse de consommation et de dissipation de chaleur d'une conception, au niveau système. Fondée en 2005 par Ghislain et Sylvain Kaiser, la société propose avec sa technologie ACE (Advanced calculation engine) une double modélisation d'un circuit : un modèle capacitif et résistif pour l'analyse du comportement thermique du composant, un modèle à base de machines d'états pour l'analyse de la consommation estimée. Ces deux types de modèles sont ensuite simulés de manière conjointe et itérative par un moteur de calcul spécifique, qui délivre à l'utilisateur les graphes de l'activité thermique et de la consommation du circuit étudié. Un des apports de la technologie est de lier ces deux notions qui, dans les circuits à 65 nm et en deçà, sont étroitement corrélées. A noter que ces modèles hiérarchiques s'appliquent aussi bien à des blocs matériels, numériques ou analogiques, qu'à des processeurs, des blocs mémoire ou même des SoC complets. Intégrée dans l'outil ACEplorer, cette technologie permet in fine d'utiliser un modèle thermique et de consommation, élaboré très tôt dans le flot conception et de manière distincte du modèle fonctionnel du circuit, pour différents besoins : validation d'un bloc au sein d'une plate-forme virtuelle, analyse des logiciels de gestion de consommation…Trois autres jeunes sociétés françaises, Heedsoft, Satin IPTechnologies et CWS étaient également présentes sur le salon. La première, créée en 2006 par d'ex-ingénieurs de TransEDA, délivre une technologie d'abstraction du niveau transistor d'un circuit, capable de fournir un modèle logique équivalent en Verilog ou VHDL. L'objectif, avec son outil Improve-TLL, étant d'obtenir des temps de simulation beaucoup plus courts et donc une validation fonctionnelle du design plus rapide qu'avec une simulation Spice traditionnelle. Satin IP, société créée et dirigée depuis 2006 par Michel Tabusse, propose, avec VIP Lane un environnement d'assistance au développement de blocs de propriété intellectuelle dans une entreprise. L'objectif ici est de fournir un cadre structurant pour le process de développement d'une IP, afin d'améliorer la qualité de la conception et d'avoir une meilleure maîtrise de la réutilisabilité et de la traçabilité des blocs IP.Enfin, CWS (Coupling Wave Solution), créée en 2004 par des ex-ingénieurs de Simplex (racheté en 2002 par Cadence), présentait ses technologies d'analyse de l'intégrité des signaux analogique (Electronique n° 181, p. 19). L'objectif étant, notamment, de fournir des modèles facilitant l'intégration de blocs RF ou analogique au sein de SoC à dominante numérique.Enfin, côté récompense, signalons que la meilleure communication technique est revenue cette année à Martin Kucera et Thierry Melly du CSEM (Centre suisse d'électronique et de microtechnique) pour la description de la conception d'un convertisseur analogique-numérique 1,2 V, 16 MHz fonctionnant dans le domaine des phases.(*) Le jury était constitué de membres de sociétés du semiconducteur et d'éditeurs de logiciels, ainsi que d'un représentant de la presse spécialisée (l'auteur de ces lignes).

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