Couverture ElectroniqueS n°127

Plusieurs décisions prises par les ténors japonais de la visualisation vont profondément modifier le paysage de cette industrie avec, côté LCD, l'espoir de rattraper le retard sur Coréens et Taïwanais. Depuis quelques semaines, un vent de folie souffle sur l'industrie de la visualisation au pays du Soleil Levant. Plusieurs décisions de prime importance ont été annoncées par les principaux acteurs japonais de la visualisation, décisions qui devraient remodeler en profondeur l'industrie nipponne des écrans plats et influer à terme sur le secteur à l'échelle mondiale. L'annonce la plus symbolique revient à Sony qui a indiqué son intention d'arrêter la production de tubes cathodiques dès la fin du mois de mars, mettant ainsi un point final à une aventure de près de 50 ans. Depuis son alliance avec Samsung en 2004 au sein d'une société commune, S-LCD, détenue à parité et disposant de deux usines implantées en Corée du Sud (l'une de génération 7, l'autre de génération 8), Sony axe sa stratégie sur les LCD-TFT très grands formats pour téléviseurs, ainsi que sur les écrans Oled à matrice active grâce, cette fois, à un développement interne. Accord Sony-Sharp : le mariage Sony-Samsung en péril ?Si la décision de Sony d'arrêter les CRT n'est pas étonnante, le Japonais a créé la surprise cette semaine en signant un accord avec son compatriote Sharp en vue de la création d'une société commune en LCD-TFT très grands formats dédiée aux téléviseurs. Selon les termes de cette alliance, Sony prendra une participation de 34 % dans la société qui aura en charge l'usine de génération 10 que Sharp avait au départ prévu de construire seul et dont la mise en service est prévue pour 2010. Ce dernier conservera 66 % du capital de la société dont le nom n'a pas encore été choisi. Sony, qui compte ainsi renforcer et sécuriser son approvisionnement en LCD-TFT pour téléviseurs, devrait débourser 925 millions de dollars dans l'aventure, un chiffre qui n'a pas été confirmé. Face à la « bigamie » de son partenaire nippon et à ce qui ressemble fort à une alliance japonaise pour contrer l'offensive coréenne et taïwanaise sur le créneau des LCD-TFT pour téléviseurs, l'éventuelle réaction de Samsung pourrait impacter fortement le panorama de l'industrie des LCD-TFT dans les années à venir. Mais, alors que tous les experts du secteur s'adonnent au petit jeu des pronostics (une rupture avec Sony et un partenariat avec LG Displays, ex-LG. Philips LCD, semblent remporter les suffrages des parieurs), il est encore trop tôt pour tirer des enseignements de cette décision, d'autant que des rumeurs font état d'un possible nouvel investissement commun de Sony et Samsung. Par ailleurs, en toute fin d'année 2007, Matsushita, Hitachi et Canon ont signé un accord commun concernant leurs activités en LCD-TFT, accord dont les conséquences à long terme pourraient se résumer selon le triptyque suivant : Matsushita devient l'un des grands noms des LCD-TFT grands formats, Canon devient un acteur majeur des petits LCD-TFT et Hitachi abandonne son activité en LCD-TFT. La première phase de cet accord tripartite prévoit que, d'ici au 31 mars 2008, Matsushita et Canon acquièrent chacun 24,9 % des parts de Hitachi Displays, actuellement filiale à 100 % du groupe Hitachi spécialisée dans les LCD petits et moyens formats, qui resterait donc dans un premier temps majoritairement sous la coupe du groupe Hitachi (50,2 %). La première étape prévoit également que Matsushita rachète, toujours à échéance du 31 mars prochain, les 15 % que Toshiba possède dans IPS Alpha Technology, une entreprise produisant des LCD-TFT grands formats et détenue aujourd'hui par Hitachi (50 %), Matsushita (30 %) et Toshiba (15 %). Dans une seconde phase dont l'échéancier n'a pas encore été arrêté, Hitachi Displays passera sous le contrôle de Canon et IPS Alpha Technology deviendra une filiale de Matsushita, Hitachi se désengageant ainsi des LCD-TFT en cédant presque toutes les parts qu'il détient dans les deux sociétés. Canon, lui, sécuriserait un approvisionnement stable en LCD-TFT de moins de 10 pouces, dont il est un très gros consommateur, et ferait main basse sur l'expertise de Hitachi Displays en écrans Oled, une technologie d'avenir pour les petits et moyens formats. Quant à Matsushita, il deviendrait l'un des seuls fabricants d'écrans plats au monde à produire en interne à la fois des écrans plasma et des LCD-TFT grands formats, au même titre que les coréens Samsung et LG Electronics, et se hisserait ainsi au niveau des meilleurs sur les deux tableaux. D'ailleurs, le Japonais vient d'annoncer qu'il allait investir dans le cadre de IPS Alpha Technology, 300 milliards de yens (2,8 milliards de dollars) dans une usine de LCD-TFT de génération 8 dont la construction devrait débuter en août prochain. Sa mise en service est prévue pour janvier 2010. Signalons enfin que, selon certains médias asiatiques, Pioneer pourrait arrêter la production d'écrans plasma dès cette année et chercherait à s'approvisionner auprès d'un des grands noms du secteur. A suivre…

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